Tant pis pour eux

par A. Poirot
lundi 21 février 2022

Je sais que vous m’avez compris et je vous en remercie. En effet, le fait même de présenter ma candidature à l’élection présidentielle de 2022 était une gageure, un pari qui allait sans doute me coûter un bras, voire plus. En effet, à l’instant où j’écris ces quelques mots, certains des candidats officiellement investis par leurs partis respectifs semblent vouloir douter de mon droit à représentativité. Sous prétexte d’un futur score aussi ridicule qu’aléatoire, ils s’ingénient à mettre ma bannière en berne. Pourtant, ceux de mes amis qui soutiennent mordicus le programme que je représente m’incitent à ne surtout pas jeter l’éponge au centre du ring.

Me voici donc assis au milieu d’un cruel dilemme. D’un côté, les loups affamés lorgnant sur les 25 millions de voix que je pourrais leur grignoter, de l’autre les besogneux jaloux des quelques dizaines de bulletins tombés dans mon escarcelle.

C’est pourquoi, en mon âme et conscience, convaincu que mon utile candidature ne permettra pas une véritable lumière sur les recettes miraculeuses de mon programme, dont, la distribution gratuite de biberons allégés au vaccin universel pour tous les nouveaux nés sur le sol français (un progrès si évident que même les candidats insignifiants tels que Macron, Mélenchon et Zemmour l’incorporent déjà dans leur programme préélectoral), j’ai décidé, au grand dam de mes plus fervents supporters, de retirer ma candidature. Cette décision fut prise à la suite du vote contre l’octroi d’un sac de billes universel à tous les enfants dès leur entrée à l’école primaire. En plus d’une élémentaire mise en œuvre, cette mesure, pareille à l’avénement des masques anti-Covid, mûrement réfléchie et budgétisée, permettait de relancer l’industrie liée à la fabrication des billes et autres boulets. Sans compter qu’au même titre que la pétanque ou le curling, cette pratique aurait eu la possibilité de postuler pour les prochains Jeux olympiques de Paris en 2024.

Chers compatriotes, ne prenez pas cette décision comme une dérobade. Il s’agit plutôt d’un choix mûrement réfléchi permettant, peut-être, l’avènement d’une nouvelle providence. Cela dit, afin de ne pas laisser mes amis orphelins de leur mentor je les invite à donner leur voix au philosophe et casseur de lois emmerdeuses, je cite Gaspard Kœnig, digne descendant d’un libéralisme débarrassé d’une bureaucratie paralysante. Simple. (C’est le nom de son mouvement)

Je dois également avouer que la fin d’une vie de famille, l’arrêt des apéros et barbecues avec les voisins a beaucoup pesé dans la balance du dilemme. Eh oui, je ne suis qu’un homme assoiffé de plaisirs primaires, pas un politicien vénal.

Aujourd’hui, mes meilleurs amis, orphelins incrédules, semblent se détourner de mes conseils avisés. Ils me reprochent de laisser la France aux mains d’Ali Baba et ses quarante sinistres. Certains embarquent sur une fragile goélette pilotée par une capitaine de vaisseau abonnée aux défaites opportunes. D’autres prennent la route derrière un bulldozer écrasant tout sur un passage enfantant la désolation. Cependant, quelques-uns, fidèles à mon enseignement revendiquent le scrutin uninominal majoritaire à un tour. Bravo ! Le seul fait de supprimer l’inutile deuxième tour représente une économie non négligeable par les temps d’une gabegie écrasant la future liberté d’un pays dépendant et pourrait préjuger d’un quinquennat plus novateur et économe.

En dépit de mon retrait de la compétition, je tente deux derniers cris : Vive la liberté ! Vive la France ! Et que le plus corrompu gagne.


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