M. Jourdain qui fait du Storytelling et/ou Hommage à M. Peter Sloterdijk qui en parlait déjà avant l’an 2000

par Jean Chol POIVRESSELLE
mardi 15 janvier 2008

Après mûres réflexions et après avoir lu d’autres essayistes tels que Peter Sloterdijk je me suis rendu compte qu’en fait nous faisions tous comme le célèbre M. Jourdain de Molière : de la prose et/ou du Storytelling.

A ce propos, je ne résiste pas à vous proposer en lecture un extrait d’un essai de ce philosophe allemand, Essai d’intoxication volontaire, édité par Hachette Littératures - Collection Pluriel. Il est à remarquer que cet essai a été écrit en 2000 et que le concept de « Storytelling » est déjà présent dans la pensée de M. Slotertdijk.

Je ne ferai pas davantage de commentaires et vous invite dans le monde, notre monde, décrit par ce célèbre philosophe :

« ... [Nous vivons dans un horizon] mythologique parce qu’une culture qui divinise le présent, comme la nôtre, se nourrit de thèmes intemporels qu’elle fait circuler par le biais de ses médias.

Nos stories fonctionnent exactement comme nos mythes, même les informations télévisées nous rapportent les mêmes thèmes sempiternels, ces accidents toujours identiques, autant de scènes primitives qui ont pris l’habit de la nouveauté.

Le mythe est une méthode consistant à décrire le monde de telle sorte que rien de neuf ne puisse y survenir. Dans ce sens, la somme de toutes les informations et de toutes les histoires véhiculées dans nos médias produit un effet mythologique.

[Rappelons-nous] les sociétés traditionnelles - elles étaient parcourues par un grand flot qui, d’une génération à l’autre, colportait les sagesses des mères, des pères et des aïeux, si bien que chacune de ces générations n’était jamais qu’un canal ou un amplificateur par lequel pouvait s’écouler un processus discursif remontant profondément dans l’histoire de l’espèce - sous forme de variantes assez rigoureuses de quelques schémas invariables.

Dans les temps modernes, bien entendu, on ne pouvait pas en rester là.

Les flots discursifs actuels sont beaucoup plus chaotiques, ils élaborent aussi les actualités et les nouvelles stories, qui sont, à la surface, bigarrées, diverses, inouïes ; mais nos médias engendrent eux aussi un monde sans surprise, et c’est ainsi qu’ils produisent, de nouveau, un effet mythologique.

Aujourd’hui, il faut plus de temps pour trouver la totalité des constantes ; mais on finit tout de même par les découvrir.

[Pensons] à cette avidité de séries télévisées. On y injecte dans les cerveaux des stories intemporelles, histoires d’amour, de violence, de persécution, de crimes, d’histoires de pertes et de retrouvailles, incidents chez les riches et les célèbres, chez ceux "qui peinent et ploient sous le fardeau" - et la bonne nouvelle, là-dedans, c’est justement que rien n’arrive de bon ! ... »

Jean Chol Poivreselle

[ ] et texte rajoutés pour faciliter la lecture


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