Freluquet montre l’exemple

par C’est Nabum
vendredi 17 août 2018

La vie de château.

Nous allions voir ce que nous allions voir. L’homme nous promettait un grand coup de balai, un vent nouveau, un esprit neuf sur une nation engourdie dans ses habitudes d’ancien régime. Avec lui, toutes les barrières devaient être dépassées, abolies même. Il serait le monsieur propre de la transparence et de la probité.

Pour faire ce grand ménage de printemps, rien de mieux que de s’en prendre aux symboles de l’ancien régime. Tandis que Freluquet s’attaquait au niveau de vie des retraités, il voulait montrer de manière spectaculaire qu’il se plaçait lui, résolument dans la modernité. Quoi de mieux pour cela que de changer toute la vaisselle du palais ? Une dépense somptueuse, certes mais ô combien indispensable pour un pays qui ne se sentait plus bien dans son assiette.

Les jaloux, les pingres, les ronchons n’ont pas su sentir la force de ce geste. Faire table rase du passé, c’est mettre du nouveau sur la nappe. Qu’importe le prix puisque nous avions la certitude avec le nouveau couple présidentiel, que jamais la plus petite dispute ne viendrait s’insinuer entre eux tant leur amour était éclatant. Pas de scène, pas de vaisselle cassée, la dépense serait donc largement amortie au terme de ce quinquennat.

Pour bien nous faire comprendre que nous allions changer d’ère, que de citoyens, nous allions passer au rang de valets de pied forcément admiratifs pour cette nouvelle royauté en marche. Notre participation n’étant qu’exclusivement pécuniaire par le truchement d’impôts que nous sommes désormais les seuls à honorer, les véritables nantis bénéficiant de la fameuse optimisation fiscale chère à toutes nos canailles.

C’est alors que la résidence d’été de nos monarques allait subir une remise à neuf totale. Tout le mobilier, les rideaux, les tentures, les décors étant entièrement changés afin d’effacer toutes les traces des locataires précédents. Ne pas lésiner sur la dépense, c’est encore s’affranchir du passé, ne plus jouer la mesquinerie ni même se prétendre économe des deniers publics. Pour la belle douairière rien n’est trop beau tandis que le peuple admiratif se saignera aux quatre veines pour honorer sa nouvelle idole.

C’est alors que Freluquet pensa qu’il était temps de se jeter à l’eau. Dans son for intérieur comme à Brégançon, il convenait de baigner dans un luxe royal et peut-être même impérial. Une piscine remplacera donc la plage privée afin que la reine mère n’ait pas à supporter les regards concupiscents des pervers. On fit appel à Kolenta Piscine, ça ne s’invente pas pour vivre cette nouvelle aventure onéreuse. Freluquet et sa gentille marraine n’aiment rien tant que de briller de mille feux tandis que les pauvres gens sont au creux de la vague.

Quoi de mieux qu’un cocon luxueux pour oublier la mesquinerie de ceux qui prennent prétexte d’un petit dérapage pour en faire une affaire d’état. Le Prince se moque de tout ça, il dépense sans compter, il vit dans le luxe, il se joue des lois de la République, il s’émancipe des principes républicains, il exige et il obtient. Tout est parfait et la nuit du 4 août vient d’être abolie par Jupiter en personne.

C’est dans les détails que l’on juge la réalité d’une imposture. Celle-ci est des plus impressionnantes, favorisée par une armée de godillots en marche, de serviles fantoches qui n’ont qu’un droit : « Fermer les yeux en oubliant les beaux discours de la campagne ». Il convient d’assumer. Je ne doute pas que la prochaine étape ne sera pas la convocation d’un congrès à Versailles mais bien l’installation de ces deux modestes personnages dans le château. La galerie des glaces semble avoir été conçue pour refléter leur gloire mutuelle. Le Trianon attend avec impatience le retour de la digne successeure de Marie Antoinette.

En attendant que ce joli monde ne perde la tête, il ne faut pas oublier de rénover totalement la résidence de la Lanterne. On ne sait jamais, je me pique de penser que ça pourra servir.

Ironiquement leur.


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