Il y a de l’eau dans le gaz

par C’est Nabum
samedi 12 mars 2022

 

Ce qui n'empêche pas les prix de flamber.

 

Le coût de l'énergie relève de la quadrature du cercle. Il n'y a jamais adéquation entre le prix de la matière première et le coup de pompe que la conjoncture assène à ce bientôt pauvre et toujours malheureux consommateur, dernier maillon, ultime dindon, d'une chaîne qui arpente les arcanes de tout ce qui se fait d'opaque et d'incertain.

La taxe est le moteur de cette savante alchimie tout en étant son meilleur argument pour justifier des sorties de route qui échappent au commun des économistes et des contribuables. Elle est sournoise, fluctuante, gourmande et évanescente. Les prix s'envolent, la taxe suit le mouvement, les prix s'effondrent, la taxe anticipe le retour à la situation antérieure pour maintenir les cours et ne pas provoquer un traumatisme. Les prix remontent, la taxe ne voit pas pourquoi ne pas en profiter et tirer son épingle du jeu. Avec elle, non seulement nous y perdons notre latin mais plus encore, notre pouvoir d'achat.

La taxe d'ailleurs se paie le luxe de se concevoir au pluriel. Par timidité ou par peur de se sentir seule, elle prend plusieurs visages, aime les jeux d'écriture, donne dans le débit pour qu'on lui accorde un peu plus de crédit du côté du ministère des finances. Elle a trouvé dans le monde de l'énergie son Eldorado, sortant toujours gagnante dans sa course effrénée pour combler le trésor public en vidant les bourses des particuliers.

La taxe, longtemps a fait de l'huile son dada, pour apporter de l'eau à son moulin en faisant du gringue aux chevaux fiscaux. Le passage à l'abreuvoir constituant un puits sans fond dans lequel puiser les plus belles recettes, « faire du blé sur le picotin, ça c'est malin ! », des fâcheux sont venus avertir que les réserves risquaient de tomber en panne sèche tout en se chargeant de mettre le feu aux poudres du climat terrestre. Le pétrole filait un mauvais coton, il fallait anticiper une autre filière juteuse.

Pour liquider le problème, le noyau dur de la mafia électrique est parti en croisade pour défendre l'idée saugrenue que recharger ses batteries pouvait rapporter aussi gros que l'or noir. Des compteurs spécieux se sont insinués dans les maisons pour tomber à taxes raccourcies sur celui qui compte rester en prise avec la modernité sans les énergies fossiles devenues obsolètes. Un courant qui avait besoin d'un coup de pouce fiscal pour rester en prise avec les vieilles grivèleries gouvernementales avant que de tomber à taxes raccourcies sur les gogos quand le vilain tour sera joué.

En attendant et pour savoir de quel bois on se chauffe en oligarchie, le nouveau petit père des peuples à remettre en ligne, joue le méchant fouettard du prix du gaz. Pour montrer sa détestable humeur, il ajoute de l'eau dans son gaz de Sibérie, pour faciliter le coup de froid qu'il entend imposer à l'occident. Les prix flambent et par voie de conséquence, ils déroulent le tapis rouge à nos chères taxes qui ne peuvent se calculer qu'en pourcentage.

Le gaz qui s'envole, les frères Montgolfier songent à installer un ballon d'eau chaude chez eux pour remplir cette chaudière à condensation qui était encore il y a peu à la pointe du progrès. De condensation en compensation, de prime en détaxe, de promotion en coup de pub, plus personne ne sait à quel saint se chauffer. Habitués de se faire rouler dans la farine avec leurs véhicules routiers, les citoyens doivent se faire à l'idée que plus rien n'arrêtera l'appétit des tenants des impôts indirects.

Ainsi donc, celui qui joue les pyromanes en se prenant pour un dragon, se permet dans le même temps de jouer les apprentis sorciers en mettant le feu à la planète par l'injonction d'eau lourde dans le gaz russe. Les lois de la physique n'ont qu'à se plier à la logique qui prévaut dans les esprits retors de ceux qui nous gouvernent. Il y a le feu au Lacq, là ou jadis le gaz tricolore circulait encore dans les tuyaux.

Au terme d'un exposé laborieux, je sens que la flamme vacille et qu'elle perd sa couleur bleue. N'étant pas de mèche avec les maîtres du monde, je me suis brûlé les doigts à tenter de clarifier une situation qui risque surtout de mettre le feu aux poudres.

À contre-vent.


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