Le cycle de l’eau

par C’est Nabum
jeudi 4 mai 2023

 

L'antisèche.

 

Depuis le temps que mon professeur me bassine avec le cycle de l'eau, j'ai voulu en savoir plus d'autant que nous aurions droit prochainement à un contrôle, une analyse surprise pour mieux évaluer nos connaissances sur le sujet. Par analogie sans doute, j'ouvris spontanément une encyclopédie, l'ouvrage de référence qui devait en connaître un rayon sur le sujet.

J'espérais pouvoir y pomper de quoi remplir quelques antisèches, procédé certes peu honorable mais qui coule de source pour un cancre de mon espèce. Hélas, l'ouvrage n'avait pas été mis à jour, il ne bénéficiait pas des toutes dernières données relatives à ce sujet. Il me fallait aller puiser l'information au plus profond de la vague.

Bénéficiant d'un ordinateur dernier cri à cristaux liquides, je me croyais au sommet de la technologie. J'avais bon espoir de recueillir ce qui se faisait de mieux en matière de recherches récentes. Je me pensais sous la goulotte, n'ayant plus qu'à accumuler une somme considérable de savoirs, en faire des réserves pour irriguer mon devoir de données sérieuses.

Je comptais bien un peu aussi sur ma mémoire quand je vis, de manière inopinée que celle de l'eau était un sujet à controverse. Il fallait avancer prudemment au risque de me noyer dans un verre d'eau en voulant noyer le poisson. Il était préférable que je me couvre avec des fiches qui me serviraient le cas échéant, comme une bouteille à la mer.

Mais comment dissimuler mes anti-sèches durant le contrôle. Les astuces ne manquent pas même s'il me fallait une fois encore creuser le problème, trouver des combines. Les cacher dans mes pompes eut été prendre le risque de laisser fuiter l'information. Utiliser un réseau souterrain de transmission des sources eut nécessité des complicités dans la place.

Je ne voyais que la possibilité de les glisser sous la nappe et de les y extraire au coup par coup. Le procédé risquait fort de provoquer des remous, d'autant que nombre de mes camarades étaient opposés à l'extraction de la nappe à usage personnel. Autre sujet d'inquiétude, les surveillants entendaient faire barrage d'autant que l’épreuve validait une éventuelle sélection à Centrale.

Je me creusais la tête, à la recherche de nouvelles sources, de réserves potentielles pour remplir toutes les conditions pour irriguer mon devoir de connaissances sur le sujet. Je n'attendais ne voir aucun nuage au-dessus de ma tête, j'étais fin prêt à traiter en profondeur un sujet qui ne supportait pas une approche superficielle.

Soudain je découvris avec consternation que ce fameux cycle de l'eau n'avait strictement rien à voir avec le mouvement immuable des molécules de cet élément indispensable à l'existence sur notre Planète. Nous étions en cours d'aménagement du territoire, le véritable cycle de l'eau était passé dans le domaine privé et mercantile, nous n'avions pas à en savoir plus. Nous devions nous contenter de payer nos factures qui enflaient à mesure que se vidaient nos rivières.

Non le susdit cycle de l'eau qu'il fallait développer, la chose est suffisamment gonflée pour que je m'en amuse aujourd'hui, n'était rien d'autre que ce formidable projet touristique de la Loire à vélo. Le cycle devait permettre à la région Centre Val de Loire de se remettre en selle afin de continuer de faire la course en tête pour attirer les devises.

Un projet qui loin d'être bidon, permettait de passer au second plan ce fleuve de sable qui l'été ne voit plus couler la moindre goutte d'eau. La vie de château en somme loin des réservoirs d'eau qui sonnent le creux et des plages de tout repos.

À contre-feu.


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