Francs trublions palabreurs
par C’est Nabum
lundi 21 décembre 2020
La culture prend le parvis
Alors que le troisième confinement pointe le bout de son nez hideux et que notre monarque ronge son frein avec une lanterne, les projecteurs ne sont pas prêts de se rallumer sur les scènes et les estrades. Les artistes de toutes expressions sont contraints au silence par un pouvoir qui exècre tous ceux qui permettent d’élever, de divertir, de pousser à la réflexion et à une critique de ce système aberrant et mortifère que tous les partis de gouvernement défendent contre la raison la plus élémentaire.
Le bâillon n’a pas suffi, il leur a fallu mettre hors la loi les troubadours, les bateleurs, les comédiens, les musiciens, les chanteurs tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ouvrent la bouche pour inoculer le virus de l’intelligence et de la pensée. Hélas faire taire ceux qui n’ont jamais leur langue dans leur poche n’est pas à la portée du premier apprenti tyran. Dans tous les pays, se forment des petits corps expéditionnaires prêts à croiser le verbe contre l’oppresseur.
Les uns prennent le parvis pour y dresser un tréteau éphémère, clamer à la foule des fidèles que le culte de la culture est premier, que la vérité des humains devance celle des cieux. Ceux-là peuvent se réunir pour écouter une parole qui n’est pas de ce monde tandis que les disciples de la vraie foi en l’humanité sont soumis à l’oppression et à l’inquisition, à la rigueur d’une police de l’opinion, aux aberrations d’une dame Roselyne, traîtresse plus que prêtresse !
Les autres font les cents pas sur les quais, couvrent les artères, investissent les boulevards et rayonnent dans les centres commerciaux pour prêcher aux promeneurs et tendre leurs filets. La parole peut s’entendre sous le masque tandis que de plus hardis font tomber l’hideux tissu de la terreur pour clamer leur colère et leur indignation. Des passants hâtent le pas quand ils sont soumis à la frayeur semée par les médias complices du pouvoir mais fort heureusement d’autres dressent l’oreille pour écouter ce message d’une rébellion salutaire.
Certains encore investissent la toile pour jouer devant une caméra dans l’espoir de trouver à l’autre bout de cette lucarne magique des spectateurs incertains. Là encore, il s’agit de refuser l’injonction au silence, la main mise d’une culture officielle qui passe par ce qui se fait de plus insignifiant : les plateformes de la culture d’abrutissement des masses. Dire, clamer, réciter, chanter sont désormais des actes de sédition qui s’imposent à tous ceux qui veulent vivre debout.
La colère est immense dans le milieu de la culture, il convient désormais d’affirmer notre désir de prendre les âmes, celles qui ne sont pas inféodées au culte délirant du consumérisme d’État. Tous les coups seront autorisés pour moquer, pasticher, dénoncer, caricaturer, accuser ce pouvoir cynique et nuisible pour l’humanité et la Planète. Les saltimbanques plutôt que les banquiers, les artistes plutôt que les lampistes, les comédiens véritables plutôt que ces menteurs pitoyables.
Une armée de l’ombre se lèvera en pleine lumière, au grand jour ou sous les projecteurs, dans les rues, sur les places publiques, chez les habitants, bravant les interdits de l’ordre sanitaire pour frapper sans relâche sur ces monstres d’inculture, ces tenants du monde qui s’écroule. Leur société tombe en rideau, notre parole va l’affirmer haut et fort pour abattre la terrible barrière sociale qu’ils ont dressée pour faire de nous tous des objets soumis et non des sujets libres.
Les francs trublions palabreurs sont les nouveaux FTP de l’espoir contre l’indigence d’une société vouée uniquement au commerce et à la soumission. Rejoignez nos rangs, tirez à vue contre les canailles qui nous dirigent. Ce sera un débat sans merci contre cette pègre du capitalisme, une lutte à tort contre les rois du huis-clos, les princes sans rire de la comédie des ratés.
Le rideau se lève sur une culture de combat : les escarmouches de Scaramouche, les saillies des persifleurs, les lazzis des humoristes, les tirades des comédiens, les acrobaties des circassiens, les facéties des clowns, les sérénades des musiciens seront autant de boulets rouges qui seront fixés aux pieds des marcheurs, désormais ennemis publics du monde de la culture.
Combativement leur.