Pourquoi Donald Trump imposera ses vues lors du sommet de l’OTAN du 24-25 juin et les quatre mousquetaires 3+1 s’exécuteront ?
par Hamed
samedi 31 mai 2025
Depuis la Conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est tenue du 14 au 16 février 2025, qui a vu se fracturer la relation transatlantique, rien ne va plus entre les États-Unis et l’Europe. Il faut se rappeler ce qu’écrivaient les médias sur cette conférence :
« Secoués, inquiets, révoltés parfois, les centaines de représentants de l’élite diplomatico-militaire européenne réunis à la Conférence de Munich sur la sécurité ont quitté la capitale bavaroise enneigée, dimanche 16 février, avec l’impression d’avoir vécu trois jours qui ont ébranlé le monde. Ou du moins leur monde, celui d’une relation transatlantique à toute épreuve, pilier du système international depuis la seconde guerre mondiale et qui, brutalement, paraît profondément fracturée. Le président finlandais, Alexander Stubb, a tenté de résumer ce sentiment par un clin d’œil à Lénine, auquel il a attribué cette phrase : « Il y a des décennies où il ne se passe rien, et il y a des semaines où des décennies se produisent. », écrit le journal Le Monde, le 17 février 2025.
Il est vrai qu’entre l’Europe et les États-Unis, l’histoire s’est accélérée depuis cette conférence, en ce lundi 10 février, « dans une atmosphère déjà électrique depuis l’investiture du président Donald Trump, le 20 janvier ; et surtout que le 12 février, « Washington tire une première salve avec l’appel à l'improviste du président américain Donald Trump à son homologue russe, Vladimir Poutine, et annoncé l'ouverture immédiate de négociations, prenant de court les alliés européens de l'Ukraine. »
Une négociation d’une paix juste et durable en Ukraine constitue une condition majeure de la sécurité transatlantique, pour les deux parties ; mais est-elle possible après plus de trois années de guerre et l’Ukraine soutenue par l’Occident se trouve dans une situation défensive difficile ? Et il n’y a pratiquement pas d’espoir pour faire reculer l’armée russe. À voir l’évolution des combats sur la ligne des fronts, le temps joue pour la Russie et, avec l’usure, la lassitude, l’échec, la situation est de plus en plus défavorable pour l’Ukraine et l’Occident.
Quant aux revendications russes sur la base des objectifs que Moscou met en avant depuis le début de la guerre, elles sont toujours les mêmes. En premier, l’acceptation d’un cessez-le-feu stipulant un retrait des troupes ukrainiennes des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia dans leurs limites administratives. Un accord exigera ensuite la reconnaissance des « nouvelles réalités territoriales », c’est-à-dire l’appartenance à la Fédération de Russie de la Crimée et de Sébastopol et des régions déjà annexées. Et la « démilitarisation » de l’Ukraine signifie sa renonciation à adhérer à l’OTAN, et l’acceptation d’un statut neutre, non aligné et non nucléaire, la « dénazification » et le respect des droits, des libertés et des « intérêts » des populations russophones d’Ukraine.
Et pourquoi Donald Trump, en cherchant à négocier directement avec Vladimir Poutine sur l’Ukraine, met en péril la sécurité européenne ? La volonté de Donald Trump de conclure un accord entre la Russie et l'Ukraine a pris de court les dirigeants européens ; il a alimenté les craintes d'un affaiblissement irrémédiable de leur sécurité.
Depuis les appels téléphoniques de Trump à Poutine suivis d’une avalanche de récriminations amères de la part des dirigeants de l'UE et des réunions sans discontinuer pour resserrer les rangs européens et réclamer la place du vieux continent dans le processus diplomatique.
Des délégations ont suivi en Arabie saoudite et en Turquie pour tenter de trouver des solutions en vue d’un cessez-le-feu et, cependant, malgré les tractations dans ces pays, la situation n’a pas évolué ; la guerre s’est même intensifiée. De plis, la Russie met une condition pour toutes négociations vers un cessez-le-feu : « s’attaquer aux « causes profondes de la crise » avec promesse officielle de les éliminer ». Ce que ni l’Ukraine ni les pays d’Europe n’acceptent parce que, en d’autres termes, c’est « octroyer la victoire » à la Russie. Quant aux États-Unis, malgré toutes les démarches pour mettre fin à la guerre, leur position n’est pas négative, mais reste floue ; ils poussent l’Ukraine à concéder des concessions, ce qui pour elle n’est pas acceptable.
Donc les tractations diplomatiques entre les parties Occident-Ukraine-Russie pour négocier, malgré la guerre, continuent, mais rien n’indique qu’il y aura une issue à la guerre en Ukraine. Enfin, il est prévu un sommet de l'OTAN, le 24 et 25 juin 2025, à La Haye (Pays-Bas) ; et le président ukrainien Vladimir Zelensky n’est pas invité ; des médias européens annoncent que c’est la présence du président américain à ce sommet de l’OTAN qui interdise la participation du président ukrainien à ce sommet qui, pourtant, ne celle de plaider pour qu’il en fasse partie ; surtout que l’ordre du jour est de discuter sur une approche consensuelle pour mettre fin à la guerre, et de ce qui ressortira sur l’avenir de l’Ukraine et sur les relations qui, avec la fin de la guerre, seront complètement nouvelles avec la Russie.
