La structure ségrégationniste vous salue bien
par C’est Nabum
mardi 11 mars 2014
Détruire ce qui remplit sa mission ....
Segpa, la fin du parcours.
Cette fois, ça y est. La fin programmée de nos structures est dans les tuyaux. Au nom de l'Europe, de la démagogie et des incontournables économies, en septembre 2015 les Segpa auront vécu. Il faut avouer qu'elles ont reçu tant de coups depuis quelques années, que le dernier porté devait finir par leur être fatal. Un tel forfait commis sous un gouvernement qui se prétend de gauche, n'est pas pour surprendre votre serviteur qui sait ne rien devoir attendre de ces lascars.
Ainsi donc, la Segpa est une structure ségrégationniste qui remet en cause le dogme du collège unique, si cher à nos élites ! La belle affaire que voilà ! Oui, mettre en place une structure adaptée aux difficultés réelles rencontrées par des élèves en échec lors des apprentissages, relève de la mesure d'exception. Pour nos merveilleux conseilleurs, il est préférable, sans aucune doute, de noyer ces pauvres gamins dans la masse de ceux qui sont censés bien apprendre.
La mesure portera ses fruits. Les parents seront momentanément satisfaits de ne plus avoir à supporter la stigmatisation de l'échec. Puis, après quatre années de fond de classe et de travaux inappropriés à leurs capacités réelles, leurs rejetons resteront le bec dans l'eau sans avoir pu se préparer à ce terrible principe de réalité. Les démagogues savent bien qu'il est plus facile de bercer d'illusions que de parler vrai !
Qu'est-ce qui relève de la ségrégation ? La structure qui propose un programme spécifique tenant compte des lenteurs d'acquisition, des compétences de base qui ne sont toujours pas acquises, des troubles du comportement souvent associés au désamour scolaire ou bien est-ce cette formidable injustice de la loterie cognitive qui fait que les uns ne disposent pas des mêmes moyens que les autres ?
Supprimer la Segpa ce serait, d'un coup de baguette magique, effacer les motifs de l'échec scolaire. Tout s'expliquerait par la spécialisation. C'est dans le merveilleux brouet du collège unique que vont se régler, par le miracle escompté de la confusion généralisée, les difficultés constatées dès l'école primaire et qui, pour beaucoup de nos élèves, les ont mis en échec au moment de l'apprentissage de la lecture.
Ainsi, pour ces doctes idéologues de l'égalitarisme, l'ascenseur dont disposent désormais nos collèges serait lui aussi un objet ségrégationniste, sous le prétexte fallacieux qu'il serait réservé au seul usage des élèves handicapés ou momentanément invalides. Il est urgent de l'autoriser à tous et de se refuser toute réserve dans son utilisation …
Nos responsables nationaux avaient déjà porté de terribles coups à nos Segpa. Ils ont réduit à néant l'enseignement professionnel au nom d'une culture de la technologisation qui devrait permettre à chacun de rentrer dans une logique d'expertise. Pour eux, un bon ouvrier est une aberration qu'il est préférable de remplacer par un ingénieur sans connaissance du terrain. Ce n'est pas un raisonnement surprenant de la part de ces élites si peu sensibles aux prouesses des métiers manuels.
Alors, ils ne font que tuer ce qu'ils avaient déjà ligoté par des mesures coercitives aberrantes et honteuses. L'interdiction de l'emploi des machines dans nos ateliers était une imposture pour satisfaire aux désirs d'économie des conseils généraux. Oui, nos établissements coûtaient cher tant qu'ils servaient encore à redonner confiance à des mômes qui s'épanouissaient dans la découverte de métiers. Ils sont devenus des centres de désespérance dans l'attente d'une hypothétique place dans un lycée professionnel pour des CAP totalement dévalués et dénigrés.
Pour en finir avec une structure qui démontra à l'époque lointaine où on lui donnait les moyens de ses ambitions, qu'elle remplissait parfaitement son rôle, on l'accuse de la rage : structure ségrégationniste. La belle affaire et le vilain argument que voilà, servi par des responsables qui n'ont aucune dignité ni mémoire. Pendant des années, les Segpa ont tourné grâce à des enseignants qui, dénigrés et déconsidérés au sein même des collèges, ne disposaient ni des mêmes statuts ni des mêmes avantages que leurs collègues du second degré. Pire même, l'administration octroya des avantages aux professeurs d'atelier en les refusant à des enseignants généraux qui restèrent englués dans le statut du premier degré. Qui était ségrégationniste depuis près de 20 ans ?
Les tartuffes sont toujours des jocrisses au royaume de la grande administration française. Cette forfaiture se fera encore dans l'indifférence générale. Qui en effet se préoccupe encore des élèves qui sont en difficulté d'apprentissage ? Ils vont être oubliés, laissés pour compte dans un collège déjà incapable de gérer l'hétérogénéité et à qui on va demander de prendre en charge la déficience. C'est grotesque et ce serait risible si des cohortes entières de gamins n'allaient être condamnées ainsi à perdre leur temps et à faire perdre celui de leurs camarades qui veulent aller plus loin dans leurs études. C'est si facile de faire des économies sur le dos des plus humbles. J'ai mal à mon pays !
Remarquez, vous n'êtes pas sans savoir que nos joyeux drilles de la réglementation, ceux qui imaginent de telles âneries, ne subiront jamais les conséquences de leurs décisions : ils mettent leurs enfants dans des établissements bien à l'abri de ce genre de difficulté. La ségrégation, ils se l'appliquent à eux-mêmes sans en être autrement perturbés. Les principes généreux, c'est toujours mieux pour les autres !
Ulcérationnement leur.