Quand le réseau social se fait électoral
par C’est Nabum
mardi 18 février 2020
Ils se « trumpent » d’endroit
Ils doivent tous s’inspirer de l’immense président américain, tous ceux-là qui nous réclament d’aimer leur page facebook consacrée à leur candidature comme si les prochains résultats dépendaient de leur nombre d’amis virtuels. Pire, ils ne se soucient même pas de savoir si vous êtes électeur dans leur commune avant que de venir quémander un soutien qui ne coûte rien. La vacuité devient la règle dans ce monde politique qui choisit ses références parmi ce qui se fait de pire.
Si cette demande désolante ne suffisait pas la campagne se poursuit à coup de slogans réducteurs et de clichés flatteurs. Voilà où ils en sont rendus ceux qui pourtant dépensent des sommes folles pour une campagne qui se fait pratiquement invisible. Où passe l’argent ? Il y a peut-être des sympathisants embauchés derrière les écrans pour occuper la toile ! Il convient de reconnaître que c’est un endroit plus facile à arpenter sans risquer de mauvaises rencontres.
L’injure ou le propos virulent si jamais ils surgissent peuvent être aisément effacés, laissant ainsi place aux seuls admirateurs de candidat. La toile peut bruisser de ses immenses mérites, de son infatigable capacité à arpenter le terrain, de sa disponibilité pour répondre aux uns et aux autres. Le candidat a le don d’ubiquité et si jamais ça ne suffisait pas à ratisser large, il dispose de fidèles sur sa liste pour faire de même.
La toile est devenue le lieu non pas du débat mais du simple étalage des mérites auto-proclamés de postulant. Voilà bien l’influence de Trump, le vide tient lieu de discussion, le débat se résume à une accumulation de lieux communs, de flatteries et d’auto-célébrations. Curieusement tout ceci, au lieu d’inquiéter le futur électeur semble le conforter dans sa propre insignifiance, se contentant à son tour de glisser des « J’aime » sur la bobine de son favori.
Face de bouc est donc la salle d’attente de l'isoloir. Comme ces charmants prétendants nous prennent pour des moutons, la logique est bonne, la démarche confortable. Bientôt nous voterons sur nos téléphones portables en cliquant sur un émoticône, sommet contemporain de la pensée citoyenne. Les sondeurs se satisfaisant désormais de contrôler les compteurs pour prévoir les résultats du prochain vote.
C’est en nous abreuvant sans cesse de messages qui tendent à nous faire croire que notre avis les intéresse, que désormais la politique ne sera que participative et résolument démocratique. Tout ceci dans un contexte de développement durable qui affecte de ne pas voir la débauche d’énergie pour assurer cette parodie de campagne médiatique. Nous touchons le fond avec une constance qui mérite d’être soulignée.
Le candidat est photographié, filmé, adulé. On peut même bénéficier du direct pour le voir serrer une main sur un marché ou bien tenir une discussion sur un sujet essentiel. Il est en permanence sous le feu d’un objectif qui le suit à la trace. Il fera don de sa vie privée à la ville pour peu qu’il soit élu.
Par la suite, les conseils municipaux se dérouleront sur la toile. Il serait même judicieux de supprimer l’opposition puisque la parole sera toujours donnée à la population par le truchement des claviers. La démocratie directe est en marche, celle qui évite soigneusement le débat pour se satisfaire de la surface des choses, des simples effets d’annonce et d’une image vernissée et factice. Ils se fichent superbement de nous avec une remarquable efficacité puisque nombreux sont ceux qui tombent dans un panneau qui n’est plus électoral.
Au moment de glisser votre bulletin dans l’urne, n’oubliez pas de tourner le dos à ces champions du message virtuel. La politique c’est l’art du concret, exactement le contraire de cette parodie de campagne à laquelle certains se livrent maladroitement. La chose publique mérite bien mieux que ces grimaces détestables qui bien souvent sont d’une incommensurable hypocrisie.
Concrètement leur.