Le lexique savant et amusant de la trollosphère

par Boileau419
vendredi 31 août 2007

Revoyons nos suffixes grecs, latins et français grâce à ce petit lexique savant et amusant du monde des trolls.

Trollade : remarque hostile, méchante d’un troll. Invite une riposte que l’on appelle « controllade » ou « controllarderie ». La «  trollardise » désigne le bagout d’un troll ; la « controllardise » est l’habileté à répondre à un troll. Pour une trollade excessivement longue, voir « trollothon ».

Trollaillon : troll qui vous agace. Pour un troll féminin que l’on n’apprécie pas, l’Académie florentine recommande « trollasse » : « l’unique trollasse du forum ».

Trollalgie : mal de tête violent et persistant qu’éprouvent à la suite d’une trollomachie (voir sens plus bas) les rédacteurs qui se prennent trop au sérieux (ex : La Taverne aux Alouettes), spécialement lorsqu’ils ont eu le dessous (ce qui peut se vérifier aisément au nombre de votes négatifs obtenus). Se soigne au Démialgan.

Trollarche : (1) par contamination avec « patriarche », troll de longue date, vieux troll agorasant. Peut servir à décrire un troll ancien aux réponses particulièrement ingénieuses, spirituelles, fines et décapantes, d’où (2) titre du « Troll de l’An », élu le mardi gras de chaque année sur Agoravox. Le titulaire actuel est Le Chat (mais la concurrence s’annonce très rude pour l’année prochaine !). (3) Troll qui ouvre le feu sur un fil de discussion, position très enviée et âprement disputée sur certains fils. (4) Troll très populaire ou qui reçoit moult votes positifs.

Trollarchie : site ouèbe qui est dirigé ouvertement (ou en secret) par des trolls. De lourds et noirs soupçons pèsent sur Agoravox, notamment en raison de la présence de modérateurs enfoirés belges, et surtout depuis l’intervention de Carlo Revelli au début d’un fil de discussion particulièrement scabreux et trollogène du sulfureux D-W, ce qui lui vaut désormais le titre funeste de « shadow trollarche » voire de « trollocrate ». Une « trollarchie » peut désigner un site ouèbe où les trolls prospèrent en toute liberté. S’ils deviennent majoritaires, on parle généralement de « trollocratie ».

Trollémie : (1) pénurie de trolls causant une chute spectaculaire du nombre de commentaires sur un fil de discussion présentant par ailleurs un intérêt faible, voire nul ; (2) épuisement de la verve d’un rédacteur à la suite de ce phénomène. D. West en a souffert récemment, ce qui l’a conduit à se transsexualiser et à se rajeunir de plus d’un demi-siècle. On soupçonne même que c’est cette trollémie aiguë qui l’a empêché de publier sa tartine de conficulture quotidienne le 30 août, date qui restera dans les annales d’AV comme la « Journée sans Taverne ni Démian ». A l’instar des fameuses journées sans voitures, il y a de bonnes raisons de croire qu’il n’y en aura hélas qu’une dans l’année. Syn : trollorragie.

Trollerie : (1) plaisanterie ou remarque amusante de troll ; humour des trolls que l’on aime ; (2) élevage de trolls ; (3) ensemble des trolls présents sur un fil donné (péj. on dit « trollaille ») ; groupe de trolls.

Trollet (te) : troll que l’on aime et dont on cultive à l’occasion l’amitié par de petites flatteries cajoleuses et des votes positifs sur ses commentaires. Le verbe est « trolletter » : je trollette, tu trollettes, que je trollettasse, etc.

Trolliculaire : petit troll, troll débutant ; commentateur qui essaie en vain d’attirer l’attention en se faisant tout troll ; troll qui s’ignore (Claudette) ; troll de fin de fil et du lendemain que personne ne lit ; troll qui reçoit beaucoup de votes négatifs. Ant. : trollarche. Syn : trollicule.

Trollignol (le) : troll qui n’est pas drôle et ne fait rire personne.

