Les « démenteries »
par C’est Nabum
mardi 18 juin 2019
Le syndrome du pot de confiture …
La scène vous amuse. Elle est beaucoup moins drôle quand le charmant bambin est un élu de la République, surpris dans quelques turpitudes confiturières. Chacun avait remarqué son embonpoint et sa bonhommie. L'augmentation du train de vie qu’impose sans doute la fonction dans un pays résolument monarchique n’explique pas tout. Les joues replètes, le teint coloré, l’œil brillant et polisson, il y a sans doute tartine sous roche …
La vox-populi bruisse de gourmandises avérées ou non. On murmure sous le manteau des friandises dont le gourmand serait avide. On s’en délecte par procuration, la gaudriole tout autant que la bonne chair sont les piliers de notre esprit gaulois. À défaut de passer l’éponge, le bon peuple est tout disposé à mettre son mouchoir sur la chose, les bruits d'alcôve ou bien de garde-manger ne sont pas de nature à provoquer une indigestion, bien au contraire !
Un organe de presse douteux puisque satirique expose pourtant par le menu les délicats mets dont notre bon Pantagruel s’est délecté à travers la Planète. La gourmandise suppose d’aller loin pour découvrir de nouveaux plaisirs, fut-ce aux frais de la Princesse. Rien que de très logique dans tout ça. Pourtant, les Pince-sans rire, les obsédés de la diète et du régime, ceux qui n’ont jamais compris le mot « épicurien » se donnent la main pour le montrer du doigt.
De plus retords veulent lui faire rendre gorge. Celui qui a pêché par les nourritures terrestres doit selon eux, mettre tout sur la table, déballer la vérité et se repentir. C’est faire fi du syndrome du pot de confiture. C’est atavique c’est le bambin goulu cette habitude de nier devant l’évidence. C’est plus compliqué pour le galopin adulte, il convient de mettre les formes replètes ailleurs que dans le veston.
Le mieux est d’attaquer, de renverser les rôles, de démontrer non pas sa bonne foi(e), l’organe risque d’être touché par tant d’excès, mais plutôt sa légitimité à picorer ainsi au hasard de ses déplacements professionnels. Le bel oiseau, quelque peu replet, change régulièrement de nid. Sa dignité suppose qu’il soit confortable. Il en administre la preuve, sans se soucier de la moralité de la chose.
La caissière a bien fait son travail. Les notes de frais sont attestées. Il n’y a pas excès puisque tout cela se déroule dans le cadre légal. Il convient de ne plus pointer la chose au risque de subir les foudres d’une justice toujours au service des puissants. La balance n’est pas le pèse-personne, l’évidence n’apporte jamais la preuve du sur-poids.
Tout cela naturellement serait fort drôle si ce n’était nous qui devions nous mettre au régime pour assumer la farce. Paradoxalement, nous sommes des oies que l’on gave en propos creux et en arguties délétères. Il conviendrait de prendre garde que nous ne finissions pas par faire si grande indigestion que notre colère nous pousserait à préférer la fessée au régime maigre. À trop nous contenter des queues de cerises, nous allons nous aussi de servir de belles louches de soupe à la grimace.
Gastroniquement sien.