Le tout à l’ego culturel

par C’est Nabum
jeudi 16 mai 2013

Spécial Cannes !

L'empire des vanités.

Briller et être célèbre. Flamber et paraître. Se montrer pour exister, être flatté pour subsister. Une tête d'affiche, son nom sur un ouvrage, son portrait dans le journal, la course folle à la notoriété occupe bien assez d'orgueil de pacotille pour mettre un candidat de plus dans cette vaine foire aux vanités. Je passe mon tour, n'ayant d'ailleurs aucun talent pour supporter les grimaces.

Mais, que pourrai-je bien faire dans cette pétaudière ? Pourquoi faudrait-il agir pour mettre en avant le plus futile ? La personne n'est rien, c'est ce qu'il fait qui est le plus important. Alors à quoi bon ces séances de signature, ces autographes totalement inutiles, ces photographies à côté de l'idole ? Tout ce qui réduit la création à la seule façade n'est qu'illusion et détournement.

Combien de livres achetés pour un simple gribouillis de l'auteur alors qu'ils ne seront même pas lus ? Combien de disques achetés au sortir d'un concert pour avoir un mot du chanteur alors que plus jamais, vous ne réécouterez ses chansons ? Tout passe, tout lasse et seules désormais les images restent ou bien les signes dérisoires d'un moment incertain.

Les magazines sont emplis d'artistes fictifs, de créateurs pré-fabriqués, de talents artificiels. Seule leur image compte, seul le récit d'une vie trépidante atteste de leur valeur supposée. Le cinéma n'échappe pas à la mode des paillettes et de la vacuité. Qu'on puisse le qualifier encore de septième art semble de plus en plus constituer une aberration. C'est un défilé de pantins et de starlettes aussi creux les uns que les autres, aussi fats et vides que leurs sourires sont factices.

On nous bassine en évoquant alors d'antenne la culture alors que ce n'est plus qu'un vulgaire business commercial où l'opinion n'a plus aucune valeur. Les journalistes sont des adorateurs patentés, des valets au seul service du fric, du copinage, des renvois d'ascenseurs et autres courbettes indignes. Ne jamais croire le plus petit éloge télévisuel, il est effectué sur commande sans la plus petite parcelle de sincérité.

Pendant ce temps, les vrais artistes, les véritables talents, les génies de ce temps croupissent dans l'anonymat et l'indifférence. Plus rien ne permet désormais de croire que le cirque médiatique donnera sa chance à ceux qui ont quelque chose à dire. Il faut des humoristes conformes, des écrivains vendeurs, des chanteurs sans texte, des artistes aux dents blanches, propres sur eux et totalement interchangeables.

Puisque la culture est simple produit, il est naturel que les têtes de gondole soient peuplées de pantins dérisoires, de poupées futiles. Il est encore plus logique que le public s'arrache la vitrine et ne se préoccupe plus du tout des contenus de ces boîtes creuses. Tous les produits culturels sont soumis au lois du commerce. La date de péremption n'est pas inscrite sur la pochette, pourtant on sait désormais que pour un film tout se joue le premier mercredi, que pour un livre, le premier mois lui sera fatal.

Plus rien n'est consistant, plus rien ne prend le temps de mûrir. Il faut plaire immédiatement, il faut séduire et ne surtout ne rien changer. On ne veut plus d'humoristes qui remettraient en cause la société, des films qui dénonceraient les tares de notre monde, des chansons qui portent des révoltes, des livres vraiment écrits par leur auteur. Les libraires disparaissent, les cinémas deviennent des chaines insipides, les salles de spectacles ne se remplissent que pour les valeurs confirmées.

La culture labellisée par les grands groupes médiatiques, c'est désormais une diarrhée infecte, une logorrhée pompeuse, un album de famille où les fils et filles de leurs parents prennent la suite comme dans les dynasties d'avant. Est-ce le talent qui est génétique ou bien le piston qui atteste de la compétence supposée ? Le public de toute manière marche dans toutes les combines et prend pour argent comptant ce qu'on lui sert avec de jolis sourires.

Osez aller à la rencontre des artistes, les humbles, les anonymes. Ne croyez plus vos journaux et vos radios. Les médias font commerce d'éloges, ils exposent des produits, ils n'ont plus aucune curiosité ni aucun esprit critique. Ils sont conformes et mettent en avant ce qui ne leur fera jamais tort. La curiosité, le risque, l'envie de découvrir, le bonheur d'une rencontre, le goût de l'inattendu, le refus du stéréotype sont les envies qu'il faudrait mettre en avant.

Osez et cessez d'être de bons petits soldats de la culture, bassement, totalement, exclusivement vénale !

Culturellement vôtre.

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