Paris Hilton innocente, tellement innocente

par LM
vendredi 8 juin 2007

Ca ne pouvait pas durer : Paris Hilton n’aura passé que trois jours en prison. Sur avis médical, la sans culotte héritière a retrouvé la lumière du jour, les appareils photo et la douceur du foyer. Voici revenu le temps des rires et des chants.

C’est peut-être un coup de Sarkozy ! L’agité de l’Elysée, entre deux courses au G8 et quelques emplettes aux législatives, entre une libération de Farc et un entretien avec Jack Lang, a encore trouvé le moyen de faire parler de lui en libérant Paris Hilton. Il ne peut pas en être autrement, à deux jours du premier tour des législatives. Comme dirait Montebourg de Bresse, ça sent la manœuvre électoraliste !

Paris Hilton, rendez-vous compte : une jeune femme qui ne fait rien, mais devant tout le monde. Un rouge à lèvres qui parle, une paire de jambes qui sourit, une autre paire qui se montre sur Internet, quelques galipettes dans une ferme avec sa grande amie Nicole Richie, et tout le reste du temps, pas grand-chose. Un peu d’ivrognerie par ci, un peu de libertinage par là. Une dose de porno dans un monde de dupes, qui n’ont d’objectifs que pour elle, des kilomètres de clichés insensés de cette reine du rien, impératrice des nuits creuses, animal à poil ras qui ne comprend pas tout ce qu’on lui dit mais qui sait se montrer d’accord, quand il le faut.

Paris Hilton. 26 ans au compteur, rien sur le CV, mais une condamnation à 45 jours de prison pour conduite sans permis et violation d’une mise à l’épreuve. Un tel personnage derrière des barreaux, ça ne pouvait a priori que s’imaginer dans le scénario sans dialogue d’un film hard à maigre budget, ou d’une comédie musicale de Bernard-Henri Lévy avec Arielle Dombasle. Dans la vraie vie, on ne pouvait décemment pas y croire. Et pourtant si. La starlette (qui n’est star de rien du tout en fait, ni actrice, ni chanteuse, ni romancière, ni animatrice télé, ni décoratrice, ni shampouineuse ni Bataille, ni Fontaine, rien) s’est effectivement en fin de semaine dernière retrouvée « en taule », comme on dit dans les séries policières françaises pour faire jeune. Au trou, au gnouf. On avait du mal à visualiser la scène. Quelque chose entre « Sous le soleil » et « Oz », mais plus « Sous le soleil », avec des couleurs pastel et des matons à l’accent catalan.

On n’y a pas cru, et on a eu raison : trois jours plus tard, la poule de luxe est déjà dehors, rendue à son home sweet home, à ses bijoux, ses fourrures, ses ongles et ses cheveux. Rendue à ses paparazzi, qui pendant trois jours, fait exceptionnel, n’ont pu prendre aucune photo de leur cible préférée. Des paparazzi en manque, qui vont pouvoir se défouler, même si la jeune femme n’a officiellement pas le droit de quitter son domicile pendant les quarante jours qui viennent. Sinon, c’est retour à la case prison ! On ne badine pas avec la justice, aux Etats-Unis, pays qui pratique (entre autres) la peine de mort. On ne badine pas avec la justice, mais on s’en amuse quand même, visiblement.

On s’en amuse en justifiant cette libération express en invoquant des « raisons de santé », alors même qu’une élémentaire décence aurait dû imposer qu’on ne justifiât pas ce cirque-là. Cette grotesquerie supplémentaire à verser au dossier Hilton. Qui n’est même pas à plaindre, dans l’affaire, tant elle est passée maîtresse dans l’art de ne surtout pas passer inaperçu, quel que soit le temps, le lieu, l’espace. Paris Hilton comble le vide comme personne : elle est le vide. Rien n’est plus creux que cette personne-là, mais elle n’est pas la seule, il y en a eu d’autres, comme Lolo Ferrari par exemple, ou la Ciccolina, ou la blonde à gros balcons de la "Roue de la fortune", des bimbos extrêmes, portées au pinacle par ce que les médias comptent d’ahuris et de bons à rien (on y revient).

Paris Hilton est bien dans son époque, de son époque : elle ne sait rien faire de précis, mais a de l’argent, beaucoup, et en gagne, beaucoup, juste pour apparaître, répondre à des questions ou se montrer. Elle est invitée, partout, et elle s’y rend. Elle est people, bien sûr, super people, mais elle fait aussi rêver beaucoup les jeunes filles, qui aimeraient bousiller trois voitures par mois en se garant devant chez elle, picoler jusqu’à ne plus se souvenir avec qui l’on couche, passer son temps à épuiser un héritage inépuisable.

Paris Hilton est au-dessus des lois, ou trop en dessous, pour que les lois y puissent quoi que ce soit. Elle n’y peut rien, elle est née comme ça. Elle est et restera ce maillon faible de la chaîne de l’évolution qui par sa seule présence donne soudain au footballeur moyen une aura de citoyen, au chanteur de rock un statut de légende, au présentateur télé une figure de maître à penser. Tout est grand à côté de Paris Hilton, trop irresponsable de tout pour être coupable de quoi que ce soit.


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