Plus ils sont de fous, plus on trie

par C’est Nabum
samedi 10 décembre 2016

L’embarras du non-choix.

Alors que les devantures de nos magasins regorgent de marchandises toutes plus alléchantes les unes que les autres, que les produits d’appel envahissent les têtes de gondole, que la publicité promet monts et merveilles en catalogues et en écrans publicitaires, toujours plus aguicheurs et enjôleurs, un phénomène curieusement inverse se produit du côté de la boutique socialiste.

Étrangement, depuis que l’on a retiré le mannequin qui servit d’épouvantail depuis bientôt quatre ans, un étrange appel d’air a provoqué l’arrivée en vitrine de toute une cohorte de prétendants à la braderie d’avril. Il y a là un comportement qui déjoue les lois du commerce. Jamais un vendeur digne de ce nom ne multiplierait les offres d'achats quand le client vient à manquer cruellement. C’est prendre le risque de le perdre définitivement : ce que ne semblent pas craindre ces produits à la date de péremption largement dépassée.

La vitrine ne brille guère pourtant. Les lumières se sont progressivement éteintes, la plupart des produits proposés à ce qui reste de clientèle resteront dans l’ombre, oubliés ou bien inconnus, démodés tout autant que dévalués par des services jamais rendus. Quant aux rares têtes d’affiche, elles ont si mauvaise mine que plus personne n’a envie de mettre un kopeck sur elles. Il est vrai que, depuis fort longtemps, ce magasin ne se fournit pas du côté du Kremlin.

Les vendeurs pensent ainsi que multiplier les produits en vitrine c’est exprimer la vitalité de la production, de la diversité des courants et des modes. Hélas, c’est faire grave erreur que de croire que la clientèle va s’enthousiasmer devant des différences infinitésimales, des nuances si minces qu’il est parfois impossible de distinguer une marchandise de sa voisine. Même les modes d’emploi ne permettent guère de s’y retrouver.

Si au moins il y avait de la braderie dans l’air, mais non, la marchandise en provenance de Lille est restée dans le Nord, parfaitement déboussolée devant la faillite promise. Même la chocolaterie Royale ne se lancera pas dans le commerce printanier. Depuis longtemps personne n'ignore que les derniers clients disposant d’une carte de fidélité ne goûtent guère la gent féminine.

J’avoue ne pas comprendre qu’aucune étude de marché n’ait été entreprise avant de décorer ainsi la vitrine. Plus on est de fous à revendiquer l’investiture, plus les adhérents vont trier. Quelle terrible erreur ! ce sera tout le contraire, ils vont baisser les bras : d’autant qu’ils ont été échaudés par tous ces produits qu’ils ont dû retourner pour promesses abusives, qualité discutable et résultats non conformes à la fiche technique. Trop c’est trop : il n’y aura pas de tri mais simple désertion des déçus irréconciliables.

Les derniers mannequins exposés à notre indifférence frisent le ridicule. C’est un défilé de rossignols dont plus personne ne veut, de jolis chanteurs qui se contentent de se gonfler les plumes pour finalement ne rien faire de ce qu’ils avaient promis. Proposer une marchandise devenue obsolète, la faire passer pour neuve alors qu’elle est, non seulement usagée, mais parfaitement dégradée, relève de l’inconscience commerciale.

Déjà dans la rue se massent d’anciens acheteurs qui n’ont qu’une envie : transformer la devanture en un formidable chamboule-tout. Ce n’est plus la foire du Trône du reste ; ils sont tous promis à un long exil loin des allées du pouvoir. Ce sont les soldes pour tout compte, l’ultime exposition de leurs vanités. L’étiquette est décousue ; certains s’apprêtent à changer de camp bientôt, à passer dans les catalogues d’en face.

Il s’en trouvera peut-être prochainement sur des annonces du bon coin pour quelques conférences dans des maisons de retraite, des centres Alzheimer, de lointaines républiques bananières. Ils réciteront encore et encore les phrases creuses, les discours oiseux qu’ils ont tenus jadis mais auxquels, au fond d’eux-mêmes, ils ne donnaient aucune créance.

En attendant, si vous passez devant la boutique socialiste, détournez la tête. Le spectacle est si misérable qu’il convient de ne pas lui accorder la plus petite importance. Les soubresauts d’un parti politique en totale décrépitude sont toujours pathétiques ; les agitations avant l’agonie brisent le cœur de ceux qui, jadis, se faisaient prendre aux pièges de leurs mensonges. Ne vous faites plus de mal, oubliez-les !

Démarquagement leur


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