Comment ça va ?
par C’est Nabum
mardi 15 février 2022
Agrave ; un clou tordu pendaient dans le noir
Des journaux soigneusement coupés
Petits carrés d'un vilain papier
Pauvre confort qu'on pouvait avoir
Ras le bol
Je devine que mon explication vous plonge dans un abysse d'incompréhension, favorisant à dessein une forme de rétention de la susdite matière, la renvoyant dans l'arrière salle de votre subconscient. Pourtant, force est de constater que si je pousse, ce n'est pas ici le bouchon, à moins que vous ne fussiez victime de rétention fécale.
N'ayons à ce titre pas peur du ridicule. Il convient d'évacuer ce qui obstrue notre lucidité. Ce « Comment allez-vous ? » renvoie à la principale préoccupation des apothicaires de l'époque, qui voyaient dans les selles, le fondement de tout diagnostique. Nous ne pouvons leur donner tort, tant aujourd'hui, ce sont dans nos déjections multiples et variées que se situe le mal profond d'une société qui se liquéfie.
Ainsi donc, le questionneur de l'époque s'interrogeait sur la fréquence, la nature et parfois la consistance de vos défécations. Ceci ne doit pas vous pousser à vous pincer le nez. Rien n'est plus naturel et universel que cette activité qui pourtant échappe à la surveillance générale (quoique désormais nos productions sont analysées pour y déceler la présence insidieuse d'un certain virus qui ouvre la porte à tous les contrôles du futur).
La logique même de cette situation conduit à ce Ras le Bol qui pour le coup a si j'ose dire, changer de main. Ce fameux bol n'est pas le récipient de nos cuisines, même s’il aime à s'y poser régulièrement. Ce n'est pas non plus le bol alimentaire même si là, nous mettons le temps dans un engrenage qui finira par déboucher sur ce mystérieux conduit. Car voyez-vous, ce fameux bol qui déborde, n'est autre que la porte de sortie de tout de ce que vous avez ingéré.
D'où le paradoxe de l'heure, ceux qui en ont ras le bol ne sont pas les profiteurs éhontés d'un système qui les gave au-delà du possible mais ceux qui doivent se serrer la ceinture et se priver de bien des plaisirs de cette existence. Il y a eu un renversement de tendance, les trous du cul dégueulent d'un train de vie scandaleux tandis que ceux qui expriment leur ras le bol n’ont rien à se mettre sous la dent et nul moyen de l'exprimer.
Car au moment de prendre un petit papier pour déposer dans l'urne votre exaspération, les candidats retenus par un système qui favorise la consanguinité des élites seront peu ou prou, les adeptes de ce système fondamentalement inégalitaire. Pas de déjection donc dans les urnes électorales, les services d'hygiène d'une cinquième République de plus en plus accaparée par les profiteurs et les exploiteurs, ne permettra pas de dire son ras le bol en conchiant tous ceux qui sont responsables de ce marasme.
Allons donc jusqu'au bout de cette logique et déposons vraiment ce qui ne va plus du tout dans les latrines de cette élection nauséeuse. Si ça ne soulage pas tout à fait, ça débarrasse vraiment.
À contre-emploi.