La Bible « de Babylone » : une lecture faite dans l’esprit attribué à certains de ses auteurs, judéens de l’Exil
par JPCiron
vendredi 18 avril 2025
Nombre de versets de la Septante m'apparaissaient en contraste fondamental avec mes lointains souvenirs de catéchisme. Il était rassurant pour moi que cela ait été noté par des religieux, par exemple le Théologien et Pasteur Alexandre WESTPHAL, qui exprime sa perplexité :
« Car enfin, le propre de Jéhovah, dès son apparition, c'est de commander et de frapper impitoyablement quand il est désobéi. Étrange entrée en matière, pour une divinité sans états de service, qui cherche à se substituer aux vieux théraphim d'Israël. Si Jéhovah est un dieu d'emprunt, je ne m'explique ni les débuts de son culte, ni le zèle du patriote qui le prêche, ni la crédulité du peuple qui lui consacre des autels. »
Quelques politiques ont aussi identifié le besoin d'affronter et de traiter les implications politiques du problème. Sans cependant, me semble-t-il, qu'une réforme théologique ait été envisagée en profondeur par lesdits savants & chercheurs.
Par ailleurs, ces derniers ont daté les versets de la Septante, dont beaucoup ont été écrits ou modifiés à partir du temps de l'Exil à Babylone des seules élites Judéennes. Lesquelles ont eu là accès aux savoirs et traditions de civilisations antiques, dont ils ont su s'inspirer, sur quantité de sujets et d'aspects.
La vérité vous rendra libres (Jean 8:32) (photo JPCiron)
L'objet de cet article est d'exposer une synthèse 'compressée' de mon analyse, qui répond précisément, me semble-t-il, aux perplexité exprimées par le Pasteur Alexandre Westphal. Tous les détails, explications et références sont disponibles via le lien proposé en fin d'article.
Aux temps bibliques, la loi du dieu du vainqueur était imposée au vaincu. Avec la prise de contrôle des Perses sur l'empire babylonien, les règles changent : le vaincu peut conserver dans son pays la loi de ses dieux (expurgée des éléments incompatibles avec la loi du roi Perse). De la sorte, la loi de la province conquise par le roi Perse devient un sous-ensemble du cadre juridique de l'empire Perse. Les Perses ne pratiquant pas les déportations de populations, il leur était donc naturel de libérer les exilés, dont les judéens de Babylone.
La plupart de ces Judéens, intégrés, ont choisi de rester dans leur nouvelle patrie. Une minorité a perçu l'opportunité que constituaient ces nouvelles règles. En effet, les Judéens étaient appréciés à la Cour. Certains ont donc choisi de se préparer à un 'retour' dans la petite province Perse de Yehud. Avec en tête l'idée, dans une de Perse Achéménide faiblissante, de contrôler à terme bien plus que le petit territoire de Yehud. D'où la place essentielle du pays de Canaan dans les textes produits alors.
L'important était donc de structurer une Loi du dieu des judéens qui favorise la prise de pouvoir en Yehud des ex-exilés, dès leur arrivée en Yehud comme envoyés-représentants du roi Perse... Loi qui leur réserve aussi le pouvoir, pour la suite éventuelle.
Le texte biblique raconte que, dans cette contrée aux cultes variés, essentiellement Cananéens, le récit de la réforme qu'aurait envisagé/entrepris le roi Josias, juste avant l'exil des élites à Babylone, aurait alors dejà visé à ''prendre la main'' avec YHWH, au milieu de nombreux autres cultes. Ce choix étant validé, me semble-t-il, par le fait que ce dieu-là avait déjà été suivi autrefois (parmi d'autres divinités) du temps de Omri.
Peut-être les premiers ''Israélites'' furent-ils d'ailleurs issus de tribus Kénites/ Arabes (ref. Thomas Römer), venus à l'époque avec leur dieu YHWH (?) qui se serait ajouté aux dieux Cananéens, dont le Grand Dieu ''El'', qui donna son nom à Israël.
