Il y a de la friture sur la ligne présidentielle

par C’est Nabum
jeudi 12 novembre 2020

Ne pas pousser le bouchon trop loin.

Pour célébrer le cinquantenaire de la mort de De Gaulle…

Notre bon président qui se prend parfois pour le grand Charles a eu à Colombey-les-deux-Églises deux gestes qui l’honorent. Tout d’abord, remplissant le livre d’or de la Boisserie, notre cher Freluquet s’est fendu d’une faute d'orthographe qui en dit long sur son sens de l’état. La faute d’accord « Les traces qui nous permettrons » soulève moqueries et sarcasmes. Qui n’a jamais commis d’erreur lui offre un Bescherelle ! Là n’est pas la question.

Il est plus judicieux d’expliquer la méprise quoique ce terme soit inexact. De la part de notre illustre compatriote, il exprimait sa volonté absolue de ne pas inféoder son verbe à un vague et incertain pronom subalterne, qui plus est relatif, dont l’antécédent a laissé des traces. Il se sent au-dessus de la mêlée et en bon marcheur n’aimerait pas fouler du pied gauche ces misérables résidus.

Le pronom personnel « Nous » ne pouvait que recevoir sa priorité en bon monarque qu’il est. Le roi dit « Nous voulons » et tous s’accordent à mettre ce « Nous » de majesté au premier plan. Voilà donc la méprise expliquée, pardonnée et même absoute. La rectitude n’étant pas à l’ordre du jour de la République en marche.

La seconde mesure est passée totalement inaperçue d’autant que son application stricte au demeurant touchera bien peu de monde. Est-ce par analogie grotesque ou pour satisfaire au lobby des pêcheurs à la ligne qui se sentaient floués par le droit de chasse accordé à leurs collègues équipés d’un fusil, toujours est-il que les rois de la gaule et du bouchon disposent désormais du droit de taquiner le goujon dans des limites strictes.

Le candidat pêcheur doit tout d’abord disposer d’un cours d’eau, d’un étang ou bien d’un bassin à moins d’un kilomètre de chez lui. Ce rayon d’action tient compte également du bas de ligne ou de la cuillère qui font corps avec l’individu. Il convient donc pour la maréchaussée de ne pas jeter le bouchon trop loin.

Par ailleurs, le pêcheur dispose d’une heure, trajet aller-retour compris pour s’adonner à son loisir préféré. Il est donc exclu d’amorcer et d’attendre l’effet de l’appât. Il faut mettre à l’eau son esche le plus vite possible tout en s’assurant de ne pas sortir de la zone circonscrite par la règle administrative. Le pêcheur contrevenant s’exposera à une amende forfaitaire qui accroîtra singulièrement le prix de sa friture.

Il lui appartient également de plier les gaules et de rentrer dans le délai imparti par la circulaire qui stipule que les ennuis de la circulation ne sont pas considérés comme des circonstances atténuantes. Le pêcheur ne doit ainsi pas s’éterniser dans un bouchon ni faire la queue devant un magasin au risque de s’en mordre les doigts.

Enfin, la mansuétude du président a laissé un grand vide dans la règle. Le pêcheur qui n’est pas resté bredouille a naturellement la possibilité de ramener chez lui le résultat de sa pêche. Mais peut-on alors lui octroyer une heure de battement supplémentaire sous le prétexte qu’il promène un animal en voie de domestication ?

Un plaisantin a été verbalisé avec un poisson rouge dans un bocal. Le poisson de rivière ne peut être comparé à ce carassin doré. Le pêcheur devrait pouvoir obtenir gain de cause s’il se retrouve à la barre. Mais encore faudrait-il que l’animal reste vivant et ne finisse pas dans une quelconque recette.

Vous pouvez constater qu’il n’est pas aisé de faire des ronds dans l’eau sans provoquer de grandes conséquences et des questions dont la taille dépendra des espèces. C’est un peu comme le battement d’aile d’un papillon, les répercussions sont innombrables. Ce billet naturellement s’achève par une queue de poisson. Il est temps qu’il s’arrête.

Gaulement vôtre.


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