Les doryphores ont la patate

par C’est Nabum
mardi 6 février 2024

 

Les coléoptères en hélicoptère.

 

Qu'il est bon d'être gouvernés par de jeunes gens, citadins indécrottables, pour qui le paysan n'a d'intérêt qu'à l'approche des élections. Ces charmants doryphores ??? de les caresser dans le sens du poil sans commettre l'erreur de prendre le pouls réel de toute la profession. Un interlocuteur leur suffit, surtout quand ce syndicat tient ses troupes aux subventions et aux répartitions des terres. « Qui s’affaire dans le sillage de la FNSEA creuse son sillon … ! » proverbe qui ne leurre que ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux.

Notre sémillant premier ministre insulte l'avenir et les générations futures en redonnant le droit d'empoissonner la terre, les animaux et insidieusement les gens pour satisfaire les gros bonnets de cette guilde qui ne mettent jamais les deux pieds dans le même sabot tout en ayant plusieurs œufs dans leur panier. En dire plus serait prendre le risque de dévoiler des collusions entre ces syndicalistes si peu représentatifs de la vie paysanne et les industries de l'empoissonnement.

L'essentiel est acquis, ce que réclament les gros fermiers a été généreusement accordé par un technocrate qui n'a jamais mis les pieds dans la bouse. Nous avons assisté là à une parodie de jacquerie puisque ce sont les barons et les gros propriétaires qui se sont arrangés avec le monarque et des valets. L'écologie est passée à la trappe comme toutes les promesses d'un Président plus soucieux de symboles que d'actions.

Devant la colère légitime d'une corporation, les doryphores en bons parasites qu'ils sont, ont ménagé la chèvre et le chou dans un savant mélange de promesses creuses, de déclarations hypocrites et de concessions absurdes le tout en s'arrangeant en sous-main pour que nombre des décisions soient lettre morte. Les tracteurs retournés à leur hangar, les lobbys viendront sonner le glas de cette pauvre jacquerie.

 

Seuls en définitive les industriels de la mort lente et du cancer sournois se frotteront les mains en graissant malgré tout quelques pattes. Il faut bien récompenser les serviteurs tandis que la grande distribution contournera allègrement les règles qui ne contraignent que ceux qui n'ont pas de services juridiques internationaux. Avec ce pouvoir et ce syndicat, une hirondelle ne fera jamais le printemps pas plus qu'une abeille ne fera son miel ; l'industrie phytosanitaire a là deux alliés de poids pour continuer son inexorable saccage.

Que ce soit le plus jeune premier ministre de notre histoire qui cautionne pareil crime contre l'environnement prouve ô combien les intérêts économiques pour les prédateurs et les doryphores sont supérieurs à toute considération environnementale et éthique. Il faut être un monstre pour agir de la sorte, un parasite qui s'engraisse au détriment de la nature. L'image du doryphore collant parfaitement à ce gouvernement de grands bourgeois urbains, incapables de la plus petite considération pour le peuple des gueux, des manants et des humbles.

J'englobe dans cette cohorte des méprisés les petits éleveurs, les maraîchers, les vignerons, les véritables paysans qui se sont fait une fois encore floués par les gros céréaliers, betteraviers et autres gros éleveurs en batterie qui n'ont que faire de la planète, de la santé et de la biodiversité. Ceux-là tiennent les rênes de ce syndicat quand ils ne sont pas inféodés aux pouvoirs en place. Une grande mafia de la destruction programmée des écosystèmes, de la qualité de vie et du monde rural.

Alors, au lieu de crier victoire, il conviendrait bien de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière, de cesser de faire confiance à ces gens et à cette Europe qui a des relations consanguines avec les grands groupes industriels dans un déni absolu de la démocratie. Quant à notre chantre local de la bonne bouffe et de la ruralité, après ses passages clownesques sur les chaînes d'information, il va manger son chapeau et soutenir les honteuses décisions qui ont mis un terme à la colère paysanne. Fermons le banc, rien ne changera et la misère, les horaires harassants, les prix indignes continueront d'être le lot des agriculteurs qui ne sont pas de la mafia qui dirige la farce.

Dessins de CHAUNU

 


Lire l'article complet, et les commentaires