Le manque d’eau créé par les soft drinks en Inde
par mcdog
vendredi 2 juin 2006
Le reportage prend le cas particulier d’une usine de Cola situé à Mehangindini, une région aride au Nord de l’Inde. Nous apprenons que l’usine pompe un demi-milliard de litres d’eau potable par an pour satisfaire ses besoins.
Ceci a pour conséquence d’assécher les nappes phréatiques et les puits d’au moins vingt villages alentour. Des centaines de milliers de gens risquent, à plus ou moins court terme, de manquer d’eau potable. Mais dès à présent, des pénuries d’eau sont observées :
- L’eau nécessaire à l’agriculture vient à manquer depuis qu’il y a l’usine. Les ressources tirées de l’agriculture diminuent, et la population locale s’appauvrit.
- Ces habitants avaient le droit à de l’eau gratuite et potable, grâce à un tuyau d’eau qui arrivait dans les villages, mais depuis l’installation de l’usine, le débit d’eau a diminué, mois après mois, jusqu’à ne plus rien fournir.
Comme si cela ne suffisait pas, l’usine de Cola rejette ses eaux usées dans les forages à sec creusés sur le site de ses installations pour enfouir les déchets solides. Les champs, l’eau et tout ce qui est touché par ces eaux s’en retrouvent pollués, ce qui rend l’eau impropre à la consommation, et 60 % des produits alimentaires vendus sur le marché sont contaminés par des pesticides, dont 14 % contiennent des doses supérieures au maximum autorisé.
Certains salariés de l’usine sont payés 1 euro pour 12 heures de travail, ce qui est de l’exploitation, même si leur niveau de vie est plus faible que le nôtre.
Dans un souci d’objectivité, je me dois de vous donner la position de la direction de cette usine de Cola. Cette firme compte multiplier par quatre sa production de petites bouteilles, et a construit une nouvelle usine dans le Tamil Nadu, histoire d’accentuer le problème. Ils affirment ne pas pomper énormément d’eau dans les nappes, car ils utiliseraient de l’eau de pluie, mais dans un souci de transparence, ils se refusent à tout contrôle de leur usine ! L’affaire ayant fait grand bruit, des intellectuels ont décidé d’aider les villageois dans leur procédure judiciaire, pour que cette usine cesse le pompage. Ils ont obtenu gain de cause, mais dans d’autres régions, l’argent des entreprises de soft drink permet de corrompre la Justice.
Il existe pas moins de 90 usines de soft drink en Inde ; toutes ne sont pas dans des régions arides, certes, mais l’irresponsabilité de certaines multinationales qui profitent de la pauvreté, et donc du manque de défense de ces gens, est inacceptable. Par contre, par une information claire, le consommateur pourra cesser de cautionner ce genre de pratique. Pour les autres, continuez à vous faire plaisir en buvant des soft drinks si votre conscience vous le permet.
La guerre de l’eau a déjà commencé entre des Etats qui peuvent se défendre à l’aide de leur armée. Il apparaît qu’elle existe aussi entre les riches et les pauvres, qui se battent devant un tribunal, or, selon que tu es riche ou pauvre, les jugements de Cour te rendront blanc ou noir, surtout dans les pays pauvres.
Document complémentaire : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/03/SHIVA/11985
Photo : www.ccfd.asso.fr