Trollocène : au masc. et dérivé du grec « kainos » : période paroxystique durant laquelle un rédacteur souffre particulièrement des attaques de trolls ; ces attaques lorqu’elles sont massives et continuelles. « Vous ne comprenez pas, Claudette : je vis un véritable trollocène ! » (extrait de La Vie de Pécuchet de J. Florentin, Flammarion, 2007). (2) Au fém. et dérivé du latin « coena » : épisode lamentable d’une trollomachie au cours duquel deux trolls qui s’attaquaient au même auteur (que l’on appelle de ce fait parfois « comtrolls » ou « homotrolls »), oublient leur cible commune pour s’injurier mutuellement et devenir « hétérotrolls » (le terme, selon le prof. Piffard, s’écrit plus correctement « trolloscène »). (3) Par allusion biblique désigne un commentaire d’adieu d’un troll désintoxiqué ou trahi ; commentaire ou article larmoyant d’un auteur blessé par un troll.

Trollocéphale : signifiait à l’origine « fil de discussion ou site ouèbe dont il est avéré que son responsable est un troll ou un trollophile ». A cause sans doute d’une contagion regrettable et inculte avec « cynocéphale », la plus grosse espèce de babouins de la savane africaine, le terme est devenu une injure particulièrement blessante et raciste. A éviter sous peine de poursuites judiciaires lorsqu’on s’adresse à certains rédacteurs hypersensibles.

Trollocosme : site ouèbe ou fil de discussion peuplé de trolls drôles, spirituels et cultivés. Un terme avoisinant - et de connotation plutôt neutre - est celui de « trollosphère », le monde bariolé et gouailleur des trolls, en pleine expansion aux quatre coins de la fine Toile francophone et mondiale. L’adjectif «  trollocosmique » est parfois utilisé pour désigner un commentaire ou un fil de discussion particulièrement trollesque ou comique : « une remarque trollocosmique qui l’a laissé sans voix et sans commentaire pendant trois jours  ».

Trollocrate : personnalité mâle (rédacteur ou simple commentateur - de préférence n’ayant jamais publié d’article) qui s’impose en raison de ses dons de troll ou qui fait régner ses opinions par trolls interposés (trolls réels ou simples avatars). Toujours précédé de « sale ».

Trollocratie : péj. site ouèbe ou forum entièrement dominé par des trolls.

Trollodépendance : état d’un auteur ou d’un fil de discussion, voire d’un forum tout entier, qui ne pourrait survivre sans ses essaims de trolls butineurs. Le terme « trolladdiction » est condamné comme anglicisme par les puristes (voir N. Boileau, Revue du vrai français correct, n°419, 2006). L’adjectif « trollodépendant » est très usité aux côtés du savant « trollotributaire ».

Trollodoxe : digne d’un troll, se dit d’une opinion, d’un article ou d’un commentaire. Sous l’étiquette « Vegetal Trollodox » : nom d’un engrais pour trolls 100% naturel commercialisé par D-W et Zara Whites. L’entreprise mixte, dont la raison sociale se trouvait au 69, boulevard des Folliculaires grabataires, semble avoir fait faillite dès sa fondation.

Trollodoxie : commentaire de troll particulièrement stupide ou drôle (selon l’avis du lecteur) ; rassemblement de trolls ; fil de discussion où ce rassemblement a lieu ; par contamination avec « doxologie » : éloge de troll ou article d’éloge aux trolls (rare).

Trollodrome : péj. site ouèbe ou fil de discussion qui attire ou est infesté de trolls méchants et ennuyeux ; fil de discussion où des trolls rivalisent de drôlerie ou de méchanceté acide.

Trollogène : qui favorise l’apparition de trolls. Se disait des articles de D-W et de ses réponses.

