Par la grande porte du verger

par C’est Nabum
mercredi 25 mai 2022

 

Les fruits défendus, les fleurs déflorées …

 

Entrez par la grande porte du verger du Palais, il y a encore des jardiniers qui ont dans le passé effleuré un pistil sans son consentement. En bons pollinisateurs, certains de leur puissance, ces rois du râteau et de la binette se sont passés d'un accord pour voir la feuille à l'envers. Sans adhésion des deux parties lors de cette fusion merveilleuse qui ne doit exister que dans la plus absolue concorde, le jardinage tient davantage lieu de labourage et du sarclage.

Bien des jardiniers, jouent encore du plantoir avec persuasion, virulence et parfois d'odieux stratagèmes pour arriver à leurs fins. C'est là, une détestable expression de ceux qui veulent récolter sans jamais s'aimer. Du reste, dans les allées du pouvoir, la fine fleur de la gente masculine fait collection de bouquets changeants, de fleurs dérobées, de fruits mal défendus qu'ils cueillent sans en demander l'autorisation. Pire encore, certains sont si pressés qu'ils n'attendent même pas que le fruit soit mûr ou la fleur déclose. C'est là pratique honteuse qui les marque à jamais du sceau de l'infamie et n'en fait pas moins des individus au-dessus du panier, la main prompte à s'y glisser.

D'autres s'estiment en position de supériorité pour parvenir au même résultat en laissant miroiter un arrosage plus fréquent, un changement de massif, une mise en valeur qui apportera des bienfaits ultérieurs à la fleur convoitée. Le vol du bourdon est un leurre, une manière insidieuse de briser les défenses, de prendre et de ne jamais rien donner véritablement en échange.

Bien des grands jardiniers de nos palais usent de telles stratégies. Le plus désolant alors c'est qu'en dépit des rumeurs, des accusations, des soupçons, ils restent droit dans leurs bottes, la justice jouant du sécateur pour élaguer les rejets, les pourvois en castration. Certains brillent même dans les hautes sphères tandis que leurs victimes se fanent misérablement sur le bas-côté.

Les pratiques n'ont guère changé en dépit des promesses d'une culture respectueuse des plantes et des rythmes naturels. Il y a même de grands personnages de l'état qui se sont spécialisés dans le bouturage en terre lointaine, tentant parfois le marcottage, laissant bien des stigmates derrière eux. La culture ne fut pas toujours à la fête et la musique ne fut pas une manière de le dire avec des fleurs dans certains jardins et belles villas médicinales.

Un jardinier de l'intérieur a repoussé les accusations. La droiture du tuteur ne peut être remis en cause quand celui-ci tient le manche et la cognée. Les plantes courbent la tête, avalent l'humiliation et se désolent de voir ainsi leur tourmenteur parader de saison en saison, de remaniements en nouvelles saisons. Le ver est dans le fruit de l'antienne : « Maraîchage nous voilà ! »

Le noyau dur, les pépins sont réservés aux belles plantes qui seront coupées en plein essor et laissées là, misérablement tandis que les princes du plantoir poursuivent leurs brillantes ascensions. La fine fleur masculine de la floriculture avance à visage découvert avec de gros sabots tandis que leurs victimes portent un chapeau de paille, épouvantails que les médias évitent de mettre en lumière.

Les allées du pouvoir ne sont nullement débarrassées des mauvaises herbes, des plantes invasives, urticantes et nocives. Même en confiant la composition florale et arboricole à une femme, il se trouve encore dans son équipe de campagne des jardiniers aux pratiques douteuses, au passé si peu vertueux que les abeilles s'en offusquent. Il y a de quoi avoir le bourdon au spectacle sans cesse recommencé de la greffe qui ne prend pas entre morale et politique. Le pouvoir du jardinier sera toujours si puissant que les pauvres fleurs, les malheureux fruits succomberont à une passion non partagée.

Comprenez bien pourquoi ce texte n'a rien d'un jardin à la française, les allées sont biscornues, les massifs épais et impénétrables si j'ose employer cet adjectif. Il faut être prudent en la matière, les véritables coupables sont protégés et ce sont toujours les petites fleurs qui déchantent.

À contre-vent.


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