Mon pourfendeur patenté
par C’est Nabum
vendredi 12 mai 2017
Ce cher ROBERT !
Il existe quelque part, en ce vaste monde, un homme qui m’exècre, qui me vomit, qui se complaît à forcer son aimable nature , mettre au supplice son noble tempérament, pour venir commenter chacun de mes articles. Il pousse alors la souffrance en déversant des tombereaux de haine sur ma pauvre prose ; dans ses vaines tentatives de se rabaisser à mon indigne niveau. N’a-t-il donc rien d’autre à faire que de cracher son venin, sans surprise ni originalité ? Chaque visite est accompagnée d’une critique, d’une attaque en règle, d’une belle saloperie. La régularité de son propos a ceci de merveilleux qu’elle ne provoque ni l’exaspération, ni la surprise. Avec ce brave Robert, je ne peux m’attendre qu’au pire ; et c’est en cela qu’il me rassure et me réconforte.
Curieusement, depuis que je sévis ainsi sur la toile, il se trouve toujours un ou deux personnages de son acabit pour venir tenir le flambeau de la critique exacerbée, du propos assassin, de la réplique vacharde. Je ne sais ce que doivent être les journées de tels personnages, toujours sur la brèche pour se fendre de phrases détestables en guise de commentaires. Faut-il donc être malheureux ou bien incapable de la moindre sensibilité pour se monter ainsi, toujours vindicatif, toujours agressif, toujours négatif !
Ce brave Robert, à l'instar de ses devanciers, brille par sa discrétion. Mis à part ses commentaires désobligeants, abrasifs et parfois corrosifs, pas la plus petite trace d’expression personnelle. L’homme ne vient que pour critiquer, sans jamais proposer sa vision de cette société, sans prendre le risque de se tromper ou de se fourvoyer dans un écrit en propre. Lui, n’est là que pour détruire sans jamais construire. Ce monsieur n’écrit pas : dans cette folle détestation de son voisin et de l’humanité tout entière, sans cesse il rature .
Qu’est-ce qui me vaut cette fidélité dans la détestation ? J’avoue n’en rien savoir, tant sa constance dans la nuisance s’exprime tous azimuts, sans logique ni cohérence. Il pourfend tout ce que je peux écrire, récuse mes propos, rabaisse mes réponses. Il me méprise, me déconsidère, m’ignore avec une suffisance merveilleuse. Je dois constituer en fait son repoussoir absolu, son mètre-étalon de la médiocrité ou de la haine.
J’avoue que son absence m’inquiète, me dérange, quand il dédaigne mon billet, passe son chemin sans la moindre saillie. Quand ce brave Robert me boude, j’ai comme la certitude que j’ai manqué ma cible que je n’ai pas glissé le poil à gratter qui le démange. Dans pareille circonstance, je me considère délaissé, en désamour et mon cœur saigne de tant d'indifférence.
Robert est mon repoussoir absolu, le brave contempteur qui me place au-dessus du commun. C’est à la persistance de ses adversaires qu’on identifie les véritables nuisibles. Robert serait-il mon bâton de maréchal, mes lettres de noblesse ? Quand il pointe sa vacherie, sa réplique qui fuse et qui dénigre, je suis certain d’avoir vu juste, d’avoir touché la cible. Il m’est devenu , au fil du temps, précieux et nécessaire ; et je voulais profiter de ce billet pour le remercier chaleureusement.
Il est l’avers de ma prose, le négatif de ma pensée, le double maléfique du personnage virtuel. Robert est la face obscure, le reflet déformant dans le miroir diabolique. Il atteste, à chaque apparition, de la nécessité de continuer la folie dans laquelle je me suis lancé. Il est mon plus fidèle lecteur, même s’il s’en défend en de vains cris d’orfraie.
Je voulais lui dédier un hommage : un petit texte vantant sa constance et sa détermination. Il ne baisse jamais les bras ; toujours disposé qu’il est, à quelques doigts d’honneur, qui m’honorent et me gratifient. Robert est un garçon précieux, le parangon de l’intelligence. Avec lui, je sais que je ne serais rien rien si je n'avais l’insigne honneur d’être honni par un personnage si brillant, si intelligent, si omniscient.
Je dois m’abaisser devant son immense grandeur, sa pertinence et sa virtuosité dans l’attaque sournoise, le coup bas et la belle vacherie. Avoir un ennemi de ce talent vous grandit, vous place sur un piédestal. Grâce à lui, je me sens utile et apprécié. Je sais qu’au fond de son cœur, il me voue une admiration sans borne, que totale est son adhésion à mes thèses et à mes positions. C’est seulement par timidité ou par discrétion, qu’il n’ose exprimer sa reconnaissance.
Je voulais donc lui signifier par ce petit hommage, que je n’étais pas dupe et que j’avais compris son petit jeu : le message qu'il veut m'adresser en filigrane .Alors, sans honte et sans pudeur, je lui adresse mes plus sincères remerciements. Robert, surtout, ne te déjuge jamais, tiens bon ; je suis si fier de bénéficier de ta précieuse amitié ! Robert, tu es mon phare et ma bonne étoile. Merci à toi, l’ami fidèle . Tu me persuades de continuer à t’offrir, chaque jour, des écrits qui provoqueront ton courroux. Ne change surtout rien à ta manière de vouloir ainsi tout détruire !
Remerciement sien