Avale-Loire : en guise de bilan

par C’est Nabum
mardi 30 juillet 2013

La fin du voyage

Ce n'est surtout pas un exploit …

Je veux ici préciser à tous ceux qui font des gorges chaudes sur mon périple que nous sommes bien loin de l'exploit physique dont on me parle. D'autres ont fait beaucoup plus long que moi. Il existe des parcours bien plus compliqués que celui-ci et quiconque se lance dans l'aventure est en mesure de la mener à bout. La Loire fait l'essentiel du travail, il suffit de se laisser mener par son onde et vous allez votre train parmi un décor de rêve.

Mes grandes marches furent bien plus difficiles à mener à terme. La fatigue était chaque jour plus violente, les matins plus douloureux. Se déplacer en kayak n'a strictement rien de comparable avec une randonnée de 3 semaines, c'est un fait certain. Pourtant, la dimension aquatique a rendu à bien des égards plus pénibles les aspects de la vie pratique.

En tout premier lieu, la tenue de déplacement n'est pas de celles qui vous ouvrent les portes. À chaque étape, si vous ne voulez pas provoquer une réaction de rejet, vous devez vous vêtir de manière plus conforme à la décence. Chaque fois, il faut ouvrir le bidon, se changer pour aller affronter vos frères terriens.

Autre difficulté importante, le kayak lui même. Il n'est pas toujours sûr de le laisser sans surveillance. Les mauvais esprits sont nombreux, il faut l'attacher pour éviter un stupide acte de malfaisance sans être à l'abri du vol de vos affaires qu'il est impossible de faire suivre contrairement au sac à dos du randonneur. Ce sont là des préoccupations bien matérielles et je vous prie de m'en excuser.

La maintenance du kayak et des bidons prend un temps fou. Combien d'allers et venues pour ranger tout ça ? Que de précautions longues et fastidieuses pour attacher tout le barda ! C'est la partie la plus pénible et la moins glorieuse de ce mode de locomotion au long cours. Heureusement les rituels viennent vite et vous finissez par devenir plus rationnel au fil du voyage.

Tout ceci prend temps et énergie. Au final, contrairement à la marche, je disposais de beaucoup moins de temps pour me consacrer à mes billets quotidiens. Et c'est bien là, et là seulement que mon périple relève de l'aventure compliquée. Si vivre le déplacement au jour le jour sur l'eau est plus facile, toute la logistique qui entoure ce moyen de locomotion rend délicate la partie narrative qui fait partie intégrante de mon voyage.

Combien de fois j'ai écrit fort tard, à la va-vite même, mon compte rendu journalier. À la lumière d'une frontale, dans des conditions sommaires, en économisant au maximum l'électricité, c'est dans ce domaine que j'ai eu le plus de mal à remplir le contrat moral que j'avais établi avec ceux qui me font l'amitié de suivre mes écrits.

Tous les jours, j'étais tendu à l'idée de n'avoir pas encore trouvé le temps de me poser pour écrire. J'ai rédigé des billets dans des conditions extravagantes et je crains que cela se soit remarqué. J'étais loin du confort des chambres d'hôtes qui abritaient mes jambes endolories lors de mes grands raids pédestres. À chaque plaisir, ses contraintes finalement.

La canicule fut encore une compagne redoutable. Il me fallut trouver des solutions pour échapper aux morsures du soleil. Je n'ai jamais autant consommé de crème solaire que lors de ces quatorze jours de navigation. J'ai dû faire preuve d'inventivité pour me protéger tout en m'aspergeant régulièrement. J'ai mis en place un stratagème que j'appelais mon air conditionné qui me permit de m'en tirer sans dommage.

Par ailleurs, la Loire est une merveilleuse carte de visite. Elle m'a ouvert bien des portes qui se refermaient quand j'allais à pied à travers le pays. Jamais cette fois on ne me refusa de l'eau ni un renseignement. Celui qui va au fil de l'eau ne rentre pas dans la catégorie des trimards et des chemineux douteux. Les sourires étaient de mise cette fois. Mes amis mariniers ont fait en sorte de me recevoir dignement, rendant ce périple des plus agréables.

On m'a reçu, invité, nourri. On m'a proposé des hébergements flottants, des coups de main, on m'a fait rencontrer des gens de qualité, des amoureux de la Loire. J'étais attendu, choyé par une vraie confrérie ligérienne même si le départ, en région Centre ne fut pas aussi chaleureux qu'en Anjou, véritable patrie de la marine de Loire. Non, décidément, ce voyage ne fut pas le calvaire dont on me parle parfois.

Bien sûr tout ne fut pas facile. Des difficultés se dressent parfois en travers de votre route. Des ponts dangereux, des barrages redoutables. Ce ne sont que de mauvais moments à passer qui sont vite oubliés. Car, la beauté du paysage, la qualité des gens de Loire font vite oublier ces petits épisodes délicats qui font au final le sel du voyage. Chacun peut se lancer dans l'aventure, elle n'est ni très difficile, ni très compliquée. Elle est si belle que je vous invite à vous y lancer à votre tour.

La Loire vous attend. Petits ou grands, jeunes ou plus âgés, sportifs ou pas vraiment, n'hésitez pas à prendre rendez-vous avec cette belle dame pour des vacances hors du commun. Je me tiens à votre disposition pour quelques conseils pratiques et de belles adresses tout au long du parcours. Les clubs de canoë-Kayak seront des recours bien plus utiles encore. À vous de jouer et de nous raconter votre aventure.

Misaupointement vôtre.

 


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