Voeux

par Donald Mitsiky
mardi 3 janvier 2023

L’excellent bricoleur orfèvre Manuel a préparé ses outils pour l’année qui s’annonce difficile (pas pour lui bien sûr). Les outils en question équiperont la police afin de mater les futures manifestations dites populaires. Quelques éborgnés de plus ou de moins ne pourront pas entraver la marche du destin d’un pays. On sait fabriquer les masques anti virus, on saura mettre au point les bandeaux nécessaires à cacher ces nouveaux capitaines crochets.

Quant à l’orfèvrerie ses portes resteront ouvertes pour tous les nantis bienfaiteurs du contenu de leurs escarcelles.

Sans être un observateur autorisé, je constate que notre pays bascule doucement, mais sûrement dans la médiocrité ajoutée à une dérive de plus en plus contraignante et autoritaire. En effet l’outil forceps nommé 49.3 est aujourd’hui bien amorti, les accouchements avant terme, bien orchestrés et bornés par notre Première ministre si avenante et réjouissante, se multiplient.

La bride qui tient le peuple rétif rétrécit au rythme de l’augmentation du prix des denrées, de l’énergie et des services. J’ai même dû restreindre la longueur de mon pull en laine ; qu’elle soit Mohair ou Liberty elle ne parvient plus à me protéger des frimas, pourtant modérés, de l’hiver.

À l’heure où le troupeau tire le diable par la queue certains, sans doute plus cow-boys que bergers, se pavanent dans leur soie et leur cachemire sur leurs tas de fumiers exhalant une bonne odeur de caviar. Ceux-là, philanthropes de façades, sont aussi de remarquables bricoleurs, détourneurs, amasseurs, fabricants de mirages et d’attrape-rêves.

En cette période de nouvelle année, les vœux vont à la paix et les armes à la guerre. Bien évidemment ce sont les mêmes sourires et les mêmes convictions qui les fabriquent, les vendent ou les balancent. Peace and love disaient les hippies des années 60, à présent ce sont eux et leurs semblables qui font la guerre.

Écoutez les belles paroles, entendez le bruit des ballons qui font trembler les filets, ils couvrent largement le bruit des balles et des canons et les cris des victimes.

La prospérité tant espérée par ses sujets fait sourire l’apothéose de notre bon roi bricoleur et de ses lambins indigents.

 

Que de fiel, me susurre mon voisin ! Toujours plus facile de critiquer que de réaliser, me dit-il.

Pourtant, à mon avis, la critique, même non constructive est largement moins destructrice, moins onéreuse, moins funeste, que nombre de décisions réfléchies par des cerveaux formatés pour le seul profit.


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