Le traquet motteux
par Fergus
lundi 30 avril 2012
Pour échapper un instant à la rudesse d’une campagne électorale plus centrée sur les coups bas que sur les programmes des candidats, je vous propose une petite balade en campagne non électorale pour une parenthèse ornithologique...
Le traquet motteux est un charmant petit animal de l’ordre des passeriformes et de la famille des muscicapidés. Il se nomme, de son vrai nom, Oenanthe oenanthe, ce qui, vous en conviendrez, n’est pas plus ridicule que Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Au demeurant, il est également connu sous le sobriquet de « cul-blanc » qui, à l’évidence, exclut tout cousinage avec Barack Obama.
Les traquets, comme les personnages politiques corrompus, forment une très grande famille répandue de l’Amérique du Nord à l’Asie, et de la Scandinavie à l’Afrique équatoriale ; sans oublier le Mozambique où quelques éléments du genre ont élu domicile, peut-être charmés par les chaleureux et entraînants accents de la marrabenta.
Parmi les innombrables espèces de traquets, plus ou moins apparentées avec le traquet motteux, citons notamment le traquet bleu et le traquet rieur ; à ne surtout pas confondre avec le traquet aux fleurs, qui niche tout près de la Hôtel-de-ville de Paris, et le traquet des brumes que Marcel Carné a naguère fixé sur la pellicule.
De taille modeste – 20 cm de longueur environ pour 30 cm d’envergure –, le traquet motteux, ou plus exactement sa concubine – la « traquette motteuse », diraient certaines féministes – pond de 4 à 7 œufs qui, au terme d’une période d’incubation de deux semaines, laissent éclore des petits oisons tout neufs que l’on se gardera bien de prélever dans les nids car, comme chacun sait, « Qui vole un oison vole un bison ! » . En attendant, merci maman, merci papa, et gaffe aux prédateurs, aussi nombreux dans les airs que dans les salles de marché.
Parvenu à l’âge adulte, le traquet motteux est un oiseau champêtre qui signale sa présence par des « ouit tchak tchak » à peine plus nébuleux qu'un discours de Jean-Louis Borloo. Il aime à se hisser sur les hauteurs dominant la campagne d’où il peut fondre sur les insectes qu’il a repérés, telle Rachida Dati sur les verres de planteur lors d’une garden-party à l’Élysée.
Quant à sa vie sexuelle (celle du traquet, pas celle de Rachida !), c’est tout un roman... Disons simplement que les traquets effectuent à la période de reproduction des parades nuptiales très originales. Le plus bel exemple en est donné par le traquet rieur dont le mâle séduit la femelle en exécutant des « jeux d’éventail » avec sa queue, ce qui l’apparente indiscutablement à Dominique Strauss-Kahn, le seul humain capable de réaliser cette prouesse*.
Mais laissons vivre notre sympathique traquet motteux et oublions l’ex-directeur du FMI. La prochaine fois, nous étudierons la bernache nonnette, qui n’a rien d’une oie blanche.
* Très prisé en société, ce talent méconnu de l’ex-patron du FMI n’aurait toutefois pas été utilisé lors du repas d’anniversaire de Julien Dray ; le lieu, un ancien sex-shop de la célèbre rue Saint-Denis, se prêtait pourtant à merveille à ce genre d’exhibition !