Adieu, Syd !

par Elise Mark-Walter
jeudi 13 juillet 2006

Fulgurant météore. Comète flamboyante. Astéroïde. Trou noir. Trop vite.

La nouvelle est tombée hier. Syd Barrett nous a quittés un mauvais jour de juillet - le 11 juillet - dans un cortège de flamands roses. Et il fallait bien mille pincées d’oiseaux migrateurs, mille pincées de roses pour commémorer la beauté de ses chants espérés par des millions d’amoureux de la musique.

Syd Barrett a créé Pink Floyd en 1965, avec Waters, Wright et Mason, le plus grand groupe planant de tous les temps. Paradoxalement, il est moins connu que Waters et Gilmour.

C’est pourtant lui, le génie. Le compositeur et la plume.

Lui, le grand artisan du meilleur album de Pink Floyd, du plus créatif, The piper at the gates of dawn, qu’il a largement écrit et composé. Poète, musicien, malheureusement pour lui et nous de la veine des artistes maudits et fous. Antonin Artaud de la musique, il décline peu à peu dans la folie.

Rapidement écarté par le groupe pour être remplacé par David Gilmour, Syd s’est retranché dans la solitude clinique, mystérieuse et abyssale de l’autisme.

L’album best seller The Dark Side of the Moon ne sera pas son œuvre mais il a tellement marqué le groupe qui lui rendra hommage dans le titre signé Waters Shine on you crazy diamond ou encore I wish you were here...

Nous aussi, nous voudrions qu’il soit (encore) là. Continuant à créer des mélopées progressives, dans sa tête, pour lui-même, et que nous aurions voulu connaître.

Pink Floyd vivra sans lui, et vivra bien, entre SF mystique, tombée politique du mur et la satire douce de Money.

Mais Syd Barrett reste Syd Barrett. L’étoile qui est venue mourir à son zénith. Sa mort n’étant que la mort confirmée que sa folie avait déjà prononcée. Car, fou, Syd était mort au monde.

Pourtant les maisons de disque réussirent à arracher quelques perles au silence du génie. Barrett sort deux albums solos The Madcap Laughs et Barrett tandis qu’Opel sorti en 88 réunira plusieurs maquettes géniales.

Barrett fascinera de nombreux musiciens dont David Bowie, marqué par le single See Emily Play.

De Syd, il redevint le « banal » Roger Barrett qui se replia dans la maison de sa mère à Cambridge, en Angleterre. De longues heures contemplatives, quand il ne peignait pas.

Les plus grands artistes, ses plus grands fans, les médias du monde entier ont espéré qu’il se réveillerait de sa folie. Mais les traces sonores de cette césure entre raison et déraison nous magnétisent. La folie de Syd qui scande Rats, rats d’une voix écorchée, lancinante qui vous possède. Des morceaux acoustiques avec Syd à la guitare dans un chaos artiste. Un direct au cœur. Mais il est parti. Un vide.

Le diabète nous l’aura enlevé, l’aura enlevé à la musique. Syd est mort. La musique aussi, un peu. Comme un musique-cide depuis le départ de Syd.

Que brille sur toi, « Cide » sYdérant, l’éclat du diamant fou. Adieu.


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