Il est évident que le président américain sera au centre des discussions au sommet de l’OTAN.
Quoiqu’a dénoncé le président américain le 28 mai : « Ce que Vladimir Poutine ne réalise pas, c’est que sans moi la Russie subirait beaucoup de très mauvaises choses, et je veux dire, TRÈS MAUVAISES. Il joue avec le feu ! », dans un message publié sur son réseau Truth Social.
Ou que, dans la foulée, reprenant les propos du président américain, l’ex-président russe Dimitri Medvedev et actuel numéro deux du conseil de sécurité, habitué des dérapages verbaux a répondu sur un ton menaçant, dont il est coutumier :
« Concernant les mots de Trump à propos de Poutine qui « joue avec le feu » et que des « choses vraiment mauvaises » vont arriver à la Russie. Je ne connais qu’une CHOSE VRAIMENT MAUVAISE — la troisième guerre mondiale. J’espère que Trump comprend cela ! », écrit le journal Le Monde, du 28 mai 2025.
Il est clair que les États-Unis et la Russie ne chercheront pas à ce que la guerre en Ukraine ne déborde et les touchent directement ; une guerre nucléaire n’est même pas à imaginer tant leur survie même est menacée. Donc ce n’est pas la guerre en Ukraine qui les opposera en « termes finaux », mais seulement en « termes d’influences stratégiques ».
Et, déjà une prise de position européenne. Selon le New York Times (NYT), le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte souhaite que le prochain sommet de l'alliance en juin soit « court et précis » ; la pensée de M. Rutte reflète la crainte des désaccords ouverts sur la question de l'Ukraine, notamment en raison de la position de Donald Trump. Ce qu’il faut dire, c’est que la réunion de l’OTAN sera particulièrement chaude, le 24 et 25 juin ; impossible d’éviter des désaccords entre Européens et Américains. Leurs positions étant diamétralement opposées.
Les dirigeants européens, surtout les 3+1, c-à-d Macron, Starmer, Merz + Zelensky, qui s’assimilent à « quatre mousquetaires » pensent pour eux, et sont complètement hors de la réalité du monde. Les États-Unis, par la voix de Trump, pensent aux intérêts strictement américains ; ils ne veulent pas être entraînés à la fin dans une guerre nucléaire qui pourrait devenir mondiale ; et tout laisse penser qu’elle ne sera pas mondiale pour la simple raison que ni Trump ne voudrait que Washington et son bureau Ovale disparaître, en quelques secondes, de même pour Poutine, le Kremlin et tout Moscou aussi en quelques secondes.
Mais une guerre nucléaire limitée entre les États-Unis et la Russie avec des objectifs militaires voire même des villes rasées sera comme si une « malédiction divine » se serait abattue sur eux. Et on comprend pourquoi M. Trump ne peut être d’accord avec les pays européens sur l’avenir de l’Ukraine.
Aussi, peut-on dire que, le 24 et le 25 juin à venir, Donald Trump imposera sa vision sans problèmes aux Européens qui auront beau à récriminer, mais savent que, sans les États-Unis, l’Europe, le Vieux Continent est réellement le Vieux Continent ; que, si les dirigeants européens ne cessent de cogiter, ils le font à l’ombre de la puissance américaine.
De même, les autorités ukrainiennes qui insistent sur l'adhésion du pays à l'OTAN, à laquelle s'oppose également le président américain, peuvent « rêver » ; et « rêver c’est permis ». On dit, dans le journal du New York Time, que « le rôle de l'Ukraine au sommet reste incertain, notamment en raison de l'attitude dédaigneuse de M. Trump envers Volodymyr Zelensky » ; et Trump est prévu qu’il participerait à la réunion au sommet de l’OTAN.
Non, il n’est pas incertain, et il n’y a pas d’attitude dédaigneuse de M. Trump ; il y a tout simplement la réalité du terrain des combats et surtout du statut des belligérants dont la Russie n’est rien de moins qu’une des deux plus grandes puissances nucléaires du monde. Et c’est soit dit, et laisse dire encore les États-Unis, mais tout dit a une limite. Et l’heure, aujourd’hui, est à une issue qui se rapproche de plus en plus ; qu’il est temps pour Donald Trump de mettre fin à cette aventure qui a assez duré.
D’autant plus que le représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU, Vassili Nebenzya, a averti que « les livraisons d'armes, les nouvelles sanctions et autres mesures ne changeront rien à la défaite militaire de l'Ukraine. Il l'a annoncé lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine.
Il dit que « Le choix appartient désormais à l'Ukraine : la paix résultant de négociations ou une défaite inévitable sur le champ de bataille avec des conditions différentes pour mettre fin au conflit », indique le communiqué. En vérité, le ton ferme du message du diplomate russe au Conseil de sécurité est adressé à Donald Trump. Et le président américain sait à quoi s’en tenir ; le message ne fait que confirmer la « suite » à laquelle est confronté seul Donald Trump et son administration.
En clair, pour Donald Trump, il n’y a qu’une issue et n’a pas de choix. C’est lui, l’Amérique ou ceux qui veulent entraîner l’Amérique à un désastre.
Medjdoub Hamed
Chercheur