Criminalité dans le Sud : réunion de crise à l’Élysée

par Fergus
vendredi 7 décembre 2012

La vague de crimes qui frappe le Midi et la Corse a suscité, à l’initiative du président, une discrète réunion de crise entre Hollande, Ayrault et Valls. Objectif de ce trilogue : mettre sur pied une solution pour diminuer de manière spectaculaire le nombre de ces crimes. Malgré la confidentialité du document, AgoraVox est parvenu à se procurer le verbatim de cette réunion...

Hollande : Tous ces crimes, ça la fiche mal. On va finir par passer pour des branquignols. Bientôt, les médias vont nous accuser d’être encore plus nuls que les sarkozystes et se foutre carrément de nous. Car, comme on dit en Corrèze : « Quand on a le cul dans les orties et pas la force de se relever, les moqueurs sont à la fête ! » Bref, il faut que ça cesse très vite. Que proposez-vous ?

 

Ayrault : Pour l’heure, il faut renforcer notre com’ : montrer nos muscles et adopter un ton martial, le temps que les choses s’arrangent.

 

Hollande : Ne le prends pas mal, Jean-Marc, mais si c’est pour faire comme toi sur le dossier Arcelor Mittal, autrement dit faire prendre aux Français les vessies pour des lanternes, mieux vaut trouver autre chose de plus convaincant pour éviter les effets boomerang. C’est d’ailleurs ce que l’on dit à Ussel : « Quand on enfume les jambons, mieux vaut connaître le sens du vent !  »

 

Valls : Il est vrai que la com’ a ses limites. Et d’ailleurs, à part virer les Roms, je n’ai fait que ça depuis mon arrivée à Beauvau : de la com’. Difficile d’aller plus loin dans ce domaine sans résultats tangibles, sauf à passer définitivement pour des fonbous, euh... des bouffons, à la sauce Hortefeux.

 

Hollande : Manu a raison : comme on dit à Tulle, « On ne chante pas le parfum de la rose quand on a les pieds dans la bouse ! » Il faut par conséquent trouver autre chose, une solution en béton pour afficher le plus rapidement possible une baisse sensible de la criminalité dans le Sud.

 

Ayrault : Vu qu’on a six mois de répit du côté de Notre-Dame-des-Landes, Manu pourrait peut-être envoyer les troupes de choc de la gendarmerie faire le ménage, au moins dans les quartiers nord de Marseille.

 

Valls : On a déjà envoyé des renforts, et cela en pure perte. Ces mecs-là ont tout dans la matraque et pas grand-chose dans le cigare. Non, il faudrait des renforts d’enquêteurs de police judiciaire dans les Bouches-du-Rhône et en Corse.

 

Hollande : Désolé, Manu, mais tu sais bien que c’est impossible : on a déjà gratté les fonds de tiroir en matière de moyens. Et comme on dit à Martel : « Quand le pis est vide, rien ne sert de tirer les tétines ! » Il faut trouver autre chose, les gars. Et ça urge !...

 

Un long blanc a suivi, les trois hommes jouant « tempête sous les crânes » afin de faire jaillir l’idée lumineuse. Elle est finalement venue de Hollande après un constat de Valls :

 

Valls (désabusé) : Étant donné la forte disparité des taux de criminalité entre les départements, l’idéal serait que les tueurs aillent de temps à autre défourailler ailleurs... (soupir) Autant appeler le Père Noël à la rescousse.

 

Hollande (souriant) : Mais non, Manu, la voilà, la bonne idée ! Car comme on dit à Brive « Poule qui pond en nids divers est tranquille été comme hiver ! » Pourquoi ? Parce que la poule n’attire pas l’attention sur elle. Et en ce qui nous concerne c’est l’attention des médias qu’il convient de détourner. Voilà la solution : inciter les tueurs à déconcentrer leurs crimes. Dis-moi, Manu, quels sont les départements les moins exposés aux meurtres et assassinats ?

 

Valls : Á vue de nez, je dirais le Cantal, la Haute-Loire, la Lozère, la Mayenne, et sans doute la Vendée.

 

Hollande : Bien, c’est donc là qu’il faudrait amener les excités de la kalachnikov à aller se flinguer entre eux. Cela rééquilibrerait les statistiques territoriales et se traduirait ipso facto par une baisse des crimes dans le Sud. Reste à trouver les moyens incitatifs car, comme on dit à Égletons, « Á quoi bon changer d’herbage quand est bien gras le pâturage  ? » Autrement dit, il nous faut agiter des carottes pour faire bouger non seulement les tueurs mais également leurs victimes. Une suggestion, Jean-Marc ?

 

Ayrault : Euh...

 

Hollande : Et toi, Manu ?

 

Valls : Même avec un effacement de leur casier et la promesse d’une future cécité judiciaire sur leurs violations répétées du Code pénal, je vois mal malfrats et nationalistes de tous poils aller s’entretuer sur le causse de Sauveterre ou dans le bocage vendéen. Leurs « affaires » sont dans le Sud et nulle part ailleurs.

 

Ayrault : Manu a raison, François, inutile de fantasmer.

 

Hollande (dépité) : Je vois... Eh bien, tant pis ! Abandonnons tout espoir de péréquation du crime. Reste à utiliser les bonnes vieilles ficelles. Á nous d’être suffisamment habiles pour tromper les médias. Faisons comme on dit à Uzerches : « Bien lavée, bien peignée, bien habillée, fille laide aussi peut trouver mari ! »

 

Ayrault et Valls (d’une même voix) : Autrement dit, on refait de la com’.

 

Hollande : Nous n’avons pas le choix. Et croisons les doigts pour que cela fonctionne. Cela étant, j’y crois, car comme l’on dit à Bugeat (on frappe à la porte)... Entrez !

 

Pénètre dans le bureau le directeur de cabinet de Hollande. Livide, l’homme est porteur d’une dépêche qu’il remet au président.

Hollande : Un nouveau meurtre, messieurs. La bonne nouvelle : il ne s’est pas produit dans le Sud. La mauvaise : Jérôme Cahuzac vient d’abattre Edwy Plenel. Décidément, il se confirme que les emmerdes, comme les cons, volent en escadrille. Mais comme on dit en Corrèze : « Pluie de merde sur le potager, belle récolte engrangée  ! »


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