Motion de censure ou pas, les décisions continueront à se prendre ailleurs
par Daniel MARTIN
mardi 3 juin 2025
Ils sont nombreux à l’UDI, LR, PS, partis présidentiels et, nul doute, bientôt au RN, à être membres de deux clubs sulfureux : Le Siècle et la French American Foundation. Deux cercles parmi les plus discrets, mais aussi les plus influents, qui orientent la politique française.
Nous vivons de fait sous un régime de parti politique unique et une motion de censure n’est qu’une mise en scène.
Depuis longtemps, nous évoluons dans un régime de parti unique qui, en ignorant les fondamentaux de l’écologie, nous précipite vers « le Meilleur des mondes ou 1984 » d'Orwell.
Ce « parti unique » est en réalité le fruit de deux cercles très discrets : Le Siècle et la French American Foundation. Le Siècle est considéré comme une filiale du club Bilderberg , et rassemble des responsables de l’UDI, de LR, du PS, ainsi que des partis présidentiels (MoDem, Horizons, Renaissance). PC, Verts, RN (et plus récemment LFI) en sont traditionnellement exclus, mais la situation évolue, en particulier pour le RN, si l’on en croit certaines de ses prises de position. Jordan Bardella, président du RN, a d’ailleurs déclaré au journal Le Monde : « Pour gagner en 2027, il faut arrimer une partie des élites au bloc populaire. On gagnera si on peut rassurer. Et si on parle à la France qui réussit. »
Il a même entamé une opération séduction auprès des milieux économiques, notamment lors d’une intervention sur le campus de HEC le 28 novembre, devant près de 300 étudiants.
Un système oligarchique qui est une réalité bien Française
Ce constat renvoie à une réalité bien française : un système oligarchique. Cette élite, véritable classe sociale insubmersible, résiste à toutes les alternances. Elle formule les mêmes recommandations, toujours au service de ses intérêts, quel que soit le gouvernement en place.
L’imbrication entre les élites politiques du PS, de la droite (LR, UDI), du centre et des partis présidentiels est une constante. Entre 2007 et 2012, sous un gouvernement socialiste, Pierre Moscovici, alors ministre de l’Économie, était entouré de conseillers issus de l’UMP. Le rapport Gallois sur la compétitivité fut rédigé par un cadre de droite. Emmanuel Macron, jeune banquier chez Rothschild à l’époque, fut conseiller économique de François Hollande, après avoir été repéré par Nicolas Sarkozy. Il fonda ensuite LREM pour accéder à la présidence en 2017.
Lorsque l’alternance devient illisible pour le peuple, cette oligarchie semble estimer qu’il faut y mettre un terme. D’où un matraquage médiatique destiné à formater l’opinion en faveur d’une gouvernance « technique » d’union nationale, seul modèle jugé capable de faire face à une crise... qu’elle a elle-même contribué à créer, notamment en favorisant en France l’émergence de LFI et du RN.
Mais une telle logique mène inévitablement à une radicalisation : celle du repli nationaliste autour du parti le plus extrémiste. L’exemple récent de l’élection présidentielle de Donald Trump aux États-Unis, celui de la présidente du Conseil italien, comme avant elle un nationaliste en Hongrie, en République tchèque, et, tout récemment encore, en Pologne, l’illustrent bien. Il n’est d’ailleurs pas exclu que la France soit elle aussi engagée sur cette trajectoire à l’approche des prochaines élections présidentielles ou législatives…
Il va de soi que les politiques économiques nationalistes, illustrées, par exemple, par les mesures fiscales prises par le président américain au lendemain de son élection, ont pour effet de remettre en cause la mondialisation économique. Dans une société désormais planétisée, cela a un impact certain sur la surconsommation, ce qui, en soi, n’est pas néfaste pour la planète. Cependant, ces orientations vont à l’encontre des objectifs du groupe Bilderberg, de son cercle affilié, ainsi que de la French American Foundation. Il ne fait aucun doute que ces clubs ne resteront pas inactifs, et que Donald Trump devra faire marche arrière, plus encore qu’il ne l’a déjà fait.
Le Siècle considéré comme une filiale du groupe Bilderberg et la French American Foundation servent d’interface entre les élites politiques, économiques et financières. Le club Le Siècle http://www.lesiecle.asso.fr/ , fondé en 1945 par le franc-maçon Georges Bérard-Quelin, avait pour ambition de former une élite dirigeante. Ce club fonctionne par cooptation. Ce qui s’y dit lors des dîners mensuels, organisés dans les salons de l’Interallié à Paris, reste strictement confidentiel.
Il est à noter qu’environ 20 à 30 % des membres connus sont francs-maçons. Parmi les personnalités membres, on retrouve des chefs d’entreprises, des hauts fonctionnaires, des ministres, d’anciens ministres, ou Premier(e)s ministres.
Le club espérait rester discret jusqu’à ce qu’un article de L’Humanité en 1977 révèle son existence. En 2011, la liste de ses membres fut publiée contre sa volonté.
Le groupe Bilderberg, dont plusieurs des membres du Siècle sont également membres et pas des moindres. En prenant connaissance de la liste des membres du groupe Bilderberg, on constate que les Gouvernements de la présidence d’Emmanuel Macron s’y côtoient ou s’y sont côtoyés des anciens ministres, dont un ex premier ministre PS et d’actuels ministres ou premier ministres ex LR https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_membres_du_groupe_Bilderberg Le groupe Bildernerg, quant à lui, milite pour une gouvernance américano-européenne de l’Occident, et non un tandem franco-allemand. Sur ce point, il rejoint les objectifs de la French American Foundation, elle-même liée au Council on Foreign Relations, promoteur du concept de Nouvel Ordre Mondial.
Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, Le Siècle est resté discret, et ce n’est sans doute pas un hasard. Il est vrai que la guerre en Ukraine, dont la population civile paie un lourd tribut sous les bombes russes, impose un soutien sans faille à l’armée et au peuple ukrainiens. Cette situation contraint Emmanuel Macron à jouer un rôle particulier de « leader » en Europe, ce qui l’amène à se rapprocher prioritairement de l’Allemagne et d’autres pays de l’Union européenne, avant même ceux des États-Unis et d’une gouvernance transatlantique plus large.
La French American Foundation (https://fr.wikipedia.org/wiki/French-American_Foundation-France ) a placé plusieurs de ses membres dans les gouvernements successifs de Hollande, Sarkozy et Macron. Elle rassemble des personnalités politiques de tous bords (PS, LR, partis présidentiels), ainsi que des dirigeants du monde des affaires.
L’objectif ? Placer un maximum de membres au sein de l’État, quelle que soit leur étiquette politique. En 2009, 114 des 120 inspecteurs des finances en activité étaient membres du Siècle. On y retrouve aussi des syndicalistes, patronaux ou ouvriers.
Objectif du groupe Bilderberg, de son cercle affilié, et de la French-American Foundation : intégrer la France dans un bloc euro-atlantique à gouvernance unifiée
Il faut savoir que les dirigeants énarques des grands partis partagent un objectif commun : intégrer la France dans un bloc euro-atlantique à gouvernance unifiée. Une telle perspective pourrait, en théorie, se justifier si elle permettait une amélioration des conditions de vie et le respect des libertés fondamentales. Or, ce n’est pas le cas. Bien au contraire, nous nous dirigeons vers un monde de plus en plus orwellien.
Cette convergence d’intérêts explique sans doute pourquoi François Hollande, perçu comme plus docile que Nicolas Sarkozy, fut préféré par certains cercles d’influence. Emmanuel Macron, ancien conseiller de Hollande, fut à son tour adoubé, comme en témoigne son accueil spectaculaire réservé à Donald Trump le 14 juillet 2017, alors que la plupart des dirigeants européens prenaient leurs distances avec le président américain.
Les priorités du Siècle et de la French American Foundation ne concernent ni l’écologie fondamentale ni la démographie.
Leur obsession est économique, géopolitique, financière. L’invasion russe de l’Ukraine leur offre une nouvelle justification pour reléguer les enjeux écologiques au second plan.
Et pourtant, nous sommes plus de 8,4 milliards sur Terre. Officiellement les 8 milliards furent atteints en 2022, quand les 7 milliards l’avaient été en 2012, soit une augmentation d’un milliard en une décennie. Du jamais vu en si peu de temps dans l’histoire de l’humanité. Si la croissance démographique n’est pas maîtrisée, nous fonçons vers l’abîme. Des personnalités comme René Dumont (1904- 2001), Jean Dorst (1924-2001), Claude Lévi-Strauss (1908-2009), Albert Jacquard (1925-2013), le Dr. Jean Briere (1933-2022) le Professeur Philippe Lebreton biochimiste, écologue, militant écologiste, Michel Sourouille, et bien d’autres encore, comme le rappelle Antoine Waechter et Didier Barthès dans un de leurs ouvrages « Le défi du nombre »https://www.fnac.com/a17158100/Antoine-Waechter-Le-defi-du-nombre , ont ou avaient, depuis longtemps, tiré la sonnette d’alarme sur la question démographique. Il est vrai qu’aucun d’eux n’était ou n’est membre du Siècle ou de la French American Foundation.
La croissance incontrôlée d’une espèce, ici, Homo sapiens, est la problématique écologique centrale. Il est le plus grand destructeur de biodiversité, de climat, de ressources. Il suffit de se référer à l’écologie science pour savoir qu’aune espèce ne peut proliférer indéfiniment au détriment des autres espèces comme le fait l’homme sans se mettre elle même en danger et disparaître.
L’Institut Worldwatch estime que la planète peut offrir 1,9 hectare par personne pour subvenir à ses besoins. Or, la moyenne mondiale est déjà de 2,3 hectares, et celle d’un Américain dépasse les 9 hectares. C’est insoutenable.
L’eau est un autre exemple. Un être humain a besoin de 2,5 litres par jour. Un Français consomme environ 150 litres. Un Américain : jusqu’à 4 000 litres. L’eau douce ne représente que 0,5 % de l’eau terrestre, soit 6 750 milliards de litres, une ressource critique, souvent contaminée, et de plus en plus disputée.
Au-delà de l’eau et des surfaces agricoles, les limites planétaires incluent les niveaux d’azote, de phosphore et de carbone.
Quand Le Siècle ou la French American Foundation s’intéressent au climat, leurs solutions sont toujours alignées avec des logiques de profit ou de contrôle géopolitique. Rarement avec l’efficacité écologique ou l’intérêt des peuples.
Conclusion
L’imbrication étroite entre les élites politiques du Centre (UDI), de la Droite (LR), du Parti socialiste et des partis présidentiels, avec les hautes sphères de la fonction publique, de la finance et du monde des affaires, constitue une réalité incontestable. Et ce, même si le PS se trouve aujourd’hui relégué dans « l’opposition », aux côtés du PCF, des Verts et de La France insoumise.
Cette convergence d’intérêts et de réseaux est activement cultivée par des structures comme Le Siècle, le groupe Bilderberg ou encore la French-American Foundation, qui jouent un rôle central dans la consolidation de ces alliances discrètes mais puissantes.
Pour autant, rien n’est figé : l’histoire reste à écrire, et les lignes peuvent encore bouger.