Elles manquent singulièrement de franchise !

par C’est Nabum
samedi 30 mars 2013

Et pourtant elles ont le vent en poupe …

Le piège intégral ...

« Les Franchises ont le vent en poupe ! » Voilà l'information économique du moment qui doit réjouir ceux pour qui tout signe d'activité économique est un élément encourageant, même si derrière se cachent de bien sombres intentions. Car franchement, il est bien curieux d'appeler « Franchise » une pareille conception de l'entreprise.

Une enseigne vend son succès et sa réputation, ses concepts et ses produits à un pauvre commerçant en mal d'imagination. C'est le premier acte d'une tragédie qui va entraîner la victime dans une série de difficultés sans nom, de renoncements et de traîtrises qui en feront un vil exploiteur exploité plus encore …

L'entrepreneur entreprenant cette folle aventure va se lier pieds et poings, mais pas seulement, à un cahier des charges qui va en faire un esclave auto déclaré, un volontaire au suicide économique. Les requins de la finance ont inventé les franchises pour justement créer des espaces de non-droit, des établissements de rentabilité maximale sans le moindre risque ni le plus petit effort.

Car la belle idée est précisément dans l'illusion de l'indépendance que l'on fait miroiter à cette pauvre victime. Elle se pense « Commerçante » membre de la grande confrérie des décideurs, des courageux qui prennent des risques pour mériter ultérieurement de gagner confortablement leur vie. L'attrait de la fortune fonctionne toujours quand il s'agit de prendre des mouches …

Elle s'endette, se lance dans une aventure qui enrichira ses souteneurs et la contraindra à passer des heures et des heures à son labeur. C'est le premier étage de cette arnaque à la libre entreprise. Pour porter haut les couleurs d'une belle marque, il faut non seulement payer mais verser un pourcentage qui relève de la grivèlerie. Le crime ne profite qu'à ceux qui ne font rien. C'est d'ailleurs devenu le principe de fonctionnement de tout le capitalisme financier …

La pauvre victime se dit alors qu'elle pourrait profiter un peu, elle aussi des heures consenties en diversifiant ses prestations, en proposant des produits qui échappent à la gourmandise de sa maison mère (et certainement pas nourricière). Et c'est là qu'elle découvre qu'elle est totalement engluée dans un cahier des charges qui lui ôte toute possibilité de liberté. L'esclavage, vous dis-je, poussé à l'extrême et avec l'assentiment de la victime …

Si c'est un restaurant, les menus, les produits, les fournisseurs, les cartes de menus … tout est décidé, négocié loin de celui qui n'est qu'un exécutant de base, un employé qui a financé son emploi et son entreprise. Le rêve pour les requins qui n'ont plus qu'à se servir sans avoir pris le moindre risque !

Pour un magasin ordinaire, c'est exactement le même principe. Tout vraiment est décidé ailleurs et le pauvre franchisé doit se plier, se courber, se mettre à terre devant les exigences de ses seigneurs et maîtres. Rien ne lui appartient vraiment, jusqu'à la couleur de la vitrine, les heures d'ouverture, la tenue des vendeurs qui sont décrétées par les hautes sphères de la marque.

Le second étage se met en branle. La pauvre victime est contrainte à son tour de se faire monstre de cupidité vis à vis d'un personnel payé au lance-pierre, pressuré et si peu respecté. Aucun droit pour les subalternes quand le responsable n'en a pas plus. C'est la chaîne de l'esclavage ; l'un se l'est mise au cou, il la glisse aux pieds de ses collaborateurs et le maître lointain se frotte les mains et tend sa coupelle !

Nous savons tous cela et pourtant, nos entrées de ville et même désormais nos centres villes sont hérissés de ces magasins clones de leurs semblables. C'est uniformisation absolue, le règne du pareil, de la norme, de la copie conforme. Le consommateur est rassuré, en poussant la porte, il ne sera pas dépaysé.

Pire même, l'ambiance intérieure est exactement la même ici ou là-bas. Rien ne doit changer, les robots ont besoin de certitudes. Le client est pris dans le même engrenage que ceux qui vont le servir. Aucun d'eux ne disposent de leur liberté. Le formatage est devenu conditionnement. C'est la pire aliénation qui soit. C'est encore la plus grande victoire du capitalisme qui a brisé les consciences humaines.

Pour cela, les grands esprits de la manipulation sont disposés à tout prévoir, à tout imposer au pauvre franchisé qui ne peut que suivre des injonctions démentes. Ainsi cette grande brasserie où le niveau sonore est fixé par la charte du franchisé servile. Passé 22 heures, il faut monter le son des enceintes pour atteindre « n » décibels et abrutir des clients qui ne sont là que pour remplir la seule et unique fonction que ces gens nous reconnaissent désormais : « Consommer ! »

Voilà le Monde que vous fréquentez. Cet univers impitoyable a été, nous dit-on, créé pour notre plaisir, notre confort, notre bonheur. Vous en connaissez maintenant l'arrière cuisine et les bouges. Fuyez tant qu'il est encore temps, renoncez à ces franchises si peu franches, usez de votre liberté. Si nous n'y prenons pas garde, le petit commerce va mourir et notre liberté avec.

Franchement leur.

Attention le piège fait salon 


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