Pour nos Judéens, il restait donc à élaborer l'imaginaire (pseudo) religieux qui leur paverait la route pour leur Projet politique de 'retour' dominateur en Canaan. Cet imaginaire, constitué d'une douzaine d'éléments fondamentaux, mûris durant l'Exil à Babylone, a constitué le 'bras religieux' du 'coup politique' mis en oeuvre durant l'effondrement de la Perse Achéménide.
Pour ce faire, la rédaction de la Loi intègre-retouche les textes antérieurs, et privilégie les principaux axes suivants :
> En fin d'exil, ce dieu YHWH était alors toujours peu connu sur le terrain, au nord-ouest de la péninsule arabique (archéologie) (Bible Septante). Mais ils étaient cependant plusieurs de ce nom dans la région : certain ici avec épouse, là sans. L'autre avec aussi un fils. Il est alors affirmé qu'ils ne forment qu'un. Et, grâce à un habile stratagème, son unique 'maison' sera le temple de Jérusalem, au centre de Yehud ! L'avantage étant que, envoyés du roi Perse en Yehud, ce sont les ex-exilés qui fourniront les prêtres-prophètes. Ainsi que le satrape (Judéen) du roi Perse qui assurera la mise en œuvre et le respect de la Loi...
> Au moment du 'retour' en Yehud, YHWH serait néanmoins là une divinité perçue comme immigrée, venant ''du Sud'', ''sans états de service'' en Canaan. Les récits bibliques créditèrent donc YHWH d'exploits (fictifs) extraordinaires en Égypte, situés dans un passé lointain oublié des peuples (et absents des archives archéologiques).
> Après quoi, dans ce passé mythique lointain, le même récit raconte la (fictive) prise de possession violente de Canaan par le peuple Hébreu, après en avoir repoussé-massacré les habitants sur commandement du Dieu YHWH : une prise de possession (imaginaire) du territoire.
> Le récit raconte que YHWH prend la place de Baal au Temple (...de Baal ) où YHWH 'hérite' donc de Astarté, la parèdre de Baal. Le récit (symbolique) raconte l'égorgement de centaines de prophètes de Baal... Quelque temps plus tard, l 'idole d'Astarté sera sortie du Temple et brûlée. Et le Culte d'Astarté est bientôt interdit... (ref. Septante)
> Le concept fédérateur de peuple Hébreu avait été inséré dans le texte, conceptuellement installé dans les temps anciens d'avant la mémoire des peuples. Il s'agit d'une construction très structurée, géniale pour l'époque. La population-cible de Canaan était en fait d'une grande diversité d'origines et de croyances (réf Bible & archéologie). On affirme néanmoins que c'était là un seul peuple, le peuple Hébreu, qui aurait autrefois vénéré YHWH, mais qui s'en serait écarté pour d'autres divinités. Notons que le peuple Hébreu n'apparaît nulle part dans les archives des peuples et civilisations d'alors de la région. Et l'archéologie y confirme la constante prépondérance, dans le temps, des divinités Cananéennes. Tout comme le dit aussi la Bible Septante.
> Le texte suggère que YHWH était plus puissant que les dieux gigantesques des empires Égyptien, Babylonien et Assyrien ; d'ailleurs, le texte assure que c'était bien YHWH qui contrôlait le dieu assyrien Assur, et que c'est YHWH qui avait fait envoyer les Assyriens pour faire massacrer-violer-piller Son propre peuple en Samarie, et ainsi le punir de l'avoir autrefois abandonné. Note : les Assyriens firent réellement disparaître les dix tribus de Samarie (ref. e-talmud.com), remplacées par des tribus Arabes (ref. archives Assyriennes).
