Révolution dans le monde automobile

par C’est Nabum
vendredi 31 mai 2024

 

Le Lion est attendu au virage.

 

S'il demeurait encore quelque chose qui puisse se prévaloir de tourner rond dans cette société qui part en sucette, c'était le bon vieux volant automobile. À l'instar du macaron mais sans les poignées, il demeurait rond tandis qu'il entendait encore tenir la barre. Même si de ci de là des systèmes électroniques prétendaient prendre le contrôle de vos déplacements, il conservait la main avec sa forme circulaire afin sans doute de continuer durablement à nous permettre de faire un petit tour.

Cette fois, avec Peugeot, le volant prend un tournant, non point une courbe ou un virage dangereux, une épingle à cheveux ou encore un rond-point. Non rien de tout ça, le fond n'est pas à l'ordre du jour, c'est sa forme qui effectue un spectaculaire revirement. Le volant va se faire parallélépipédique avec quatre creux en son cœur pour ceux qui ont la bosse de l'électronique.

Un tour de vis dans la tradition, un changement de paradigme, le volant s'émancipe de la conduite assistée pour passer gaillardement à la mobilité encadrée. Malheur alors à qui prendra la diagonale du fou en se prenant les mains dans les angles droits tout en repoussant la force centrifuge dans sa grande longueur. Avec le volant rectangulaire, le rayon de braquage va devoir changer de nom, ce qui n'est pas sans importance.

Il est évident qu'il y a une certaine logique dans cette révolution qui tourne le dos au cercle ou au disque de stationnement. Depuis quelque temps, dans nombre de véhicules, il n'est plus nécessaire de tourner la clef de contact, alors on perçoit maintenant la volonté de couper court à tout ce qui tournait rond dans cet habitacle mobile.

Le volant rectangulaire n'est qu'une étape avant le manche à balai ou même le pilote automatique. Il suffirait d'arrondir les angles pour revenir en arrière ce qui n'est pas dans l'air du temps. Le nouveau volant simplifiera les calculs puisqu'il se passera de la constante π pour calculer son rayon de braquage ou bien d'action.

Pythagore a beau s'arracher les cheveux, le progrès est en marche. La batterie n'ayant plus rien à voir avec nos bonnes vieilles piles rondes, le cercle des initiés de l'automobile club de l'ouest va perdre le nord dans ce virage à quatre-vingt-dix degrés que devront prendre les accessoiristes et les sous-traitants.

Dans peu de temps, le volant deviendra une manette de jeu avec sans doute un écran à la place du pare-brise pour simuler une guerre ou une aventure exotique pendant que l'ordinateur de bord prendra le contrôle du déplacement et par la suite de vos cerveaux. Cette innovation est à ce titre un grand saut dans l'inconnu, le début de la spirale infernale.

Peut-on s'opposer à ce qui nous pend au nez ? Mettre les mains dans l'engrenage ou sur ce volant futuriste c'est renoncer à notre liberté d'action. Le rectangle renvoie à la cellule qu'elle soit carcérale ou de dégrisement au système concentrationnaire, à la privation de nos libertés de mouvement.

Adieu la bonne vieille aronde tandis que les automobiles n'allaient pas encore à la queue leu-leu, guidée par un immense organe central informatique pour piloter à notre place les flux de population. Le volant rectangulaire annonce un changement d’ère tandis qu'il sera plus aisé de calculer son aire que de mesurer notre liberté d'action. C'est par dépit que je découvre cette révolution qui cesse de prendre la figure la plus parfaite pour modèle géométrique qui jusqu'alors guidait nos rêves d'évasion.

C'est justement un pavé dans la mare que nous imposera Peugeot et à sa suite toute la clique des constructeurs. Le volant n'est plus de mise. Il devra se contenter de jouer au badminton pour continuer à prendre l'air en faisant un petit tour.


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