Honneur ŕ nos chers récipiendaires !

par C’est Nabum
lundi 6 mai 2013

Le revers de la rosette

Un mot qui leur va si bien …

Il n'est de mot si parfait pour définir la vacuité et le vide de tous nos porteurs de rosette et autres distinctions creuses et sans valeur. C'est la représentation magnifique de la grenouille qui se gonfle de son orgueil, de cette baudruche qui finira par exploser et dévoiler alors le vide sidéral qui la constitue. C'est la foire aux vanités que tous ces récipients creux et vaniteux, ces pauvres badernes en mal de reconnaissance, ces vieilles ganaches à la recherche de leur passé, cherchent à obtenir pour se donner l'impression d'avoir existé.

Ainsi, quand ils ont hérité de cette déshonorante marque de l'honneur quémandé, ils s'affichent partout, estampillés de la petite pastille rouge du mérite français, de la notabilité navrante, de la courbette de salon et de la génuflexion sociale. C'est alors qu'ils réclament du commun, des pauvres non décorés que nous sommes, des mêmes grimaces que celles qu'ils ont dû consentir à la souplesse de leur mollet, pour obtenir cette marque d'infamie.

Qu'ils ne comptent pas sur moi pour m'incliner devant leur réussite patente, devant ce revers accroché à une veste ou un tailleur trop usé à force d'être retourné au grès du vent et des tendances, des circonstances et des allégeances. Les pantins et les valets ne valent pas qu'on s'inclinent devant leurs trahisons et leur bassesse. La distinction honorifique est la plus parfaite illusion qui soit dans ce monde fictif.

Quand allons nous mettre à bas cette tradition séculaire qui n'a plus de sens ni de signification ? Ce n'est plus que de l'auto congratulation, de la promotion de tête de gondole, du rafraîchissement de produits avariés, du renvoi d'ascenseur et de bons et joyeux échanges de procédés spécieux. Tout le gratin du grand n'importe quoi politique, médiatique, financier doit avoir ce badge de la pirouette qui fait tourner les têtes.

Si par malheur, un simple citoyen, un honnête individu sans entre gens ni carnet d'adresse reçoit cette distinction suprême, il n'est pas là pour en témoigner. C'est qu'on la lui décerne à titre posthume pour un acte vraiment héroïque qui a mal tourné. Il fait alors tâche dans cet univers de distingués qui brillent tous par leur lâcheté congénitale. C'est encore un pauvre bougre qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment et je doute qu'il apprécie de côtoyer ceux qui sont toujours précisément au bon endroit au bon moment, nos si chers opportunistes à plein temps !

Qui osera mettre à bas ce miroir aux alouettes ? Qui donnera un coup de pied dans la fourmilière ? On devine partout ce penchant pour la petite médaille, le bon point de notre enfance ou la belle image d'autrefois. Les vieux serviteurs des associations sportives reçoivent, le visage rubicond des agapes futures, la médaille de bronze, d'argent ou mieux encore d'or pour leurs si bons et loyaux services. Les vieux travailleurs, usés héritent eux aussi de la belle breloque du mérite émérite (à moins, ce qui est désormais le plus fréquent que de dignes récipiendaires les aient flanqués à la porte pour tout remerciement)

Ne perdons jamais de vue, brave gens, que ce ne sont que les coquins et les faquins, les tricheurs et les menteurs, les fourbes et les margoulins, les prévaricateurs et les falsificateurs, les fraudeurs et les escrocs qui méritent de la nation. En dresser la liste ici serait un exercice vain. Le mur des pauvres cons prétentieux, est de tout les piloris du ridicule, le mieux garni. Il y en aurait pour toutes les sensibilités, toutes les couleurs politiques, tous les secteurs professionnels. Chaque famille en aurait pour son cadre.

Enfin, n'oublions jamais que même les plus sinistres personnages ont eu droit à la médaille déshonorante. Porter la même distinction que l'odieux Papon, le fourbe Cahuzac, le monstrueux Depardieu, la merveilleuse Horner, serait pour moi un insupportable fardeau, une insulte à mes convictions et ma morale. Je sais, en écrivant cela, que je touche du doigt, le fond du problème, c'est justement ce qui leur manque le plus et justifie leur présence dans la grande et détestable galerie des récipiendaires de notre République pourrie.

Distinctement leur.


Lire l'article complet, et les commentaires