Texte abscons
par C’est Nabum
vendredi 29 octobre 2021
Sans cette lettre-là.
Prenons le temps d'écarter une lettre, de gommer ce luxe qu'elle s'accorde de porter sur sa tête une marque souvent transformée en un cercle pour se montrer un peu plus. Sa consœur grecque la suppléera sans problème pour que nul ne porte son chapeau. Elle, voyelle sans envergure, trouve du réconfort en se collant à d'autres pour monter le son.
Gommons sa présence, elle provoquera la mort des verbes du second groupe, peu commodes à conjuguer. Elle donnera un coup fatal à la morgue des mâles, leurs pronoms sans elle, ne sont que des consonnes creuses. Son absence rendra caduque quelques complexes assemblages de propos, ce dont nous pouvons nous amuser.
Par contre, nombre des prénoms perdront leur achèvement. Les femmes devront se tourner vers ce « a » aux allures du sud que la mode a déjà placé au sommet. L'alphabet fera une cure, perdant alors cet élément grotesque.
Lutèce devra en rabattre ; déclassée, elle se verra détrônée par une bourgade en bord de Cé au passé également avantageux. Les dogues reprendront ce spectre scandaleusement volé par celle-là. Cenabum dans son succès, se parant d'un honneur tant espéré.
La lettre manquante, la lettre exclue, se jettera dans l'O majuscule de la nouvelle élue. Qu’un jaloux rappelle alors que la malheureuse apparut en 266 dans le déroulé de celle que sa présence dérangea, passe pour un méchant coup bas. Le passé se mesure qu'à l'aulne du présent. Les paroles s'envolent, les lettres restent de plomb malgré leur évanescence actuelle.
La Métropole au cœur, la bourgade sans cette lettre mettra son honneur sur la table pour conserver sa place en tête de gondole. Son bourgmestre comme les précédents du reste, en bons notables locaux, évacuèrent la félonne. Sans elle sur leur blase, c'est plus commode pour avancer la tête haute.
Pour nommer leur mandat par contre, elle manque cruellement. Elle se trouve souvent dans les honneurs, du monarque à ses valets, elle trouve sa place dans toute cette belle aventure des marques de noblesse. L'Empereur échappe à la règle, pensons à en affubler le nôtre, lequel porte fort convenablement la chose.
Quant à Freluquet, l'homme dans son Olympe se passe de la lettre comme des manants. Ce monarque absolu, cet envoyé du créateur sur terre, gouverne en despote pour quelques donateurs à la bonne fortune. Créée et non pas engendrée, sa grandeur dépasse nos pauvres compétences. Son futur combat l'opposera à un rusé renard que la presse a su mettre en travers de son parcours pour écarter les prétendants recevables.
Voyellement leur.