Jeanne d’Arc : vérités et légendes
par bozobe
mercredi 25 mars 2009
Jeanne d’Arc : vérités et légendes de Colette Beaune est un livre historique agréable, accessible, et plein d’humour sur un grand personnage, et féministe avant l’heure, de l’Histoire de France. J’ai lu ce livre en une bouchée, et vous le recommande vivement.
Pour les amateurs d’histoire de France, le dernier livre de Colette Beaune Jeanne d’Arc : vérités et légendes est un régal. Facile à comprendre, concis, parfois humoristique, ce livre nous apprend beaucoup sur la vie de Jeanne d’Arc et démêle les contrevérités qui se sont accumulées autour de son personnage. Voulant tordre le cou à l’adage de Winston Churchill « Les hommes trébuchent parfois sur la vérité, mais la plupart se redressent et passent vite leur chemin comme si rien ne leur était arrivé. », Colette Beaune démonte méticuleusement les mensonges associés à Jeanne d’Arc. Cette jeune femme, qui a mené des soldats français pour aider les Armagnacs dans leur lutte contre les Bourguignons, et qui est morte sur le bûcher après s’être fait prendre prisonnière, est devenue un symbole national à partir de 1871. À cette époque, elle est utilisée comme symbole national dans la guerre contre les Allemands.Déjà en son temps, elle avait généré une grande ferveur populaire et l’admiration à la cour.
De nombreux mensonges ont ensuite entaché son personnage historique. En même temps, plusieurs sources historiques nous permettent de connaître sa vie en détail. L’auteure nous replonge au sein de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons pour mettre au clair vérités et légendes :
- Jeanne d’Arc n’était pas bergère. La preuve est claire et nette : dans les minutes de son procès de 1431 qui ont été intégralement conservées, on peut lire qu’elle ne déclare pas être bergère. Ce « mythe » politique a été inventé par les Armagnacs, le camp auquel appartenait Jeanne d’Arc, pour donner plus d’aura à son personnage. Le statut de « berger » est un statut à forte connotation de héros protecteur du peuple, comme Jésus.
- Jeanne était une partisane de la guerre alors que la paix était plausible pour une grande partie de la population. Alors que le Traité de Troyes signé en 1420 entre Angleterre et France prévoyait une sortie de conflit pacifique, Jeanne faisait partie du camp qui voulait relancer la guerre civile, et renouer la guerre avec les Bourguignons (qui avaient le soutien des Anglais).
- Elle doit une partie de son succès à son flair pour la « communication politique ». Deux camps s’opposent en France pour savoir qui est roi. Jeanne convainc Charles VII de se faire sacrer Roi à Reims. La pratique n’avait pas été faite par Henri VI, l’autre prétendant au trône de France, car la cérémonie était jugée désuète. Or cette cérémonie permit à Charles VII de gagner en popularité auprès de la population française (même si parler de « France » à cette époque n’est pas très utile car le pays n’existait pas encore)
- Elle a un rôle militaire moins important qu’on le lui attribue aujourd’hui. Elle a pris la tête d’une partie de l’armée des Armagnacs lors des attaques contre plusieurs grandes villes, comme Orléans, mais n’a pas mené l’armée elle-même. Elle a aussi été désavouée en partie par le Roi : son rôle militaire a largement décrue après ses victoires initiales.
- Ce n’était ni une putain, ni une sorcière. Elle avait eu sa virginité attestée par des matrones, et plusieurs documents historiques le prouvent. Elle n’a pas été accusée d’être une sorcière. Les procès de sorcellerie ne débuteront en Europe qu’à la fin du XVe siècle, en Savoie, donc 50 ans après sa mort.
J’espère que ce petit résumé vous donnera envie de vous plonger dans ce joli livre d’histoire, et de découvrir un personnage historique complexe, ainsi que le travail et la plume agréable de l’historienne Colette Beaune.