Soyons sport !
par C’est Nabum
lundi 1er juin 2015
Applaudissons l'artiste.
Le gardien des valeurs, droit au but …
Rendons à Joseph Sepp Blatter ce qui lui revient de droit. Cet homme, au-dessus de tout soupçon, vient de nous donner une formidable leçon. En quelques enfumages il a fait la démonstration de la nature exacte de toutes les grandes institutions de cette planète ; il a mis au grand jour des pratiques qui ne sont nullement la spécificité du sport mais bien les fondements de toutes les structures qui comptent.
Ne cherchons pas la moindre trace de morale. Qu'importe la réalité, les faits dénoncés, les accusations, les zones d'ombre et les comportements douteux ; le pouvoir, quel qu'il soit, se passe très bien d'honorabilité, de transparence et de légalité. Quand on le détient, on dispose d'un réseau d'obligés qui sont tout disposés à fermer les yeux pour continuer de profiter des retombées mafieuses, des commissions discrètes, des voyages au frais de la princesse.
C'est le système mondial qui est de cette nature et non ce pauvre football qui aurait subi des dérives dues à son succès planétaire. Le supposé scandale dont on s'amuse à nous rebattre les oreilles n'est que le mécanisme commun de tout ce qui influence vraiment la vie des humains. Le sport, naturellement, est moins retors : il laisse davantage transpirer les dysfonctionnements. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard qu'un politique, pris la main dans le sac, peut se reconvertir dans une structure de ce type.
Fifa, CIO ne sont que les strapontins de la mafia internationale. Les plus doués évoluent à une tout autre échelle. Merci, monsieur Blatter, de nous avoir administré cette formidable leçon. La main dans le sac, vous réussissez malgré tout à être réélu car, mis à part les naïfs que nous sommes encore parfois, chacun sait que l'on fait ce qu'on veut d'un vote : il suffit d'y mettre le prix.
Le plus drôle dans cette mascarade ce sont les cris d'orfraie de ceux qui font semblant de découvrir les dessous du système. Ils s'étranglent d'indignation pour la galerie. Ils sont parfaitement au courant puisqu'eux aussi bénéficient des même lois immuables de la magouille instrumentalisée. On croirait entendre les battus de nos grands partis politiques découvrant la fraude de leurs rivaux. Les vainqueurs sont simplement les plus doués dans l'affaire …
Monsieur Blatter n'est que le petit frère de nos grands responsables. Il s'accroche au pouvoir comme la vérole sur le bas-clergé et comme tous ses homologues de toutes obédiences. Les règles du jeu sont faites pour atteindre ce formidable objectif. Le vote, dans bien des cas, n'est qu'un prétexte, une posture de façade.
Monsieur Blatter est allé droit au but. Il se fait le gardien des valeurs d'un système pas plus corrompu que tous les autres. Réveillons-nous et indignons-nous. Cessons d'être des supporters de ce système véreux, vérolé, obsolète. Tout pouvoir qui devient une rente de position, qui permet de se maintenir en place, de faire profession d'une délégation ou d'une représentation est nécessairement porteur des métastases de la Fifa.
La farce du football devrait provoquer un choc salutaire. Rien n'est différent dans la maison des Républicains ou dans celle des Socialistes, au CIO comme dans les fédérations sportives de base. Ils ne sont pas tous pourris : ils sont simplement adaptés au système qui est pourri. Ils se sont armés des qualités nécessaires pour survivre en eaux troubles, pour surnager dans le panier de crabes. Ce sont les fruits pourris de la sélection naturelle ; les honnêtes, les sincères, les loyaux, les naïfs disparaissent et laissent toujours place à des hommes comme monsieur Blatter.
Soyons sport cependant : l'artiste a fort bien joué. Il appartient à la grande confrérie des grands dirigeants de cette planète. Ils sont tous sur son modèle. Nous devons applaudir au spectacle et ne plus nous offusquer des tacles par derrière, des tirages de maillot ou des coups tordus. Dans ce monde, seul le résultat compte. Nous devons nous incliner. C'est du grand art !
Paradigmement sien.