L’abolition le peuple
par C’est Nabum
mardi 1er juillet 2025
Il ne botte plus mais il touche !
La popularité en berne.
Sous les caméras de télévision bien trop bienveillantes, une scène totalement lunaire, du côté de la face cachée du vestibule du pouvoir, s'est déroulée en préambule de la finale du championnat de France de Rugby. Un homme, désireux de serrer dans ses bras les corps musclés des sportifs s'octroya un petit privilège qui fit faire une sortie de route au protocole.
L'étiquette jusqu'à la descente aux enfers de ce personnage voulait que la présentation des acteurs de la tragédie qui allait se jouer devant quatre-vingt mille spectateurs et quelques millions de téléspectateurs se déroulât sur la pelouse, face à la tribune présidentielle, un tapis rouge permettant au premier personnage de l'état de ne pas souiller ses escarpins, lui qui se cramponne désormais à une fonction qu'il a totalement discrédité.
Quel que soit le temps et les vicissitudes de la vie publique, le rituel jusqu'alors avait été respecté en dépit des aléas de la côte de popularité du « serreur » de pogne et d'accolades affectueuses. On sait le bon peuple versatile et quand celui-ci est dans une arène sportive, il peut avoir le sifflet facile et parfois la huée tonitruante. Il sait bien que proposer du pain et des jeux n'est jamais sans risque pour le maître de cérémonie quand le pain est dure et le jeu faussé.
Des expériences passées qu'il traîne encore comme des casseroles ont découragé ce brave homme. Décidément l'ingratitude de la piétaille est telle qu'en dépit du sacrifice qu'il a fait de sa personne à la France, il n'est pas payé en retour de la juste considération qu'il mérite. Certes des esprits chagrins affirment que, qui sème le mépris récolte la « bronca », mais ceux-là ne sont pas de vrais démocrates respectueux des pompes présidentielles.
Après avoir déjà organisé un grand défilé militaire en repoussant loin de lui ceux qu'il est censé représenter, le locataire du Palais a poussé cette fois le bouchon un peu plus loin encore. C'est dans les arcanes inaccessibles d'un Stade de France qu'il conviendra de débaptiser, que le monarque de l'heure se vit offrir son petit caprice, loin d'une foule incapable désormais de reconnaître ses immenses mérites.
Dans les entrailles du monstre de béton, pour se payer un bain de foule certes, mais trié sur le volet et issu des plus efficaces salles de musculation du pays, le maquignon put tout à loisir serrer des pognes et tâter du flanc dans un cérémonial qui tenait presque de la cérémonie de condoléance au sortir d'un crématorium. Si l'image n'est guère flatteuse, elle recèle en elle, les prémices d'un enterrement de première classe de notre démocratie.
Quelques dignitaires désabusés dans les lumières glauques d'un tunnel préfigurant sans doute la fin d'une époque participaient à ce crépuscule d'un dieu de pacotille : un Jupiter aux batteries déchargées. Seul le capricieux freluquet semblait se réjouir de ce cérémonial tournant à la farce et à la déconfiture des valeurs d'une nation. Le plus étonnant est que cela fut filmé et montré ainsi aux cochons de contribuables qui entretiennent l'immature monarque et sa dispendieuse compagne, réincarnation de la Pompadour.
Le spectacle magnifique que nous proposèrent ensuite les joueurs ne méritait pas ce prologue misérable, expression parfaite de la fin d'un règne alors que sur la pelouse, une chorégraphie somptueuse inaugurait les festivités. Le Boléro de Ravel en ouverture tandis que quelques instants plus tard, la France touchait le fond avec cette pantomime d'un pantin dérisoire, exprimant en conscience son divorce avec la nation.
Au rugby, dans pareil cas, autrefois on remontait la mêlée, on balayait les griefs et les rancunes à grands coups de moulinets lors d'une bataille générale qui remettait tout à plat avant que de repartir du bon pied et se retrouver en fraternité. Je pense qu'il n'est plus que ça à faire dans ce pays pour contraindre ce triste sire à entériner par sa démission son divorce consommé avec le peuple souverain.