À l’aube de la sixième extinction — Bruno David

par Catherine Perrin
mardi 30 mars 2021

La sixième extinction des espèces a commencé. Ce qui laisse entendre qu’il y en a eu d’autres avant, en quoi celle-ci diffère-t-elle des précédentes  ? En quoi est-elle plus préoccupante  ? Rien ne vaut un livre pour avoir une vision d’ensemble.

La biodiversité : une définition récente pour un concept ancien

«  Ainsi dans son acceptation actuelle, on peut dire que la biodiversité est le tissu vivant de la planète. Image intéressante, car elle évoque le lien entre les fils de ce tissu, c’est-à-dire entre individus, populations, espèces… Mais cette analogie doit être dépassée  ».

C’est effectivement la définition que j’avais en tête. En réalité, le concept est plus complexe et recouvre trois niveaux : biodiversité génétique (ensemble des gènes), biodiversité spécifique (ensemble des espèces) et biodiversité écosystémique (richesse des relations et des flux). Les questions qui se posent alors donnent le tournis. Bref, ce terme simple en apparence recouvre une multitude de concept.
Quel usage faisons-nous de la planète et de sa biodiversité  ?

La question énergétique
Me voilà en terrain connu :

«  On dépense de l’énergie et à chaque fois on aggrave le problème  »
«  Cela amène à se poser la question du mode de vie qui confine parfois au consumérisme  ».

La réponse peut paraître simple, mais elle ne l’est pas, d’abord parce qu’elle touche à nos libertés individuelles et ensuite parce que notre économie se fonde sur la croissance, en clair, consommer toujours plus.

L’impact des transports
Les infrastructures nécessaires et les moyens de transport (véhicules, bateaux, etc.) prennent beaucoup de place. Quelques chiffres : 1 % du territoire français est occupé par les routes. À cela s’ajoutent le réseau ferré, le transport maritime et les pistes et aires de circulation des avions. Ce qui contribue à la fragmentation des espaces et des populations. Les animaux, dont les déplacements sont perturbés, voyagent, mais si c’est impossible pour eux, leur patrimoine génétique s’affaiblit. L’auteur donne de multiples exemples de perturbations provoquées par les infrastructures de transports.
Et bien sûr, l’impact des transports dus aux émissions de gaz à effet de serre, mais pas seulement  ; un meilleur contrôle du salage des routes n’empêche pas le sel de finir dans les cours d’eau.

La question du logement
Le cycle de vie d’un bâtiment comprend quatre phases : la production du bâtiment (transport des matières premières inclus), la phase de construction, celle d’utilisation et celle de démolition (recyclage et traitement des déchets inclus). En France et en phase d’utilisation, les résidences représentent un peu plus de 20 % des effets de serre.

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Extrait

«  Depuis environ 35 millions d’années, la planète est entrée dans une période froide où des calottes glaciaires sont installées aux pôles. Le film du climat montre que ces périodes ont été assez exceptionnelles dans l’histoire de la Terre qui, pour l’essentiel, s’est déroulée dans des pôles libres de glace. Depuis le début de l’ère Primaire, seules trois périodes ont été suffisamment froides pour que des glaces s’installent aux pôles, trois périodes qualifiées de icehouse qui s’opposent aux périodes greenhouse. La première de ces périodes froides date de 450 millions d’années, à la fin de l’Ordovicien, et coïncide avec la première des cinq grandes crises  ; un autre épisode a lieu vers la fin du Carbonifère, il y a 290 millions d’années, puis vient la période amorcée depuis 35 millions d’années qui se poursuit aujourd’hui. On pourrait donc en conclure que le réchauffement actuel est anodin puisque la Terre a été le plus souvent beaucoup plus chaude que maintenant avec des taux de Co2 atmosphérique bien plus considérables.

Mais est-ce uniquement une question d’ampleur, plus chaud, plus froid  ? Car si le monde a été bien souvent plus chaud qu’il ne l’est aujourd’hui, il était également fort différent. Toute la biosphère était autre, adaptée aux conditions du moment. Au petit jeu de la rétrofiction, si nous étions téléportés dans une plaine côtière du Dévonien, je ne parierais pas sur nos chances de survie, et pas seulement du fait de quelques prédateurs, mais parce que, avec 10 fois le taux actuel de CO2, 25 % d’oxygène en moins, un climat extrêmement chaud et plutôt aride, nos fonctions physiologiques souffriraient. Nous ne serions pas adaptés à de telles conditions. La Terre a traversé des contextes très différents, mais pour chacun d’eux, l’évolution a permis à la vie de s’adapter, de s’ajuster aux conditions d’alors. Formulé autrement, nous nous sentons à l’aise sur Terre car le fonctionnement biologique de notre espèce a eu le temps, au fil d’une longue évolution depuis nos lointains ancêtres, de se caler sur les conditions ambiantes. À la lumière de ce constat, on prend conscience que les vitesses de changement sont cruciales, car depuis 35 millions d’années, la biosphère a eu le loisir de se transformer pour s’adapter à un climat frais avec de la glace aux pôles. Depuis quelques décennies, nous jouons avec le thermostat et provoquons des changements rapides que la vie a du mal à suivre. À quel point poussons-nous le curseur trop loin  ?  »
 

A l'aube de la sixième extinction


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