Un petit Bout de Loire
par C’est Nabum
mercredi 11 septembre 2013
La convergence du Festival de Loire
Le port de la Binette.
Il est un petit village coincé entre le canal et sa grande boucle de Loire. Jamais ce qui s'y passe ne peut laisser indifférent. Le poids de l'histoire, ce relatif isolement au milieu de la rivière, les menaces encore présentes des crues dévastatrices en font un lieu différent. Ici, ce n'est pas la beauté du site qui vous frappe immédiatement, même si le bassin de navigation est l'un des plus beaux de la vallée. Non, c'est autre chose, un climat chaleureux, un espace préservé des hommes et de leurs querelles.
À Bou, l'histoire prétend que les bagnards avant leur lointaine relégation étaient circonscrits sur cette terre perdue. De là s'explique sans doute l'esprit rebelle des gens d'ici, leur volonté farouche de recevoir dignement celui qui leur rend visite. Il y a ici un esprit bien différent de la grande ville voisine. Recevoir est, en ce petit coin de Loire, une manière de vivre.
Il faut avouer que leur Binette est un endroit qui autorise bien des folies. À l'écart de tout, des grands espaces urbanisés, des routes et des empêcheurs de s'amuser en rond, il fleure un souffle de plaisir et de convivialité. La Loire est ici, en sa boucle, fort belle, elle s'offre un bel espace de navigation. Hélas il faut le gagner en traversant des passes caillouteuses et bien peu profondes.
Mais quel bonheur quand on arrive à bon port ! Il y a de la musique et des sourires, des bateaux d'un peu plus bas et des autochtones qui n'aiment rien tant que recevoir ceux qui osent le détour par leur petit bout de terre ! Dès que l'on pose le pied sur la berge, chacun s'y sent chez lui. La chose est assez rare pour rendre ici hommage et respect à la belle équipe du « Bou de Loire ».
N'imaginez rien de compliqué ni d'extraordinaire dans leur manière de faire la fête. Point de subvention ni de vedette d'appel, pas de flonflon ni de poudre aux yeux. On fait avec les moyens du bord, on cherche manière de faire mieux avec presque rien. Quelques bouts de ficelles, des feux de détresse de récupération, des bateaux illuminés et vous obtenez un feu d'artifice qui ne fait aucun bruit. Quelle allure pourtant et quelle simplicité !
Puis il faut quitter à regret cet endroit merveilleux. La semaine prochaine, un autre village ouvrira son cœur : Combleux. C'est autre chose, une nouvelle alchimie du bonheur. La Loire et le canal célèbrent une union de lumière et sérénité. Au loin, les tours de la cathédrale se pareront des rayons d'un soleil couchant qui aura la délicatesse de faire son lit dans notre Loire.
Nouvelle étape bucolique, nouvelle halte avant le Festival de Loire. La grande convergence des bateaux de l'amont s'offre deux pauses merveilleuses, deux étapes à dimension humaine. Plus loin, la démesure les attendra. Les mariniers seront noyés dans la foule, ils seront prétextes à grande festivité, à spectacles extraordinaires, à aventure mirifique.
Qu'importe. La véritable authenticité, la chaleur et la simplicité ne sont pas de ce monde de paillettes et de bruit. C'est pourtant là que nous toucherons peut-être le plus grand nombre, la foule des badauds de circonstance, des consommateurs de tradition factice, des chalands en mal de dépenses inutiles.
Il faut jouer le jeu, faire bonne figure. Pourtant, c'est à la Binette et à Combleux que nous serons en vrai territoire ligérien. La suite sera parfois farce et comédie, faux-semblants et grimaces de circonstance. C'est à ce prix que nous trouverons de nouveaux marins, de nouveaux amoureux du fleuve. Alors nous serons aimables et sociables, chaleureux et souriants le temps de ce grand Festival.
Mais si vous voulez vous donner la peine de connaître notre Loire, de sentir son souffle intime, d'apprécier ceux qui lui dédient leurs loisirs, d'en comprendre les mystères et les pièges, c'est à deux pas de la foule immense qu'il faudra faire un détour. La Binette aura vécu, Combleux vous attendra et vous pourrez ainsi prendre à l'avance quelques cours particuliers de Loire !
Ligériennement leur.
Photographies Bertrand Deshayes
Groupe La BouSol sur scène
Photographie AlainPavard Doisneau
Combleux attend les bateaux de la convergence