Commerce de proximité à Paris - suite 2
par Didier Vincent
dimanche 12 juin 2005
Suite des articles du 25 Mai et du 7 Juin.
Dans les problèmes rencontrés par les petits commerces, il est clair que les consommateurs portent une responsabilité. Il n’est pas question, bien entendu de reprocher quoique ce soit à personne, chacun restant libre de ce qu’il souhaite faire, mais il faut bien aussi dire que du comportement des consommateurs dépend la survie des petits commerces, c’est-à-dire de la vie dans les quartiers.
Deux aspects sont ici à regarder avec attention.
Le consommateur se préoccupe des prix et il faut bien reconnaître, personne ne le conteste, que les prix pratiqués par les petits commerçants sont plus élevés que ceux des grandes surfaces. Le petit commerce a donc joué le jeu de la qualité et de la proximité. Mais ce jeu ne fonctionne pas très bien. En effet, pour beaucoup d’articles, la qualité des produits proposée par les grandes surfaces, sans être équivalente à celle des petits commerces (quoique !), est acceptable par les consommateurs et donc l’effet prix joue à plein en défaveur du petit commerce. La question du pouvoir d’achat est donc essentielle.
L’aspect proximité quant à lui voit son effet largement atténué par les horaires d’ouverture des magasins, preuve en est le réel succès des petits épiciers souvent ouverts jusqu’à 22 ou 23h qui eux profitent pleinement de la proximité.
Alors pour le 9ème, il semble clair que la question du maintien des petits commerces passe aussi par un regard sur l’évolution de la composition sociologique de l’arrondissement. A partir du milieu des années 90, le 9ème a été frappé du phénomène général à la ville de Paris, à savoir le départ des classes dites populaires et l’arrivée d’une population plus aisée. En effet, dans ces années là, la différence de prix moyen au m² entre notre arrondissement et les arrondissements plus « bourgeois » comme le 7ème ou le 16ème était encore assez importante, permettant aux familles habitant dans ces arrondissements d’acquérir dans le 9ème des logements nettement plus grands à un prix encore abordable pour elles. Un phénomène de mode s’est ensuite créé, le niveau des taux d’intérêt aidant et la composition de la population pendant ces 10 dernières années a beaucoup changé. Cette nouvelle population au pouvoir d’achat important et aux comportements de consommation différents a clairement influencé la nature des commerces par une exigence de qualité mais surtout par une montée en gamme des produits et donc une montée des prix. Pour preuve, les installations relativement récentes de boutiques comme le Comptoir du Saumon, l’épicerie fine italienne ou de la pâtisserie Delmontel rue des Martyrs, et aussi les nombreuses boutiques de décoration de la maison comme la récente installation de Torany avenue Trudaine. A en croire les agences immobilières du quartier, le processus est loin d’être à sa fin.
A suivre.