Trollofuge : subst. : troll qui se réconcilie avec un auteur qu’il avait l’habitude d’insulter grossièrement ; troll qui après avoir agoni d’insultes un auteur tente de le flatter par bêtise, servilité conformiste ou compassion bouddhique mal placée (spécialité de Romain) ; adj. : qui lasse même les trolls les plus courageux et bavards par un excès d’obscurité, de platitude ou de fréquence d’apparition. S’applique depuis quelque temps aux articles de D-W.

Trollogramme : commentaire de troll court et particulièrement incisif, genre « va chier dans ta caisse, sale corniaud ! ». Spécialité bretonne.

Trollographe : troll prolifique en commentaires, troll répétitif et donc envahissant. Le Florentin selon la Taverne.

Trollite : lorsqu’un rédacteur se fait troller, on dit de lui qu’il souffre de « trollite », qui peut être aiguë ou chronique. Les rédacteurs qui sont à la fois bêtes ET sérieux en souffrent généralement de manière chronique.

Trollocomédie (abrégée parfois en « trollodie ») : discussion trollée qui est amusante ou se termine sur une note de gaieté. Son contraire est l’affreux et pitoyable :

Trollodrame : discussion entre trolls et un auteur qui tourne mal (procès, dénonciation auprès des modérateurs, menaces de suicide ou d’arrêt des publications, etc.)

Trollogamie : (1) action concertée de deux trolls ; complicité entre deux trolls allant parfois jusqu’au mariage de facto ; se dit particulièrement du couple contre nature Taverne-West, qui est justement appelé une union « trollogame ». La trollogamie n’est pas encore reconnue par la Loi, mais elle a ses avocats inconditionnels (Florentin Piffard). (2) On qualifie aussi de « trollogame » un commentateur/auteur médiocre ou honni qui s’envoie des compliments par un ou plusieurs avatars interposés (d’où les adjectifs recherchés de « monotrollogame  », « polytrollogame ») ; se dit de cet avatar. Selon D-W, Florentin serait le trollogame de Marsupilami. D’où un sens supplémentaire de « trollogamie » : « discussion narcissique et onanique d’un auteur avec lui-même ou avec ses adulateurs, réels ou simplement trollogames ».

Trollologue : spécialiste des trolls ; on les consulte soit pour s’en débarrasser soit pour les attirer ; rédacteur qui écrit sur les trolls ; se dit parfois en guise d’insulte légère à un troll collant. Un nouveau sens est celui de «  personne qui soigne un internaute qui souffre de son état de troll ou des attaques vicieuses de trolls ». Dans ce sens il tend à remplacer « trolliatre », terme tombé en désuétude.

Trollologie : (1) critique pompeuse antitroll venant d’un rédacteur harcelé. On rencontre parfois dans ce sens le terme bricolé de « diatrolle » formé sur « diatribe » : « Une vaine diatrolle qui ne fit qu’envenimer un débat déjà hargneux à souhait. » (2) Etude des trolls. L’adjectif « trollologique » est pédant : « une nouvelle encyclopédie trollologique signée Michel Piffard ». On lui préfère « trollesque » ou « trollique » voire tout simplement « troll » pour désigner tout ce qui est relatif à un troll : « un commentaire très troll  ».

Trollomachie : (1) discussion sérieuse (sur l’art ou le MoDem de préférence) qui dégénère en empoignade verbale ou en échange de quolibets ; discussion haineuse entre un rédacteur trollé et ses trolls personae non gratae. Fréquentes dans les Cavernes du Finistère. Un sport sur les fils de D-W. Aspire à devenir un jour une discipline olympique à part entière. (2) Fil de discussion où le ton de la trollerie est plutôt méchant et sarcastique, voire injurieux.

Trollomane : qui raffole des trolls ; par déformation du sens originel se dit d’un auteur qui dégénère en troll (consciemment ou inconsciemment).

Trollopède : troll efféminé ou qui change de sexe ; troll pédant.

Trollopédie : (1) jeu du troll qui s’amuse à changer de sexe ; plaisanterie de troll efféminé ; (2) commentaire de troll précieux et pédant. (3) Fil de discussion où dominent les commentaires de trolls enjoués qui badinent plus qu’ils n’étrillent leur auteur.

