La pétaudière de la Raie Publique

par C’est Nabum
jeudi 9 février 2023

 

Pets, horions et langage excrémentiels.

 

Notre brave François Rabelais n'imaginait pas un seul instant que le bon peuple puisse un jour bouter la royauté pour installer à sa place un système assez proche de sa cour du Roy Pétault. Il est vrai que ceux qui fréquentent cette noble assemblée se moquent du peuple du tiers comme du quart, retournant avec délectation au temps heureux ou une seule classe sociale dirigeait le pays.

Le malheur, c'est qu'en cette instance publique et prétendument démocratique, les acteurs sont bien loin de réfléchir in petto. Ils braillent, beuglent, vocifèrent, s'invectivent, éructent, déblatèrent, s'insultent, tonnent et aboient dans un désordre incommensurable pour la plus grande honte de tous ceux qui leur ont confié un mandat.

Ces tribuns de pacotille ne montent pas à la tribune pour discourir, ce serait trop commode. S'ils ont un papier à la main c'est qu'ils pensent s'installer dans une tinette pour déféquer leur haine devant la représentation nationale. Ils entendent ainsi nous montrer ce qu'ils ont dans le ventre tout en honorant l'emblème national. Petits coqs perchés sur un tas de fumier, ils pérorent pour le seul plaisir de la controverse, de la querelle, de l'algarade.

Que dire du contenu de cette offrande excrémentielle ? Point n'est besoin d'une analyse coprologique pour deviner que certains ont des vers dans leurs selles, ce qui justifierait aisément cette agitation désordonnée, ces mouvements compulsifs et erratiques qui les transforment en pantins dérisoires sous les œilletons des caméras.

D'autres, les plus sérieux en apparence font de la rétention. Ils ne disent rien, essuient d'un revers de manche méprisant les fientes qu'on leur jette à la figure. Leur mépris pour toute réponse tandis qu'ils pianotent sur leur téléphone portable, préférant sans doute être ailleurs. Le débat n'a pas lieu, les allocutions ne sont que des diarrhées verbales qui se solderont en tirant la chaîne du 49.3 ou d'un vote convenu d'avance.

À la fin de la séance, les citoyens attristés comptent les bouses tandis que tourneront en boucle les morceaux choisis de cette bataille de latrines sur les écrans asociaux. Nous touchons le fond, la République se déculotte et montre sa moins belle face. Pas surprenant que les quidams dignes, les citoyens intègres, les honnêtes gens se détournent de cette fosse commune dans laquelle s'enlisent notre Démocratie.

Le pourrissement de ce flot nauséeux ne fournira jamais le terreau d'un renouveau. Le spectacle de cet immense composteur est repoussant tout autant qu'exécrable. Les bouches d'égout sont à l'œuvre pour déverser sous les dorures de la Raie Publique, le pire du ressentiment, les effluves d'une société en décomposition.

Serions-nous en droit de mettre une immense fessée à ces tristes personnages. On s'étonne qu'ils se soient déchirés pour des histoires de cravates ou de tenues correctes pour débrailler leur discours à ce niveau. D'ailleurs, est-il ici question de discours ou simplement de dépôt que nul commission, petite ou grande, ne saurait justifier.

Le parlement essuie une tempête tandis que dans la rue, avec une dignité incomparable, le peuple défile pour exprimer son ras le bol. La différence est saisissante tandis que le Roy Pétaud se détourne souverainement de ces batailles picrocholines. Lui se place au-dessus de la mêlée, il a destitué le peuple dès son élection, il n'a que faire de tout ça. Son séant sur le trône, il nous conchie, tout simplement. Il n'oublie pas que « Peto » en vieux français signifiait « Je demande » ce qui suffit pour qu'il se cague royalement de l'agitation actuelle.

À contre-pet


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