Le « sacre du vivant », chef-d’œuvre cherche éditeur
par Bernard Dugué
jeudi 11 février 2010
Un petit coup de gueule en apéro. Mon manuscrit intitulé Le sacre du vivant a été refusé par X… et Y… avec le prétexte de ne pas correspondre à la politique éditoriale. Bah, c’est de bonne guerre. Le sacre du vivant a très bien sa place chez ces éditeurs, alors les prétextes invoqués ne tiennent pas et tout auteur soumettant un manuscrit sait de quoi il en retourne. N’ayant pas l’intention de renoncer, je lance une proposition d’édition ici, tout en réfléchissant quelle stratégie sérieuse adopter pour faire atterrir cette pensée chez les libraires.
Le livre que je propose est d’un excellent niveau. Au moins égal à celui de L’évolution créatrice de Bergson avec lequel il partage un thème orienté vers la philosophie de la nature. En vérité, mon écrit surpasse même Bergson, offrant de plus quelques rides à Darwin. Mon livre n’est ni plus ni moins qu’une révolution scientifique, capable d’être un déclic selon l’appréciation d’un professeur connu qui accepte d’en donner une préface. La timidité des éditeurs m’agace, autant que leur politique éditoriale basée pas seulement sur le contenu mais aussi sur la notoriété d’auteurs qui se permettent de publier des choses médiocres. Il est pénible de voir tant d’efforts, de travail et de passion gommés par une désinvolture éditoriale mais dieu merci, il reste encore des pros et des passionnés dans ce milieu.
Je leur propose un livre de génie, qui va révolutionner la conception qu’on se fait du vivant et de l’évolution ! Qu’ils osent, même si on constate de jour en jour l’effritement de notre civilisation noyée dans les médias de masse, le buzz, la médiocrité, la pensée faible, la démission. J’ose être présomptueux. Ce livre fera de l’ombre à Darwin qui ne m’en voudra pas. C’est enfin le moment d’aller plus loin car la lumière des sciences éclaire sous un jour nouveau l’essence du vivant. La partie est gagnée. Un peu comme dans un jeu de poker, mais dans le jeu philosophique, il faut que les cartes soient lues et interprétées comme des cartes. Alors, osez, il y a des lecteurs instruits dans ce pays et qui attendent de lire des choses nouvelles. Les lecteurs ne sont pas ceux qu’on croit être en les devinant à partir de la prose médiatique vendue par la presse.
Pour info, copie de l’intro du Sacre du vivant
INTRODUCTION
Ce livre a pour origine un étonnement. Mieux encore, une série d’étonnements qui se sont succédés dans mon parcours intellectuel. Et même se sont entrelacés. Etonnement sur l’autonomie des systèmes vivants, sur leur faculté de percevoir un milieu en étant séparé de ce milieu, sur les inconnues de la théorie de l’évolution, sur les mécanismes génétiques, sur l’essence même de la Vie. Jeanne Hersch a publié une histoire de la philosophie dans laquelle elle développe l’idée d’une source d’étonnements ayant nourri la plupart des penseurs importants. Des présocratiques à Heidegger. Quelle est la substance qui persiste à travers le changement ? Telle aurait été la première question philosophique à laquelle ont tenté de répondre les philosophes de l’école de Milet. A la fin de son récit sur les principales avancées philosophiques, Jeanne Hersch trace un épilogue concernant l’état de la philosophie actuelle. Elle regrette que la pensée contemporaine n’a réfléchi ni en profondeur, ni avec assez de précision, aux questions soulevées par la science et la technique. L’essai que je propose tente de répondre à cette invitation à méditer la science, plus précisément, les sciences de la Vie et de l’évolution. L’étonnement a deux origines. Ou bien un problème sans réponse, ou bien un problème avec une réponse jugée non satisfaisante. Prenons l’évolution et posons-nous la question de son ressort. La plupart répondront sélection naturelle. Mais il se peut que l’on n’accepte pas les conceptions actuelles et que l’on puisse encore s’étonner de cette énigme de l’évolution. Et aussi de l’énigme de la vie, de son fonctionnement apparemment technique, de son origine. Voilà pour ainsi dire le ressort ayant animé et conduit cette réflexion philosophique qui veut aller à l’essentiel des « choses de la Vie ». Un étonnement à la fois philosophique et scientifique car la science aussi peut être saisie de questions, comme ce fut le cas pour le physicien Planck, face au rayonnement du corps noir. La théorie de l’évolution pose en effet des questions comme naguère les théories physiques vers 1900.