Trollophage : (malgré l’étymologie) désigne un troll haineux et persistant ; s’emploie pour un troll qui s’attaque de préférence à un ou plusieurs auteurs qu’il parasite régulièrement. On dira de ces auteurs malchanceux (ou bénis, c’est selon) qu’ils ont des « trollôtes » ou qu’ils sont « trollophilisés ». On emploie parfois dans ce sens « fidélotroll », terme de formation lexicale douteuse : «  Boileau était jusqu’à il y a peu un fidélotroll de D-W ».

Trollophager : attaquer et bouleverser par des commentaires trollesques au point que le sujet de l’article est complètement oublié à la fois des commentateurs et de l’auteur. Ce dernier, qui ne pense plus qu’à donner la réplique à ses trolls, est dans ce cas décrit comme complètement « entrollé » ; l’emploi du participe passé est particulièrement fréquent : « Aujourd’hui le fil de la Taverne a été trollophagé comme jamais. » Se faire trollophager. Subst. (tjs au masc.) : un trollophagé. Injure : « Espèce de trollophagé ! »

Trollophanie : (1) premier commentaire ou article d’un troll qui deviendra un troll fameux et apprécié. (2) Commentaire d’un troll brillant.

Trollophilie : degré de popularité auprès des trolls ; qui se mesure en trolls par minute (T/m) (grâce au trollomètre) ou par fil (T/f) (par le trolloscope), deux appareils ingénieux dus au génie inventif de Gatsy. Le record absolu est détenu par D-W sur son fil « CW Twombly baisé par Rindy Sam » (263 commentaires) : 15 T/m, soit 262 T/f.

Trollopole  : fil de discussion dont le rédacteur est un troll notoire ; fil de discussion où tous les commentaires ou presque sont dus à la plume de trolls.

Trollose : maladie, dépendance douloureuse de celui qui, devenu un troll compulsif, ne peut plus redevenir un commentateur ou un rédacteur normal et validable. Les symptômes ont été décrits magistralement par J. Florentin sur Agoravox dans un article qui fait désormais autorité parmi les spécialistes. On emploie parfois « trollomanie » dans ce sens, mais cet emploi est critiqué par les puristes (voir C. Piffard de Bergerac dans Revue de Trollologie moderne, août 2007, p. 21).

Trollotaphe  : (1) réponse à un troll qui lui cloue le bec, voire le fait disparaître du site ou du fil de discussion où il se faisait remarquer, ce qui se produit lorsque le troll en question révèle imprudemment son ignorance dans un domaine spécialisé ; (2) site ouèbe ou fil de discussion d’où les trolls sont éliminés ou où un troll a subi une défaite cuisante ; commentateur ou rédacteur qui excelle à clouer le bec aux trolls incultes ; son commentaire.

Trollopothéose (troll + apothéose) : triomphe complet et retentissant d’un troll ou d’une trollerie sur un fil de discussion conduisant à l’abandon permanent ou transitoire d’un auteur. Les termes contraires de « catatrollerie » ou de « détrollade », bien que dans le dictionnaire, ne sont utilisés que rarement, sans doute faute d’auteurs au talent antitroll suffisant.

Trollothèque : (1) site ou fil de discussion riche en trolls de haut niveau de langue et de culture. (2) Synonyme élégant de « trollocosme ». (3) Un sens récent et savant lui a été donné : celui de logiciel reproduisant de manière aléatoire des commentaires de troll typiques (cf. le générateur de Gatsy). A ne pas confondre avec « trollopithèque », injure simiesque rare qui ne s’entend que de la bouche des commentateurs les plus cultivés.

Trollothon (de troll + marathon) : fil de discussion rendu très long par l’accumulation de commentaires trolls ; discussion prolongée entre trolls ou entre un auteur et un troll ; long commentaire de troll, généralement pas piqué des hannetons.


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