Le texte assure aussi que le roi Perse, oint par l'Esprit de Dieu, fit plus tard libérer les exilés à Babylone. Notons que, du côté des Babyloniens, vaincus par le roi Perse, leurs prophètes babyloniens assuraient eux aussi que leur dieu " Marduk a visité la totalité du pays et a vu celui qu'il cherchait pour être un roi juste, un roi d'après son propre coeur, qu'il guiderait par la main. Il a prononcé son nom : Cyrus d'Anchan, et il a désigné son nom pour la royauté sur tout." (R. Ghrisman - 1951)
> Des écrits religieux existaient dès avant l'exil, qui ne pouvaient être ignorés. Aussi, l'adjonction d'une généalogie ad-hoc écarta toutes les descendances ''indésirables'' ou gênantes pour le Projet politique. Y compris la mise hors jeu du peuple qui était resté ''dans les ruines'' en Judée après l'exil des élites. Deux 'articulations' généalogiques ont été intégrées avec Abram/Abraham et Jacob/Israël. Sur lesquelles, plus tard, les Chrétiens ont dû eux aussi travailler.
> Parallèlement, la gigantesque ''Terre Promise'' initialement mentionnée pour le peuple Hébreu s'ajuste géographiquement pour venir s'adapter à un 'retour' via la minuscule province Perse de Yehud.
La lecture-interprétation des textes, faites bien des siècles plus tard, par d'autres peuples d'autres confessions, leur fera prendre possession de terres promises de par le monde. Selon différentes modalités.
> Au temps de l'Exil à Babylone, le concept d'Au-delà était déjà présent, depuis des millénaires, chez tous les grands peuples de la région (lesquels étaient alors essentiellement d'expression non-sémitique). Les exilés se sont par ailleurs largement inspirés de ces peuples, sur d'autres sujets : ce sont les Sumériens, Perses, et Égyptiens. Les élites judéennes ont préféré rester sans Au-delà pour les textes de leur 'retour'. En effet, YHWH ne diffère pas ses châtiments : il frappe mortellement ceux qui désobéissent à ses commandements. Ce qui est en parfaite cohérence avec le Projet politique des futurs ex-exilés. D'autant plus qu'ils devenaient gardiens de la Loi et garants de son respect sur le terrain.
> En outre, pour plusieurs confessions, la combinaison des concepts de 'particularisme' (peuple saint, élu/choisi, doté d'une mission divine) et de 'Prochain', rendent le sort du non-prochain sans importance en présence d'un sentiment de péril existentiel, ou en vue de la réalisation d'une prophétie essentielle. Ces concepts correspondent en fait aux logiques de la cruelle ''guerre sainte'' des Assyriens.
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Le Pasteur et théologien A. Westphal soulignait le fait que la tant attendue rénovation théologique n'avait pas eu lieu. Ce qui me semble également fort regrettable.
Car, à mon sens, ces grands pans de textes politico-religieux, issus de l'imaginaire et nourris de non-vérités, ne sauraient être ''de Dieu'', et constituent donc des faux (Jean 14:6). Qui ont cependant été (et sont toujours) considérés comme parole divine par divers peuples de diverses confessions.
Tristement, les non-vérités, considérées comme vérités, ont entre-temps migré du champ (pseudo) religieux vers les Principes & Actions politiques (A. de Tocqueville) où ils ont pris racine. Et se sont perpétués au fil des siècles via différentes populations (de différentes confessions) (en différents lieux du monde), assis implicitement sur les mêmes sélections de textes de la Septante. Jusqu'à nos jours.
Mon sentiment est que ce 'vice' structurel ne peut que nuire au Spirituel et à l' Institution, dans le temps long. Outre à égarer les ouailles.
En effet, sans réforme/ rénovation, le pseudo-spirituel reste un faux, qui se transmutera en principes & actions politiques qui semblent dès lors moralement "acceptables". La non-réforme/rénovation est une lourde responsabilité.
Ce sont ces idées que j'ai essayé de présenter par le détail dans un article-essai (*) sans prétention littéraire, qui n'entend être qu'un brouillon de débroussaillage préliminaire du sujet de mon hypothèse.
JPCiron
Note : mes considérations apportent un éclairage différent, nouveau, constructif, sur des textes importants. Sans jamaix contredire ni contester les textes et décisions du Droit International.
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(*) - « Les FAUX en ÉCRITURES BIBLIQUES » siègent aux fondations de l’idéologie ’judéo-chrétienne’ » :
https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/les-faux-en-ecritures-bibliques-256958
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