Au camping

par C’est Nabum
jeudi 21 juillet 2016

L'installation de la caravane.

Il m’a été offert un spectacle dont je me suis délecté : un numéro de duettistes, magnifique : deux Hollandais, retraités sans doute, voyageurs émérites et caravaniers à l’abri de toute surprise. Les voir installer leur petite maison mobile et tout le nécessaire fut un régal, un moment de pur bonheur. Je pouvais tout à loisir admirer les principes immuables de la logistique, l’art consommé de l’organisation et le désarroi d’un couple qui finit par ne plus se supporter dans de telles circonstances.

Ils arrivèrent, tout comme les utilisateurs habituels de caravane. Une voiture assez puissante pour tracter une carapace que, contrairement aux camping-caristes, ils ne portent pas sur le dos. Puis, tout bascula dans le saugrenu, le surprenant et l’extraordinaire, suivant les différentes étapes que constitua leur installation marathon pour le plus grand plaisir de tous les autres.

Madame détacha la voiture après avoir installé la caravane sur sa petite roue supplémentaire. Monsieur gara provisoirement le véhicule sur un autre emplacement afin de manœuvrer tout à sa guise. Il arriva, muni d’une télécommande ; le mystère était entier pour le béotien que je suis et quelle ne fut pas ma surprise de voir la caravane se mouvoir alors toute seule. Un moteur électrique lui permettant de répondre aux requêtes manœuvrières de monsieur.

Les bienfaits de cette aide technologique parurent immédiats au début. Nos deux touristes n’ayant pas à se baisser ni même à tracter ou pousser un objet lourd et encombrant. Bien vite, pourtant, des doutes surgirent parmi les spectateurs. Les mouvements de la caravane autonome tiennent plus de soubresauts désordonnés que d’un plan organisé. La multiplicité des petits déplacements amuse d’abord, étonne ensuite puis finit par faire rire le public.

Il faut sans doute être né avec une console de jeux numériques pour parvenir à ranger convenablement une caravane télécommandée. C’est loin d’être le cas de monsieur qui pourtant reste étonnamment patient. Madame trépigne un peu, elle hausse les épaules, finit par se moquer : son bonhomme est grand enfant ! Finalement, près de trente minutes plus tard, la bonne place est considérée comme acquise et va pouvoir commencer le plus joli ballet qui soit. Les pas de danse précédents n’étaient qu’une mise en bouche de nature technologique.

Monsieur gare le véhicule puis se lance dans la mise à niveau de son appartement mobile. Cela relève de la haute précision. Les instruments de mesure s’avèrent nécessaires pour atteindre cette perfection qui semble caractériser notre homme. Un jeu de cales de tailles multiples et variées permet d’obtenir une horizontalité parfaite. Les efforts en valaient la peine …

Le moment est venu d’ouvrir la porte de ce réceptacle à merveilles. Ce sera un mouvement incessant de voyage, avec des éléments, tous démontables et nécessairement démontés pour tenir dans l’habitacle. Le montage revient à madame, experte en puzzles et produits Ikéa. C’est du grand art et un équipement parfaitement opérationnel, fonctionnel, étudié et adapté à l’itinérance estivale grand confort.

Tout est prévu pour faire de la partie qui sera ultérieurement protégée par un auvent de belle dimension, une cuisine parfaitement équipée et commode. Naturellement, le démontable demeure la règle et, pour l’heure, nous en sommes à la phase de montage savant et rigoureux. Les heures passent et la cuisine aménagée se dresse sous nos yeux ébahis. Monsieur intervenant seulement pour les organes de sécurité, gaz et électricité.

La nuit tombe, il conviendra d’attendre le lendemain pour achever ce chef-d’œuvre de mécano grandeur nature. L' auvent sera la pièce maîtresse de cette édification édifiante. Pas un faux pli, pas une erreur de goût. Tout est prévu au millimètre près. Je suis fasciné par la patience et la méticulosité de ces gens. Monsieur fait glisser la tenture dans le goulet prévu à cet effet tandis que madame installe le salon extérieur suivant l’immuable principe de l’assemblage patient d'éléments à emboîter.

Cette fois, caravane calée, auvent placé, cuisine aménagée, salon de jardin en état de marche, je pensais que nous en avions terminé de cette agitation incessante. Que nenni. Monsieur installe désormais une bâche au dessus du salon afin de le protéger des sournoises agressions du soleil. Tout est prévu. Ce sont des logisticiens diplômés du génie de campagne.

Vingt-quatre heures après leur arrivée, il ne reste plus qu’à mettre en place la cerise sur le fardeau. La parabole sera posée sur un trépied. Son orientation est déterminée avec une boussole ou un système de géolocalisation. Je n’ose pas m’approcher pour en avoir confirmation exacte. Cette fois, ils sont en état de vacances à leur entendement. Je suis ébahi devant une telle débauche d’énergie,d' ingéniosité, de précision horlogère. J’aurais juré qu’ils étaient Suisses, mes deux « Bataves » magnifiques.

Je dois partir, je regrette vraiment de ne pas assister à la phase démontage. Il y a sans doute une nouvelle occasion d’admirer la sarabande de nos caravaniers tout confort. J’espère pour eux qu’ils ne changent pas ainsi d’emplacement trop souvent. À ce rythme-là, ce ne sont pas des vacances !

Itinérancement leur

 


Lire l'article complet, et les commentaires