Un bon Diable offert contre un Dieu bradé

par C’est Nabum
mercredi 8 janvier 2014

Si on peut rire de tout, ce n'est certes pas avec n'importe qui !

Le fond de l'air est malsain.

Cette fois, on ne peut plus s'y tromper, le fond de l'air est gravement empuanti dans notre belle démocratie. Un malaise sensible, des propos délirants, des réactions disproportionnées, des provocations incessantes et un concours de bassesses qui me sidère. Un prétendu humoriste lance une mode culinaire pour signifier sa haine, un ministre qui se rêve président, roule des gros bras en chemise blanche. Contraste saisissant entre le malotru grossier et vulgaire et la blanche colombe qui pourfend la bête immonde !

Que retenir de cette scène ahurissante ? Ce Dieu bradé de l'humour de caniveau qui n'avait jusqu'alors qu'une audience d'initié, se voit parachuté parangon de la lutte de la majorité silencieuse contre l'odieuse puissance des médias et des pouvoirs corrompus. Son succès va s'accroître, sa parole sera d'autant plus écoutée que ce gouvernement honni veut l'interdire. Bravo l'artiste, le coup est magistral et dame Marine se frotte les mains !

Le Diable s'offre à nous et, dans un élan parfaitement débile, tous les bons penseurs officiels se précipitent tête en avant dans le piège. Ceux-là même qui, en privé ou en coulisse, pour s'amuser, pour faire leur intéressant ou pour signifier ce qu'ils sont vraiment, pratiquent de temps à autre l'odieux signe d'une main ignominieuse, se fendent de communiqués outragés pour lutter contre la pandémie du moment.

Du coup, ceux qui ignoraient tout de la chose se lancent, à leur tour dans la danse macabre d'un signe manuel qui en rappelle bien d'autres. Qu'elle soit tendue ou bien repliée, un doigt pointé ou bien un pouce replié, la main passe mal à qui aime la concorde et la paix. Le jeu de main passe même dans le camp des intellectuels du ballon rond qui reprennent, au pied levé, le geste du mépris et de la haine, eux qui sont experts en ces domaines.

De simple épiphénomène des soubresauts d'un artiste médiocre en mal de notoriété, on passe à un phénomène de société où le bouffon devient prophète des temps à venir. C'est pitoyable, c'est plus que cela d'ailleurs, car le mouvement de fond qui ôte toute légitimité à une classe politique, incapable d'avoir prise sur l'économie et la crise, sur la morale et la société, sur l'éducation et la justice, va faire la part belle à une idéologie simpliste et nauséeuse.

Ce n'est à vrai dire qu'une étape supplémentaire de la dégradation inexorable d'un système politique qui n'a prise sur rien et qui s'évertue simplement à maintenir ses avantages. Le pouvoir n'a d'autre objet que de donner l'occasion à ceux qui l'exercent de profiter des privilèges de l'ancien régime avec une délectation qui creuse un peu plus chaque jour le fossé entre le pays réel et les grands commis de l'état.

Le Dieu bradé n'a plus qu'à ramasser la mise, agiter le bonnet rouge ou le drapeau brun. Il se goinfre du spectacle que donne un pouvoir impuissant, médiocre et veule. Si en plus, il devient la cible à abattre, il passe immédiatement dans le rang des grandes icônes maudites, des martyrs de la juste cause, des prophètes qu'il faut faire taire. Tout ça pour un agitateur de remugles, un dérisoire bretteur de lisier, un insupportable boutefeu.

Puis, en regardant d'un peu plus près, on s'aperçoit que le bonhomme appartient à la même caste que les profiteurs qu'il pourfend. Condamné plusieurs fois à de lourdes amendes pour ses propos jugés délictueux, il échappe au paiement grâce à ses avocats, à des tours de passe-passe financier, à des combines douteuses ; à l'instar des petits copains qui ont eux aussi la main dans le bocal de confiture …

Arrêtons ce cirque, révoquons cette République et repensons un autre système où les lois seront moins nombreuses et toujours appliquées sans aucune exception ni dérogation. Changeons de mode de désignation des élus, supprimons la professionnalisation de la politique, refondons notre école et fichons la paix à ce pantin médiocre qui ne mérite nullement d'être mis en lumière.

Enfin, arrêtons vraiment de prétendre qu'une opinion, fût-elle abjecte, est un délit. Comment avoir l'outrecuidance de prétendre juger ce qui est dans la tête des gens ? L'expression publique de cette opinion peut être interdite, la nuance est de taille, à la condition qu'elle soit véritablement appliquée. Mais de grâce, ,chers politiciens, ne pensez plus avoir le pouvoir sur l'esprit, même sur ceux qui en manquent cruellement …. Je me doute que cette affirmation vous semble un détail. C'est pourtant avec de tels propos que vous vous aliénez chaque jour un nombre croissant de vos concitoyens, sommés de bien penser par des gens qui se conduisent parfois si mal !

Rien n'est simple, l'éducation serait naturellement la solution. Vous savez aussi bien que moi ce qu'est devenue notre école, pour bien des raisons qui ont servi vos desseins et votre idéologie libérale. L'émergence de la Bête n'est que le fruit de ce noir sabordage de l'intelligence. Que celui qui aujourd'hui, symbolise le fléau que vous avez initié, porte dans son patronyme le nom de Dieu est un incroyable pied de nez de l'histoire ! Étrangement, dans le même temps, un Pape, enfin, tient à lui seul, le discours de vérité sur l'immoralité et l'impiété scandaleuses du système que vous défendez. Réveillez-vous avant qu'il ne soit trop tard !

Agacement vôtre.


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