Tout ce que vous avez voulu savoir sur le remaniement sans vous faire taper sur les doigts

par C’est Nabum
mercredi 2 avril 2014

Remanier !

Ne vaut-il pas mieux passer la main ?

Ainsi donc, il a lieu le remaniement ; fameux, miraculeux ou pitoyable, c'est selon ses rêves, ses illusions ou ses détestations. Chacun voit midi à sa porte même si pour certains, la dernière heure a sonné. Les mots sont porteurs de sens et puisque que remaniement il y a, le préfixe « re » suppose la répétition, une réitération de la chose susnommée.

Il nous faut donc d'abord examiner ce « Manier » préalable qui suppose que l'action avait déjà été entreprise avant qu'il ne faille se résoudre à la reprendre. Le verbe vient du vieux français, il trouve son sens originel dans cette main que semble avoir perdu le « remanieur » du jour. Confier donc cette besogne à un manuel a bien plus de sens qu'il n'y paraît dans ce monde intellectuel douteux. Quoique, à y regarder de plus près, les synonymes qu'on nous propose ne cessent de m'intriguer.

Manier pourrait tout aussi bien se traduire à la nuance près par actionner, gouverner, conduire, régir, tripoter et triturer. Je frémis au plaisir qui doit être le vôtre en découvrant ainsi que celui qui gouverne, tripote et triture pour notre gouverne. Pas étonnant qu'avec des interprétations aussi proches, il ne soit pas aisé de garder les mains propres et la tête haute dans l'exercice périlleux du pouvoir.

Quant à l'action, hélas, elle ne fut pas à la hauteur de ce que nous espérions . S'il y en eut, c'est bien plus dans les coulisses avec une main chaude et cajoleuse. Je crains que notre bon président n'ait compris de ses obligations que l'impérieux tripotage auquel il se livre nuitamment après une petite promenade motocycliste. A force de ne demander la main de personne, il finira bien par en prendre une en pleine face !

Mais laissons-là ces considérations intimes pour revenir à notre verbe du jour. Il a fallu remanier, c'est à dire tripatouiller à nouveau la surface des choses, modifier l'apparence pour tromper le microcosme ou simplement l'occuper un peu. Du remaniement au reniement il n'y a qu'une petite nuance et il serait bien utile de lui demander de se livrer à l'exercice avec la main sur le cœur.

Remanier pour un artisan serait donc remettre son ouvrage sur le métier. Ainsi, notre bon président qui passe la main à un premier ministre jeune et ambitieux, espère que ce dernier aura la main qui file. La menotte dans un gant de velours pour une main de fer : la nouvelle version de ce jeu de mains et de dupes auquel se sont livrés nos duettistes dans les alcôves du palais.

Le printemps hélas, pour précoce et chaud qu'il soit, devrait nous rappeler à plus de prudence. Ce « remanier-là », cette seconde main confiée à un second couteau devenu tête de filature, n'a pas la main verte, c'est le moins que l'on puisse dire. La rose va faner et les jardiniers désertent le navire. On devine déjà une maigre récolte et l'usage de pesticides pour chasser les parasites.

Retournons aux synonymes de ce verbe second qui paradoxalement est porteur de plus de sens voisins que l'action initiale, comme si la réitération ou la redondance, multipliait les possibles ou les interprétations. Ce « remanier » pourrait devenir au gré de leurs envies : arranger, changer, corriger, modifier, refondre, renouveler, reprendre, retoucher, réviser, revoir, transformer. Le manuel a de quoi s'occuper  !

C'est parce que la correction a eu lieu que le changement a dû se faire. Je doute hélas que la donne en soit modifiée pour autant. Tout est à revoir, rien ne changera vraiment et les modifications à la marge ne font que nous exaspérer un peu plus. La grande transformation qu'en d'autres temps, le candidat nommait changement, n'aura jamais lieu. Tout est à reprendre à la base et c'est justement, elle, qu'on insulte en ignorant ses désirs !

Tiens donc, l'enquête à laquelle je me livre m'apporte des commentaires assez curieux. On écrit ici où là que le bon prince a été contraint de remanier alors qu'il n'y tenait pas franchement. On lui aurait donc forcé la main ? Mais qui donc ? Un coup de main qui s'apparente à un coup de force contre celui qui en manque singulièrement ! La chose est drôle …

Ce remaniement, en outre, est chargé de la promesse d'un resserrement de l'équipe. On va mettre à la porte les petites mains, ne garder que les gros bras. On peut deviner que le masculin, une fois encore, va se tailler la part du lion dans ce jeu de dupes. Il y aura donc un bras de fer dans les coulisses pour qu'un courant prenne la main, pardon, reprenne la main puisque remaniement il y a.

Curieusement tout cela me laisse un goût amer et une curieuse démangeaison au niveau du pied. Il y a en effet quelques coups de pieds qui se perdent à destination de ces nobles séants et il serait grand temps d'en profiter pour en donner un autre dans la fourmilière. En attendant, je regarde d'un œil distrait cette nouvelle donne. Les cartes sont battues et nos oreilles rebattues et, depuis bien trop longtemps, nous n'avons plus la main.

Manuellement sien.


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