Se retrousser les manches

par C’est Nabum
jeudi 28 avril 2022

Signe des temps…

 

L'injonction est bien connue pour ceux qui un jour se trouvent au pied du mur ou face à une tâche qui s'annonce délicate. Sans rechigner, il convient alors de mettre la main à la patte et pour éviter de se tâcher, le courageux quidam se retrousse les manches. Le geste immédiatement perçu par ses voisins, atteste de sa farouche volonté de venir à bout de l'obstacle qui se dresse devant lui. Le plus souvent, celui qui se retrousse les manches entraîne l'adhésion des autres qui font de même pour que l'union des forces communes abatte la montagne qui se dresse devant eux.

En d'autres circonstances, ce même geste porte en lui une tout autre signification. Il y a de l'électricité dans l'air, deux protagonistes se font face. Petits coqs dressés sur leurs ergots, ils sont prêts à en venir aux mains. Comme ce sont malgré tout des gens bien élevés et qu'ils n'ont pas de gants de boxe pour croiser le fer, ils relèvent leurs manches, dénudent des biceps qui font leur unique fierté et se lancent dans un redoutable bras de fer. Celui qui mordra la poussière sera ridiculisé et pourra aller se rhabiller. Est-ce prémonitoire ? Je l'espère…

Le plus souvent, sans jouer les cabots ou les va-t'en guerre, ce geste somme toute assez banal, marque la volonté d'échapper à la hausse des températures en relevant sa chemise au niveau de l'articulation du bras, par-dessus le coude. Vous risquez alors les moqueries ; le mieux n'eut-il pas alors de choisir une chemise à manches courtes ? Certes, dans certains milieux, ces bras nus ne fait pas le meilleur effet. Il faut de la mesure en toute chose et les adeptes des manches retroussées le savent mieux que quiconque.

Les manches une fois retroussées, se pose inévitablement la question des mains. Que faire de ces dernières dans pareil cas. Les plus courageux les mains dans le cambouis ou à la pâte. Les premiers sont mécaniciens et parmi les autres, il en est qui souhaitent simplement nous mettre le nez dans la farine. C'est d'ailleurs pourquoi il convient de se montrer circonspect devant les hâbleurs, les beaux parleurs aux manches aussi courtes que leur sincérité.

Nous en avons un joli spécimen, un roitelet huppé qui en période électorale exclusivement, sent le vent du boulet peser sur son comportement par trop hautain, selon les mauvaises langues qui n'ont rien compris à sa bienveillante personnalité. Alors, sans hésiter une seconde, en dépit de la dignité de sa charge monarchique, l'homme se retrousse les manches pour paraître proche du peuple jugeant sans doute que le citoyen est assez stupide pour ne se fier qu'aux apparences.

Il faut ainsi admirer la prestance du jeune homme qui n'a pas hésité à pousser le bouchon plus loin encore en retroussant son pantalon lors d'un match de football avec le gratin de la profession. Nous devrions tirer des enseignements de cette pratique du pouvoir ou du moins de sa représentation et nous méfier d'un personnage adepte de la coupe claire, de la réduction de la voilure et de la mise à nu.

Ne fut-il pas pris une fois la main dans le sac en serrant dans ses bras un jeune garçon musculeux et torse nu. Ses conseillers en communication l'ont mis en garde de ne pas aller plus loin dans la mise en scène de son corps d'éphèbe. Il n'a pu cependant résister en montrant son poitrail sur le port de Marseille, il faut avouer qu'il avait là l'excuse d'une campagne qui sentait le brûlé.

Le peuple contrit, dépité, désolé d'être ainsi si mal représenté par ce pitoyable jeune premier, ne parvenant pas à lui rabaisser le caquet, pourrait pourtant faire œuvre salutaire en lui offrant prochainement une magnifique veste qui viendrait avantageusement couvrir ces manches retroussées qui font tant désordre. Si cela peut lui éviter de prendre froid, nous nous ferons un devoir de l'envoyer se rhabiller en lui offrant une magistrale déculottée ; nous ne sommes plus à un paradoxe près ! Tout ceci n'est du reste qu'une histoire de chiffons qui permettrait d'éteindre la bataille de chiffonniers qu'il entend éternellement mener avec sa camarade la fripière.

À contre-main.


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