En direct du cabinet ministériel

par C’est Nabum
vendredi 6 novembre 2015

À cheval sur les enchères ! 

Vente d'un bidet en noyer datant de 1757

 Que de découvertes à faire dans les salles des ventes et chacun peut y trouver son bonheur pour peu que l'on possède des papiers sur soi et un solide compte en banque. À Orléans, le 7 novembre, il sera bon de se presser pour ne pas manquer la vente de l'année : l'objet qui laissera vos amis sur le cul lorsqu'ils vous rendront visite. Il y aura foule pour s'arracher la chose et il se murmure que la vente se fera à guichet fermé. De là à ce que les acheteurs fassent la queue ….

Ne reculant devant aucun sacrifice, la salle des ventes proposera le clou du spectacle par l'entremise d'un somptueux bidet en noyer ayant appartenu à un ministre du roi Louis XV, Louis III Phélypeaux, comte de Saint Florentin. Aucun risque de perdre la tête avec ce ci-devant, voilà au moins une garantie qui rassurera les amateurs et les superstitieux.

Cependant, un bidet en noyer n'est pas recommandé pour ceux qui sont sujets à la courante. Des selles un peu liquides dans du noyer, il y a de quoi perdre pied surtout si les enchères montent. Les avis éclairés prétendent que cette vente à la chandelle devrait dépasser les deux mille euros pour satisfaire les appétits du vendeur et du commissaire-priseur.

Qu'un ministre de l'ancien régime ait posé son séant sur ce magnifique objet devrait séduire les nostalgiques de tous poils, les amoureux de la couronne, les adorateurs du trône et de ses lustres. Nous ne saurions reprocher pareil plaisir ; chacun trouve son contentement comme il l'entend, même s'il y a lieu de se méfier d'un ministre qui avait passé plus de cinquante années en poste. Une telle longévité dans les cabinets ministériels n'est pas de nature à rassurer les esprits chagrins.

Il est précisé également que le cuir est d'origine. Nous pouvons légitimement penser qu'il a été buriné par des derrières de qualité, des ci-devant de haut vol, des êtres d'exception au sang bleu et à la grande lignée. Rien n'est plus agréable que de se priver de culotte dans un tel contexte. Il faudrait être chaud du bonnet phrygien pour jouer les pisse-vinaigre devant une telle perspective.

Il est cependant déconseillé aux acheteurs éventuels de ce magnifique bidet ministériel de prétendre à cette dépense s'ils sont assujettis à un régime sans sel. Je devine que certains sont capables de monter sur leurs grands chevaux pour s'indigner d'un telle restriction. Les gastro-entérologues sont formels à ce propos et aucune exception ne sera permise même si dans ce monde on est adepte du piston.

Il serait indélicat de pousser plus avant les précisions qui accompagnent cette vente aux enchères. Le contexte semble suffisamment délicat pour ne pas accentuer la gêne légitime qui perturbera ce pauvre commissaire-priseur au moment d'allumer ses chandelles. Non seulement voilà un objet qui a besoin de discrétion et le mettre en pleine lumière, qui plus est dans une salle publique, est assez détestable mais si, comme on le prétend, l'argent n'a pas d'odeur, le bénéfice de cette vente risque d'échapper à la maxime.

Je ne veux pas délayer plus avant. L'information a eu assez de publicité. Je souhaite aussi éviter des propos scabreux qui pourraient me valoir un dépôt de plainte dans ce bidet royal. Que ce soit la « Raie Publique » , notre cher journal local qui ait fait ses choux gras d'un tel événement n'est certes pas une raison pour que je me gausse et me tape sur les cuisses. Il faut savoir raison garder et laisser ce sujet dans les culs-de- basses-fosses de l'histoire. La vente ira naturellement à celui qui aura la plus grosse envie, le commissaire priseur aura une grosse commission et tout le monde sera heureux.

Si malgré tout et pour surprenant que ce soit, des lecteurs étaient tentés de se risquer à l'achat, je vous rappelle que la vente aura lieu le vendredi 7 novembre à Orléans à la salle des ventes. Pour de plus amples informations vous pouvez contacter l'étude Pousse-Cornet, ça ne s'invente pas ! Je ne pouvais laisser passer sous silence une information de cette nature, je vous rappelle que je suis l'auteur de la célèbre chanson « Au fond du jardin ! » qu'il serait utile de mettre en perspective avec le dossier du jour.

Bidonnement leur.


Lire l'article complet, et les commentaires