Quand Lady Di s’appelait… Patricia
par Fergus
mercredi 23 septembre 2009
Valéry Giscard d’Estaing, prenant ses désirs pour des réalités, laisse entendre dans son nouveau livre qu’il aurait eu avec une princesse britannique une relation amoureuse symbolisée par « ce glaive de l’amour absolu tournoyant dans un sifflement au-dessus de nos têtes ». Récidiviste du ridicule en écriture, Giscard a pris le soin de nommer l’héroïne Patricia, mais en dressant un portrait suffisamment évocateur pour que chacun puisse reconnaître Lady Di dans cette princesse improbable, amoureuse d’un Président aux allures de croque-mort. Giscard a pourtant raison sur un point : durant quelques heures, Lady Di s’est appelée… Patricia !
Il faut pour cela remonter 12 ans en arrière, le 30 août 1997. Ce jour-là, en fin de soirée, une Mercedes quitte à vive allure l’hôtel Ritz, aussitôt prise en chasse par des paparazzi. La puissante voiture, conduite par Henri Paul, transporte la Princesse de Galles, son compagnon Dodi Al-Fayed et un garde du corps, Trevor Rees-Jones. Quelques minutes plus tard, c’est le drame du tunnel de l’Alma : la Mercedes, pilotée par un chauffeur ivre (1,87 g d’alcool dans le sang) s’écrase contre un pilier. Diana, encore vivante, est extraite de la voiture. Transportée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, elle y décède peu avant 4 heures du matin le 31 août.
Le même jour à 9 h du matin, Huguette Amarger, à l’époque thanatopractrice chez Hygeco BJL, reçoit un appel téléphonique de son patron. Il lui demande de se tenir prête à intervenir. Après un deuxième appel, Melle Amarger, munie de son matériel professionnel, se rend à la salle mortuaire de la Pitié-Salpêtrière où elle est attendue pour embaumer une citoyenne britannique décédée que le personnel médical et elle-même ne doivent pas nommer autrement que… Patricia.
De nombreuses personnes sont là, parmi lesquelles Jacques Chirac (Lionel Jospin arrivera plus tard) et Keith Moss, n°2 de l’ambassade britannique, ainsi qu’un homme en pleurs : Paul Burrell, le majordome de la Princesse. Melle Amarger le charge de s’occuper des habits destinés à habiller la défunte. Le feu vert est enfin délivré à la thanatopractrice après que le gouvernement de Tony Blair et la famille royale d’Angleterre, en séjour à Balmoral, aient donné leur accord pour faire embaumer le corps. Melle Amarger, restée seule avec un assistant et deux femmes de la police, peut enfin s’occuper de… Patricia.
Quel était l’état exact du cadavre de… Patricia et quels types de soins Huguette Amarger a-t-elle prodigué* à la défunte ? Personne, hors les personnes habilitées, ne le saura avec exactitude, l’intervenante étant liée par le secret professionnel. Ce qui est sûr en revanche, c’est que Melle Amarger a parfaitement rempli sa mission, pourtant effectuée dans des conditions inhabituelles et stressantes. Clive Leverton, Royal funeral director, le confirmera en s’adressant aux jurés lors du procès de 2007 : « Diana paraissait en paix dans la mort, sans signe de blessure visible ».
Diana, et non Patricia. Cette éphémère Patricia à qui Valéry Giscard d’Estaing tente de redonner vie dans un roman de mauvais goût. Pourquoi Patricia ? Peut-être l’ex-Président a-t-il eu connaissance de l’usage qui a été fait de ce prénom dans un cadre mortuaire qui, reconnaissons-le, convient on ne peut mieux à sa dégaine de croque-mort de bande dessinée…