Le sirop devient une purge

par C’est Nabum
vendredi 13 décembre 2019

L'universelle panacée

La retraite Universelle ! La belle idée que voilà avec une dimension qui semble dépasser toutes les frontières pour s’appliquer sans doute à la Planète toute entière. La France, phare de la civilisation retrouve sa vocation à transcender toutes les différences, à donner à chacun un idéal qui deviendra, par la magie du verbe, la panacée de ces temps incertains.

Universalité dressée comme oriflamme. Le grand prince du Palais, Freluquet le grand, tient le cap et contre vents et navrés, s’arcboute à sa merveilleuse idée. Le même système pour tous les citoyens, l’égalité enfin replacée au cœur de notre République. Nous en tremblons d’émotion, nous vivons là des instants historiques qui feront de ce Président, accident de l’histoire et Chimère inventée par les médias et les banques, le Phénix de la troupe.

Hélas, au moment d’avaler la potion, de suivre la prétendue nécessaire purge, chacun se rend compte qu’il y a un loup dans la bergerie. On se prépare à des sacrifices, c’est devenu la seule certitude désormais dans ce système qui pour enrichir toujours plus quelques-uns a besoin de réduire les plus nombreux à la misère. Le médicament relève du laxatif. Nos poches se videront pour mieux satisfaire l’appétit des assureurs et autres canailles qui se préparent à vendre des retraites par capitalisation.

La chaise percée est notre horizon. Tandis que ceux qui au nom de la solidarité, du partage, de la cure d’austérité, de la justice même (comme si cette magnifique notion influençait les décisions de nos prétendus représentants dans cette République bananière) nous mettent à la diète pour nos vieux jours.

Rassurez-vous, l’Universel s’arrête aux portes du parlement. Députés et sénateurs, ministres et autres serviteurs de l’État s’exonéreront généreusement de participation à l’effort commun. Les courtisans savent qu’à se courber devant le Prince, ils conserveront éternellement des privilèges trompeusement abolis une certaine nuit du 4 août qu’il convient vite d’oublier.

Dans un élan de générosité à nul autre pareil, les privilégiés pensent opportun d’épargner les gueux qui assurent leur protection et maintiennent l’iniquité dans la nation. Le bras séculier qui se verra exonéré lui aussi d’un principe dans l’universalité commence à battre de l’aile. La France se gouverne à coups d’exceptions, de niches, de mesures spécifiques qui concourent toujours à engraisser les uns et amaigrir les autres, les plus nombreux.

L’universel se contente donc de s’appliquer aux pauvres gens, les travailleurs ordinaires, les employés et tout ce menu fretin qui n’a jamais droit aux banquets de la cour. L’exemplarité est une manière de gouverner totalement inconnue dans ce microcosme qui accumule de manière scandaleuse des passe-droits, des avantages, des immunités, des privilèges qui font de notre République une Monarchie. Chauffeurs, Palais de fonction, avions privés, dégrèvements fiscaux, la liste est bien trop longue de ces petits arrangements avec la morale démocratique pour attendre d’eux, la moindre loi universelle.

Ce n’est pas la prochaine loi sur les retraites dont il convient d’exiger le retrait, c’est bien cette cinquième République scandaleusement bienveillante pour tous ces caciques et apparatchiks qui doit disparaître à jamais avant que de penser enfin à établir des règles véritablement universelles dans ce beau pays de France. En attendant, le bras armé de la répression pourra continuer d’abattre sur le peuple en colère sa violence disproportionnée, la récompense est au bout de leur absence totale d’empathie pour leurs frères et sœurs, les citoyens ordinaires.

Freluquet et sa première dame, les anciens présidents, les premiers ministres précédents, les grands serviteurs de l’État pourront gréver éternellement le budget de la nation, nous sommes tous les couillons qui payons cette mascarade.

Universellement leur.


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