Notre Dame : Dieu est sacrément en pétard, il a chapitré Jupiter

par Patrick Samba
mardi 16 avril 2019

Pas content Dieu. Mais alors pas content du tout. Ayant observé l’enregistrement de l’allocution du Président de la République, son sang n’a fait qu’un tour. Résultat, une heure avant sa diffusion ses foudres se sont abattues sur la charpente de Notre Dame de Paris. Renvoyant la lecture de la copie présidentielle sine die. C’est malin, tout ça va nous coûter un pognon de dingue.

Mais que pouvait donc contenir de si blasphématoire l’allocution de son jésuitique président portant le même prénom que son fils unique et bien aimé, premier théologien de la Libération et communiste avant l’heure ? Oh, ce n’est pas bien difficile à imaginer. Il avait dû omettre de rétablir l’ISF, l’impôt sur la fortune, confirmant son refus de se soumettre au peuple en gilet jaune de France, la fille ainée de l’Eglise, et persistant à se vautrer dans un libéralisme consumériste et dépravé, illustré par une fête de la musique inqualifiable à l’Elysée l’année dernière et par un comportement tout aussi inconvenant à Saint Martin quelques mois plus tard.

Et comme si ça ne suffisait pas, il venait de prendre une décision dont Dieu était forcément au courant : celle de sauver EDF de la faillite par une renationalisation de sa branche nucléaire. Appliquant une fois de plus le célèbre principe néolibéral, lequel se résume à une simplissime et très rentable privatisation des profits agréablement confortée par la socialisation des pertes. Le Père du premier communiste au Monde avait toutes les raisons du même Monde de voir un peu rouge…

 

Mais, et s’il n’y avait rien de métaphysique dans tout ça ? S’il ne s’agissait que d’une simple coïncidence ? Celle par exemple de la négligence d’un ouvrier, gilet jaune ou pas, ayant laissé trainer son rabot électrique sans fil - défectueux comme les soudures et l’acier de la cuve de l’EPR de Flamanville - sur un lit de copeaux ?

Oui bien sûr, mais... et s'il s'agissait de tout autre chose ? Si tout cela n'était finalement que le résultat d’un acte intentionnel ? Pas forcément celui d’un islamiste daéchien même si la revendication devrait logiquement apparaitre dans les heures qui viennent, mais celui d’un service secret étranger ?

« N’importe quoi ! », « Idée de paranoïaque » vous exclamerez-vous indigné, ou évidemment incrédule.

Ou tout bonnement inconséquent !

Auriez-vous la mémoire courte ? Avez-vous oublié qu’il n’y a pas si longtemps le cerveau électronique de l’EPR de Flamanville a été visité et probablement saboté ? Par qui ? A ce jour personne ne le sait. Du moins officiellement. Et avec quel effet ? Aucun, cette rocambolesque et inquiétante menace n'ayant guère suscité de grande circonspection, interrogation et prudence de la part de nos dirigeants. Le processus de mise en marche a continué comme si de rien n'était. Et pourtant il n'est pas absurde de suspecter l'action de quelques services secrets de nations étrangères particulièrement excédées de l'irresponsabilité crasse et de la perfidie des nucléocrates français, en particulier dans le programme EPR.

Et aux tous premiers rangs desquels on peut suspecter ceux de nos voisins immédiats.

Les Britanniques notamment, dont certains dirigeants, en cette période si déstabilisante de Brexit qui ferait perdre tout repère au plus solide navigateur, sont affolés par la construction à Hinkley Point de deux EPR semblables à celui en bien piteux état de Flamanville, et - cerise étonnamment blette sur le gâteau - « dont l’exploitant bénéficiera d’un tarif garanti de rachat de l’électricité qui sera produite par la nouvelle centrale à 92,5 livres (104,35 euros) par mégawatt/heure pendant 35 ans ». Un prix totalement abusif au regard des tarifs actuels et futurs du marché du renouvelable. N'y aurait-il pas motif à expression d'exaspération majeure face à un projet aussi insensé ayant déjà provoqué, évènement assez peu mineur, la démission bruyante d'un directeur financier d'EDF ?

Les Allemands, engagés dans une sortie volontariste de la filière nucléaire ne sont-ils pas excédés de la fermeture imaginaire de Fessenheim ? Et du danger inouï que représente l’EPR de Flamanville ?

Et il y a aussi les Luxembourgeois et les Suisses, dont les services secrets ne sont peut-être pas dotés des mêmes moyens que les précédents, mais qui ne sont pas moins inquiets de la présence à leur frontière de centrales angoissantes. Le Luxembourg est même prêt à payer, et cela depuis plusieurs années, pour voir fermer la centrale de Cattenom ! Quant à la discrète Suisse, qu’on imagine bien lotie en experts informatiques bancaires très certainement capables de bidouiller un cerveau électronique d’EPR qui est une véritable passoire, n’en serait-elle pas arrivée, exténuée par ses innombrables démarches auprès de la Justice et du gouvernement français visant à la fermeture de la redoutable centrale du Bugey, à un acte désespéré ? Quand la peur d'être rayé de la carte ne peut pas être entendue, quoi de plus simple en effet et ne nécessitant guère de moyens logistiques que de finalement mettre le feu aux combles sans surveillance d’une cathédrale en travaux ?

Et les Américains voient-ils d’un bon œil la coopération de la France avec la Chine sur un sujet aussi sensible que le nucléaire via la technologie EPR ? Et la Russie ?

Et pour d'autres raisons, la Syrie ?

Et le Yémen ?

Et…

 

Alors, au final, et quelque soit l’origine de l’incendie de Notre Dame de Paris - la main de Dieu, les effets de la synchronicité ou les méfaits d’un service secret étranger - Emmanuel Macron n’a à l’évidence plus qu’une alternative pour maintenir la cohésion nationale : restaurer l’ISF, renoncer à la renationalisation de la branche nucléaire d’EDF et avant tout renoncer au démarrage de l’EPR de Flamanville.

Il voulait sa révolution ? Elle pourrait se résumer à peu de chose finalement.

 


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