Y a que la paille qui m’aille !

par olivier cabanel
mardi 20 mai 2014

On se souvient de la maison des 3 petits cochons, dont la première maison, de paille, n’avait pas résisté longtemps à l’appétit d’un loup affamé… il faudra laisser cette histoire à la légende, car les maisons de paille qui fleurissent un peu partout aux 4 coins du pays sont autrement plus résistantes, et pas seulement…

Pour rester dans l’actualité, la paille, nous y sommes tous…sur la paille ! les grecs, les portugais, les italiens, tant d’autres, et les français bien sur, et il serait intéressant de se poser la question.

Cette dette mondiale dont les américains et les japonais sont les champions, ne semble pas inquiéter ces derniers, alors que nos gouvernements européens s'en servent d'argument pour ponctionner les classes moyennes, et les plus pauvres.

Mais oublions cette incohérence, et interrogeons nous sur le construction en paille.

Ce sont les pionniers américains qui ont, semble-t-il étés les premiers à construire des maisons de paille, des qu’ils eurent inventés les machines qui permettaient de compresser des ballots.

Ces maisons étaient prévues pour être provisoires, mais aujourd’hui encore, il en existe aux Etats Unis qui ont un bon siècle d’existence et qui sont en parfaite santé.

Mais on trouve des maisons de paille en Europe, la plus ancienne connue datant de 1929.

L’époque semble idéale pour ce genre d’habitation, puisque, la crise aidant, l’habitat étant de plus en plus cher, et les logements de plus en plus difficiles à trouver, il fallait trouver un moyen rationnel, bon marché, simple à construire, avec un bon rendement thermique, et phonique, et surtout pas cher...pour les ballots compressés que nous sommes.

A ce jour, 1500 bâtiments en botte de paille ont déjà été dénombrés, grâce à des auto-constructeurs imaginatifs, et débrouillards, et à un prix intéressant puisqu’il faut compter environ 115 000 euros pour permettre l’édification d’une maison en paille de 120 mètres². lien

En effet, si on le compare ce prix avec celui d’une maison traditionnelle de même dimension, estimée à 1250 € le m², la différence est appréciable, (35 000 €) surtout si l’on tient compte du fait que la maison de paille peut se vanter de ses performances thermiques et phoniques.

Pour s’en convaincre, il suffit de comparer le prix des matériaux isolants traditionnels avec celui de la paille : le prix d’un ballot de paille se négocie entre 0,5 et 1,5 €, soit un maximum de 1 à 2 € la botte livrée, ce qui met le m² d’isolant entre 2 et 4 €…soit entre 5 et 10 fois moins cher que les isolants conventionnels.

De plus, alors que les maisons traditionnelles ont généralement un coefficient thermique de 1,5, les maisons en paille ont un coefficient thermique quasi du double. lien

Pour espérer le même rendement, une maison construite en agglomérés devrait avoir une isolation en laine de verre épaisse de 25 cm.

Question isolation phonique, elle est si performante que plusieurs studios d’enregistrement aux USA, et ailleurs, sont construits en botte de paille. lien

Une autre idée très répandue est que ces maisons de paille seraient beaucoup plus sensibles au risque d’incendie, ce qui est faux.

Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler que pour que « quelque chose brule » il faut de l’oxygène.

Or la botte de paille qui est, rappelons le, très compressée, brule beaucoup plus difficilement. lien

D’ailleurs en Allemagne, (et ailleurs) des murs de paille ont été soumis à des expérimentations pour voir comment ils se comportaient en présence d’un feu, et ceux-ci ont démontré l’excellente résistance aux incendies des maisons de paille.

Un « essai incendie » réalisé en France en 2010 par le CSTB (centre scientifique et technique du bâtiment) sur une paroi en caisson isolé avec des bottes de paille a permis de démontrer que la paille peut satisfaire le règlement de sécurité contre l’incendie relatif aux établissements recevant du public. lien.

Autre idée reçue, la paille pourrit avec le temps.

Privée d’air et d’humidité, la paille, tout comme le bois, peut durer quasi éternellement, ce qui induit le fait de s’assurer de la qualité de la paille livrée.

Bien sur, certaines précautions sont à prendre, comme prévoir un toit débordant largement, et une assise montée sur des fondations permettant d’éviter la montée de l’humidité dans la construction.

Certains, pour discréditer ce matériau étonnant qu’est la paille, évoquent le risque de prolifération de rongeurs, sauf que ces derniers se nourrissent de graines, et que normalement les ballots de paille en sont dépourvus.

Question construction, il faut tout de même préciser qu’il ne s’agit pas d’empiler simplement des bottes de paille, puis de poser un toit, avec quelques protections dessus, afin de pouvoir se mettre à l’abri, mais bien au contraire, d’imaginer une structure en bois, que les ballots de paille viendront emplir par la suite, lesquelles bottes, après un « rasage » seront recouvert d’enduit de terre…puis d’enduit de chaux, afin de protéger la paille de l’humidité.

Il est même possible de préparer un enduit fait d’argile, mélangé à du sable, et de la paille hachée, le tout étant malaxé avant d’être projeté sur les murs.

Le mélange idéal est d’une part de terre pour 3 parts de sable comme on peut le constater sur cette photo.

Puis il suffira ensuite de passer un enduit de chaux pour protéger l’argile de pluies violentes.

Il est même possible de monter une petite maison sans structure de bois, pour la construction par exemple d’une « baraque de jardin », d’une maisonnette, puisque la paille est autoportante.

Dans ce cas, on utilise des tiges de bambou pour rendre solidaire tous les ballots, ainsi que pour fixer les cadres des fenêtres.

Ce type de bâtiment peut être construit en deux jours…

Pour passer à l’acte, il y a plusieurs solutions, soit s’inscrire dans un des nombreux stages d’auto-construction de maison de paille, soit visionner ce documentaire très complet de moins de 45 minutes, soit les deux, avant de se lancer dans l’expérience.

Un stage a lieu régulièrement au mois de juillet en Charente, (lien), d’autres en juin, aout, (lien) septembre (lien) et surement ailleurs…lien

Les Rencontres de Printemps du RFCP (réseau français de la construction paille) auront lieu du 6 au 8 juin 2014 à Montargis. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « le monde à beau changer, le chat ne pondra jamais ».

L’image illustrant l’article vient de « habitat-alternatif.com »

Merci aux internautes de leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

Des sites pour la construction en paille sur ce lien

Sur celui là, celui là, celui là, ou celui là.

Articles anciens

L’architecture autrement

Au doux pays de l’autarcie

Mon village en Utopie

Ça sent le moisi

Changer de rêve

Des vacances enfin libres

Cent mille lieues sous les rêves

Margareth River, les premiers colons écolos


Lire l'article complet, et les commentaires