Venezuela, la photo scandale !

par arretsurlesmots
vendredi 4 avril 2008

Elle semble anodine, voire être une bonne blague de potache et, pourtant, elle suscite la colère de Caracas. Certains dirigeants aiment à se montrer à Disneyland, d’autres ne supportent pas d’être ridiculisés par deux cercles noirs qui leur donnent une tête de Mickey.

Les médias « chavistes » se sont unis pour décrier les méthodes de l’agence Reuters qu’ils accusent de vouloir décrédibiliser le président Hugo Chávez. « L’agence internationale d’information a publié cette photo dans le seul but de se moquer de l’image de notre président », entendait-on sur les ondes de Radio Mundial.

Les déclarations les plus impressionnantes sont à lire sur le site progouvernemental aporrea.org. On y apprend que cette photo - prise lors de la dernière visite d’Hugo Chavez au Brésil - a été intentionnelle, que Reuters avait prévu le coup notamment en se renseignant directement auprès du Pentagone !

Dans cet article, titré : « Reuters continúa irrespeto sistemático hacia presidentes latinoamericanos » [Reuters continue à présenter un irrespect systématique aux présidents d’Amérique latine], le journaliste note que l’agence a essayé de faire en sorte que cette photo soit vue par le maximum de personnes, elle a été distribuée aux journalistes au Brésil et a notamment été visible pendant plusieurs jours sur le site Yahoo News et sur 20 minutas avec le titre « Hugo Chávez et ses oreilles ».

Pour enfoncer le clou, le journalisme chaviste ne mâche pas ses mots, il parle de terrorisme médiatique ! Il enquête ensuite sur Reuters et nous apprend que tout avait été fait pour qu’aucun actionnaire ne puisse posséder plus de 15 % du capital de l’agence d’information. Cette règle devait garantir la neutralité des informations données. Oui, mais, voilà, en mai 2007, la société Thomson a contourné la règle et est devenue propriétaire de 53 % de Reuters. Pis encore, l’autre actionnaire important de cette agence est Rupport Murdoch, le mania de la presse conservatrice, patron d’une chaîne comme Fox News. Sous l’impact de ces deux actionnaires, moins de 10 % des revenus de Reuters sont liés à l’information, tout le reste vient des analyses financières du Down Jones ce qui fait de Reuters « un des principaux rouages de l’économie capitaliste et spéculative états-unienne ».

Le reste de l’article est du même ton, en conclusion, le journaliste parle de « hasard » en n’oubliant pas de mettre le mot entre guillemets, hasard qui comme d’habitude cherche à décrédibiliser l’Amérique latine... Comme toujours, Hugo Chavez ne manque pas une occasion d’afficher son hostilité envers l’administration des États-Unis et son « impérialisme ». C’est le trait dominant de la politique étrangère du gouvernement vénézuélien depuis 1998. Le gouvernement américain a été accusé de comploter pour perpétuer l’hégémonie de son pays en Amérique latine et, pour y arriver, de vouloir renverser le gouvernement Chávez (voir notamment cet article du Nouvel Observateur). Rappelons aussi que le 13 septembre 2006, il exprime publiquement ses doutes portant sur la version du gouvernement américain des attentats du 11-Septembre en s’interrogeant sur un possible dynamitage des tours jumelles et l’usage d’un missile pour frapper le Pentagone. Il soutiendra publiquement les thèses de Thierry Meyssan et, une semaine plus tard, le 20 septembre 2006, lors d’un discours à l’assemblée générale de l’ONU, il qualifiera le président américain de « menteur » de « tyran » et de « diable ». Rien de bien surprenant donc dans cette affaire d’oreilles de Mickey...


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