Frédéric Lefebvre, mon très grand amour
par Imhotep
mardi 5 mai 2009
Pour prouver que l’immaculé aboyeur en chef de l’Elysée, le sulfateur du palais, notre Frédéric Hennisseur de la Brute, n’est pas toujours en bute aux moqueries comme ce scandaleux pamphlet (non autorisé !) inculte et injurieux (Monsaigneur Lefebvre), j’ai pris la décision saine et courageuse de lui faire une déclaration d’amour sincère et puissante.
Frédéric mon très grand Amour,
Il y a bien longtemps que je voulais t’envoyer cette déclaration, comme le dirait France Gall, et il m’a fallu bien du courage pour m’y résoudre. Tu comprends que devant une si belle âme je me sens bien humble et bien modeste. J’envie tes envolées lyriques qui auraient transmuté cette bien plate missive en un incendie de passion.
Il faut que je te l’avoue tout cru, je suis encore vierge. Et ce n’est pas le fruit du hasard. C’est parce que j’attendais de rencontrer enfin, enfin, mon prince charmant. Je voulais réserver à cet homme mon jardin secret. Ce trésor inviolé à ce jour, il sera à toi. Tu sais, en t’écoutant, je pense sans pouvoir détourner mon attention à cette chanson qui a bercé mon enfance : A la claire fontaine m’en allant promener, j’ai trouvé l’eau si belle que je m’y suis baigné(e). Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai.
Je ne sais plus depuis combien de temps je bois à ta fontaine tes paroles comme d’autres le sang de leurs victimes politiques. Cette eau de jouvence est du miel pour moi. Et je raffole du miel. Celui de Provence de préférence (s’il te venait à l’idée un jour de m’en offrir un pot).
Il faut que je te le dise afin que tu ne sois pas surpris lors de notre premier rendez-vous d’amoureux, que je suis aveugle et que mon ouïe qui a baissé depuis mon 75ème anniversaire n’est pas si affûtée comme avant, alors je pousse le son de la télévision ce qui fait râler ma voisine, ici à l’hospice. Aussi ne puis-je que t’imaginer. Je te sais beau et portant fière allure. Je le sais. Je le sens. Ma certitude est d’airain car je me fie au doux son de ta voix. Sache-le, je ne manque pas une de tes intervenions. Du reste, toi non plus tu n’en manques pas une.
Que c’est rafraîchissant d’avoir enfin un homme un vrai, non un Copé à la langue de bois, non, un guérillero, comme à Medellin, un qui sache que les balles sont des idées et que les opposants ne sont que ce qu’ils méritent dans notre bonne et forte autocratie : des procureurs staliniens. Depuis qu’on ne voit plus les grèves (remarque moi je ne vois plus rien, alors les grèves ou autre chose c’est bien pareil, c’est toi le seul que je regrette de ne pas voir, et puis la grève des transports ici dans mon fauteuil roulant ça n’a pas beaucoup d’effet), ces abrutis de syndicalistes il ne savent plus quoi faire pour se faire remarquer. Comme tu l’as si bien dit on dirait des tontons macoutes quoiqu’un peu d’autorité contre ces vauriens ce n’est pas plus mal. Mais on n’est pas sorti de l’auberge avec celle que tu appelles la folle. Au fait est-elle jolie au moins ? Dois-je être jalouse ?
Tu le comprends, je n’aime pas les mous, les faux durs, ceux qui sous le fallacieux prétexte d’être démocrates et de respecter leurs adversaires politiques ne s’attaquent qu’au fond et aux arguments. Ce qu’il faut dans notre France qui baisse pavillon ce sont des hommes comme toi avec le couteau entre les dents et des expressions d’homme et non de fiote ! Putain que c’est bon de t’entendre beugler dans le poste. J’adore. J’en mouille ma culotte. Autant que mes couches servent à quelque chose. Tudieu, je rêve déjà à notre nuit de noces.
O mon Frédéric, que je t’aime, que je t’aime comme l’on chante en Suisse et au Fouquet’s. Viendras-tu me voir ? Tu ne peux imaginer comme je tremble (enfin de toutes façons mon Parkinson ne me lâche pas) à ce que tu ne me répondes pas. Je comprendrai, ici je ne suis pas la seule à être folle de toi, ou folle tout court, mais de toi c’est encore mieux cela a un effet catalyseur. C’est vrai que toi au moins tu n’es pas un calmant. La paix des ménages ce n’est pas ton rayon. Eh bien tant mieux. Un peu de bordel ce n’est pas plus mal. Il faut tailler dans le vif, foutre des bons coups de pied dans la fourmilière, secouer le cocotier, jeter de l’huile sur le feu, dire son fait à ceux qui l’ouvrent et qui n’habitent pas Neuilly ou qui n’ont pas la carte de l’UMP. Et puis quoi encore ! Ils croient qu’ils ont le droit de l’ouvrir. Et merde alors ! Et puis dans la vie on n’avance qu’avec des coups de pied au cul, et quelques claques cela n’a jamais fait de mal. Ça fait circuler le sang et donne du bon teint.
Bon je m’échauffe, mais c’est vrai que tu fais un effet bœuf. Que j’aimerais être à tes côtés, te bichonner, te faire de bons petits plats pour que tu sois en forme, quoique j’aie l’impression que tu es toujours en forme. Quand il y en a qui ont toujours un mot gentil, les naïfs ou les pleutres, toi ta dague est toujours prête (oh, je ne parle pas de celle-là, bien que j’aimerais qu’elle aussi soit prête et en garde pour moi) et sort de son fourreau plus vite que ton cerveau ne tourne. Et moi j’aime ça, les hommes vifs et sanguins. Trop de réflexion c’est mauvais pour le sang épais.
Tu l’as compris, mon Saigneur, mon sulfateur, mon Pulp Fiction, mon porte-flingue, mon roquet, mon aboyeur, mon circonciseur, mon flingueur, mon gant de crin, mon dézingueur, mon nettoyeur, mon pit bull, mon frontal, mon menteur, mon caniche du roi, mon apparatchik, mon arme fatale, mon lance flamme, mon nuisible, mon antimatière, mon minet je suis ton amoureuse, ou si tu préfères tu es mon amoureux.
Il faut que je te laisse car c’est l’heure de mes cachets. Ecris-moi vite aux Hespérides. Mets juste la Momie sur l’enveloppe, ils sauront à qui transmettre. Ne te trompe pas, la Momie, pas la mamie, ici les mamies il y en a un paquet, et ce n’est pas cadeau.
Je te fais plein de bisous partout, partout.
Imhotep
PS : je suis riche, cela peut toujours servir
« Mes balles sont des idées »
Frédéric Lefèbvre, 23 octobre 2008