Nul ne peut ignorer les controverses actuelles sur la théorie de l’évolution ni les difficultés conceptuelles que rencontre la biologie malgré, et sans doute aussi à cause, des immenses résultats obtenus en laboratoire. La vie et son évolution font l’objet de nombreuses options théoriques élaborées par les scientifiques. Mais la science ne mérite-t-elle pas d’être complétée par une réflexion disons plus philosophique, une pensée appliquée aux résultats de la science. En lisant ce livre, vous aurez un aperçu de ce que peut être la philosophie de la nature. Vous trouverez ces réflexions sans intérêt ou bien d’une profondeur particulière, capable de pénétrer au sein des secrets de la nature vivante. Cet essai est composé de plusieurs chapitres, chacun développant un thème ou bien une suite de réflexions présentant un enchaînement logique. L’ensemble étant destiné à poser des questions qu’on trouve rarement posées et de tenter de répondre à une interrogation fondamentale. Que pouvons-nous savoir de la vie et ses ressorts, par-delà la compréhension mécaniste qu’en livrent les biologistes ?
On ne trouvera dans cet essai aucun scoop scientifique, aucune découverte récente qui n’ait été déjà publiée dans les revues ou vulgarisée dans les ouvrages destinés au grand public. Tous les éléments figurant dans cette étude sont des faits établis par la recherche scientifique, le premier d’entre eux étant l’évolution. Inutile donc de chercher dans ce livre quelques arguments en faveur du créationnisme ou justifiant les discours religieux. C’est de connaissance dont il s’agit, de vérité d’une pensée dans le sens ou elle puisse s’accorder avec la perception directe ou scientifique du phénomène vivant. La nouveauté proposée dans cet essai ne concerne pas des faits scientifiques mais leur interprétation. Il sera question d’une conception du vivant ; d’une étude inscrite dans la philosophie de la nature que l’on peut mettre à côté de L’évolution créatrice de Bergson. Par contre, ce n’est pas une étude sur l’histoire des sciences ni une épistémologie, comme on peut en trouver chez un auteur tel que Canguilhem.
On retiendra l’idée force orientant cet essai. La conception d’une matière possédant deux attributs essentiels, la technicité et la cognition. Du coup, la vie se comprend comme un phénomène technique, autrement dit un ensemble de dispositifs techniques entrelacés, eux-mêmes articulés à des dispositifs cognitifs. Ce constat est valable depuis les origines de la vie. Après quelques réflexions d’ordre général sur l’essence du vivant, les théories, la physique, un second chapitre lance le débat sur la vie comme phénomène par essence technique, puis cognitif. Aristote et Bergson sont invités à ce banquet philosophique assez rapide nous conduisant naturellement à introduire intentions et finalités dans le vivant. Ce qui découle en fait de l’essence technique et cognitive des processus biologique et physiologiques. Ensuite, on tentera de comprendre la vie comme une transgression opérée sur les règles du monde matériel inorganique dont les lois physiques sont explicitées par la science. Du reste, il apparaît nettement que la matière est bel et bien une substance technique dont certaines propriétés laissent pressentir également la cognition se faisant jour dans les systèmes vivants. La première transgression sera suivie d’une seconde. La transition entre les unicellulaires et les animaux, systèmes vivant dotés de cellules différenciées organisées en tissus et organes, pour exercer des fonctions définies. Les plus importantes de ces fonctions sont la locomotion, les techniques de nutrition, la reproduction et bien évidemment, les processus cognitifs internes et externes. Un quatrième chapitre tente de livrer quelques élucidations de ces processus qui ne se réduisent pas, loin s’en faut, à une capture de signaux et formes mais sont élaboré comme une véritable construction perspectives ajustée aux finalités techniques de chaque espèce. Le chapitre suivant revient sur la sélection naturelle pour une investigation critique de cette notion et du rôle de la sélection sur la genèse des espèces. Pour finir sur une note assez spéculative où se fait jour, entre autres, l’idée d’une ou deux révolutions coperniciennes dans le champ de l’évolutionnisme. Les thèses développées dans cet essai répondent à une critique essentielle du dispositif théorique auquel adhèrent la plupart des biologistes. Pour le dire simplement, l’erreur fondamentale fut de vouloir expliquer la vie à partir de l’évolution au lieu de comprendre l’évolution à partir du vivant.
En annexe on trouvera deux textes, l’un destiné à exposer la question des gènes et des régulations épigénétiques dans un contexte scientifique en plein bouleversement. Le second, assez court, introduit le principe du miroir en science à travers la découverte des neurones miroirs. Ce principe est en œuvre dans les processus de représentation du réel, autant que dans la matière, qui est non seulement substance technique mais aussi substance douée de réflexivité et recélant les conditions d’émergence du Vivant doté de processus cognitifs et perceptifs. Pourquoi le sacre du vivant ? La réponse à cette question sera livrée à chacun d’entre vous qui aura lu avec attention cet essai. Sans doute des résonances avec Descartes, Leibniz, Spinoza et l’entendement qui se fragmente dans la longue séries des êtres, un entendement qui ne se fait entendre et comprendre que chez les humains et qui naguère, fut pensé comme un fragment de l’entendement divin. Je n’en dis pas plus. Le vivant est une énigme, que j’ai modestement tenté de dévoiler dans cet essai qui forcément, reste inachevé, léguant un cortège de développements à venir et questions à résoudre.